Des Marocains résidant à l’étranger (MRE) ont fortement contribué au succès du programme d’aide directe au logement. En témoigne le nombre de bénéficiaires.
J’ai fortuitement rencontré votre contribution sur le thème : Vieillissement et transferts des MRE : Y a-t-il péril dans la maison Maroc. Source : Bladi/06/07/2005 à 10h31/ l’économiste, Kamal Sebti Une problématique mal posée engendre un propos décalé. Avec votre permission, je voudrais y apporter quelques remarques et puis prolonger courtoisement l’échange autour de cette question abordée. Je ne suis pas un membre de la Fondation Hassan II mais un chercheur marocain établi en France et c’est à ce titre que j’ai pris part à ce séminaire que vous évoquiez.
Telle initiative qui, dès son annonce m’avait inspirée « un ouf enfin et merci ! » qui doit raisonner encore dans l’oreille de mon interlocuteur dont je tairais le nom par respect et parce qu’il n’est pour rien dans ma réaction à votre lecture. Telle occasion aussi que nous attendions depuis longtemps comme un geste singulier venu rompre avec cette détestable perception de l’immigré marocain, jusqu’alors habituelle et dont il ne ressortait le plus souvent rien d’autre qu’un propos dit et redit sur l’argent.
J’ai une triste nouvelle à vous annoncer à vous et à d’autres par la même occasion : bon nombre de nos concitoyens de l’immigration n’investiront pas un « rial marocain » ni au pays, ni en France, parce qu’ils n’ont pas assez d’argent et parfois ils n’ont juste que ce qu’il faut pour vivre ou même survivre et ce sont des marocains comme les autres.
1) Le titre avancé dans votre article : Vieillissement et transfert des MRE.... » est inexact. Celui sur la base duquel nous avons travaillé est « le 3ème âge immigré » au contenu beaucoup plus médico-social et gérontologique. C’est autre chose donc dont nous parlions : l’inactivité légale, la retraite, la mobilité résidentielle, la vieillesse et la vie de personnes âgées. Votre article aurait été d’une meilleure facture s’il s’était consacré par exemple aux questions des retraites, leur transfert régulier ou non, les lieux de leur liquidation ou même mieux encore leur poids éventuel.
Votre choix du titre et partant de votre seul propos n’a pas de sens, puisque le vieillissement est un processus biologique naturel et non pas une condition ou une catégorie sociale et son rapprochement de transferts ou de précarité est une imbécillité intellectuelle. De deux choses l’une : soit vous n’étiez pas présent lors de ce séminaire, soit vous vous longuement assoupi. Bref, les formules économiques ou autres à l’emporte pièces ne nous aident pas nous autres ni à sensibiliser, ni à enraciner d’autres aspects de la questions des immigrés marocains, puisque vous persistez tous à ne vouloir y lire que les aspects monétaires, ce qui est injuste.
2) Avec toute la bonne volonté, je n’ai rien compris à votre propos même dans son habillage économique très obligé à vos « théoriciens et autres analyses savantes de leur cru ». Je n’ai pas vu mes cousins de Beni Mskin, ni les autres d’ailleurs, pourtant ce sont des cas d’école qui peuvent formidablement inspirer les analystes anticipant les standards internationaux. Aucune théorie ou analyse scientifique dans quelque domaine que ce soit du reste, ne tient sa légitimité de ses seules intentions mais de sa mise en mouvement au contact de réalités disparates auxquelles elle prétend s’appliquer.
3) Et la cerise sur le gâteau est votre affirmation : « Le Maroc est un pays dont les autorités ont reconnu l’importance d’inciter les RME à garder le contact avec leur pays (sic) ». N’est-ce pas grotesque et injurieux de laisser entendre que nous avons besoin d’un effort externe incitateur pour maintenir le lien avec nos origines ? Vous faites maladroitement d’un processus fondamental dans toute construction identitaire un banal problème administratif. Vous ne savez pas alors, ni la force, ni la tyrannie des liens originels et plus encore dans la situation d’un déplacement, d’un exil ou dans la migration .
Conclusion : Je crois qu’il y a beaucoup plus péril en matière journalistique qu’ailleurs et finalement votre papier n’aura servi ni la cause gérontologique, ni la cause économique.
Omar Samaoli - Gérontologue
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