Réchauffement climatique : Au Maroc, on se battra pour l’eau

10 août 2007 - 01h53 - Maroc - Ecrit par : L.A

Le climat se réchauffe et les conséquences sur la planète risquent d’être désastreuses. On ne compte déjà plus les désordres tels que la rareté de l’eau, la diminution des précipitations, la baisse ou la hausse des températures annuelles... Et dans cet échiquier climatique déboussolé, le Maroc est loin d’être épargné.

Étant vulnérable aux changements climatiques, de par la faible diversité de sa production agricole, très dépendante des précipitations, le Royaume doit prendre au sérieux les menaces qui pèsent sur l’atmosphère.

« L’existence de changements climatiques d’origine anthropogénique (causés par l’être humain) est maintenant incontestable », confie Abdelatif Khattabi, professeur en climatologie. Dans son rapport sur « les changements climatiques au Maroc », le professeur insiste sur le fait que le pays n’a pas d’autre choix que de développer une stratégie combinant des changements structurels avec des options d’investissements (atténuation/adaptation). Ainsi que l’intégration des aspects de changements climatiques dans les politiques concernant le développement régional, local et les coopérations sectorielles. Et bien évidemment, l’eau, l’agriculture, le littoral, les zones côtières, les forêts et les zones humides sont les secteurs les plus vulnérables aux changements climatiques, ajoute-t-il.

Du même avis, Fatema Driouech, responsable au sein du service des études climatiques au CNRM (Centre national de la recherche météorologique), s’est également penchée sur la question. Dans son étude des indices de changement climatique sur le Maroc, surtout au niveau des températures et des précipitations, elle tire aussi la sonnette d’alarme.

Selon elle, les prévisions sont alarmantes : la terre se réchauffera entre 0,7 et 1°C dans les prochaines années, les précipitations diminueront de l’ordre de 7 à 1%, le manteau neigeux se rétrécira vers des altitudes plus élevées... Et l’on observera aussi un dérèglement du signal saisonnier des précipitations, une augmentation de la fréquence des orages de masse d’air convectif et une augmentation de la fréquence et de l’intensité de la sécheresse. L’auteur du rapport indique que la vulnérabilité du Royaume est d’autant plus accentuée par la rareté de la ressource en eau. Ceci est amplifié par le prolongement des périodes sèches, sachant que le territoire est à 93% aride ou semi-aride (davantage d’évaporation que de précipitation). D’autres problèmes amplifient le manque d’eau : l’augmentation de la population, la diminution de la diversité biologique, l’augmentation de l’érosion, la diminution des zones mobilisatrices de l’eau, la multiplication de forages individuels entraînant une surexploitation de la nappe phréatique.

L’évolution des indices thermiques confirme donc ce réchauffement observé. La tendance du climat marocain à l’assèchement est accompagnée d’un déficit des ressources hydriques par la réduction du contenu en eau du sol. Driouech a tenté, dans son étude, de mesurer les impacts de ces dérèglements climatiques sur une période de 45 ans.

Il en ressort ainsi que les jours de froid diminuent : près de 25 jours de froid se sont volatilisés. Aussi l’analyse de l’indice relatif aux vagues de froid montre des tendances à la baisse, soit - 11 jours en 45 ans (- 0,246 jour/an). La répétition des vagues de chaleur signifie une tendance à la hausse du même ordre.

Au niveau de la sécheresse, pas mieux. La tendance durant les saisons pluvieuses (septembre-avril) ne fait que croître. En 45 ans, l’allongement de la période maximale de sécheresse est d’environ 15 jours pour le Maroc. En hiver, les précipitations ne font que diminuer. Elles sont estimées à 23mm en 45 ans.

Les indices montrent également une tendance vers l’allongement des périodes de sécheresse et une augmentation de leur persistance temporelle. D’un autre côté, les températures révèlent des variations et des tendances significatives pour les nombres de jours frais et les vagues de froid. Les températures maximales descendent de moins en moins au-dessous de 15°C et les vagues de froid deviennent moins fréquentes. Au contraire, les vagues de chaleur ne cessent d’augmenter même si elles sont statistiquement non significatives.

Des indices plus que parlants et qui n’ont fait que s’aggraver au cours des douze dernières années, réputées être les plus chaudes.
Le Maroc demeure tout de même un pays pollueur même à moindre échelle. Même si la prise de conscience est réelle, les actions ne suivent pas. Pollution, gaspillage, manque de citoyenneté sont pourtant facilement remédiables avec des campagnes de sensibilisation, une meilleure éducation. Les énergies renouvelables, ce n’est pas non plus une mission impossible. Prenons conscience de l’urgence de la situation et arrêtons de polluer ! La pérennité de l’espèce humaine en dépend.

L’Economiste - Ahmed Belghiti

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