RME : "Moi, je vais au bled pendant l’été mais…"

11 août 2008 - 21h49 - Maroc - Ecrit par : L.A

Les quelque 3 millions de citoyens marocains résidant à l’étranger ont, à tout moment, le pays dans leurs cœurs et n’hésitent pas un instant quant à leur destination de vacances : le bled ! « Nous ne posons même pas la question concernant le lieu de nos vacances d’été, c’est l’appel du pays qui nous guide », affirme Noura, une Marocaine établie à Pantin, en banlieue parisienne.

Les attentes de nos RME sont, certainement, grandes pour passer des vacances agréables chez eux. Mais la question qui se pose : peuvent-ils prétendre à leurs rêves ? Leurs pouvoirs d’achat est-il en mesure de leur offrir la détente tant attendue ? Noura, une mère de 4 enfants, ne cache pas sa déception en abordant les manques d’infrastructures touristiques. Tout comme la plupart de ses compatriotes vivant à l’étranger, elle pense que « les endroits paisibles, propres, et à la portée affichent toujours complets. En effet, les hôtels de luxe et les sites touristiques sont toujours pleins à craquer. De même, les plages et les piscines sont envahies par les lève-tôt ». Pourtant, les responsables du tourisme ne lésinent pas sur les moyens, à longueur d’année, pour justement faire la promotion du secteur touristique et de la destination Maroc.

Cependant, malgré les efforts consentis par les pouvoirs publics, le constat est établi chez bon nombre de MRE : « Nos voisins du palier et d’autres touristes européens ont des avantages et des privilèges que nous n’avons pas en venant au Maroc », déplore Khalid, époux de Noura.

Hamid, un MRE, installé à Bologne en Italie, lui, emboîte le pas : « Pour les touristes italiens visitant le Royaume, qui passent deux à trois semaines de vacances dans un complexe touristique à Marrakech, Agadir ou Ouarzazate, dans le cadre d’un voyage organisé, leurs factures dépassent rarement les cinq mille dirhams. Un tout autre Marocain, MRE ou pas, dans les mêmes conditions et pour les mêmes services, aura à débourser au moins trois fois plus cher que le touriste étranger ». Malheureusement, cet état de faits est vérifié sur le terrain puisque la plupart des étrangers bénéficient de diverses offres des agences de voyages auxquelles les nationaux n’ont pas accès dans le cadre de la grande politique nationale encourageant le secteur touristique. Même les compagnies low-cost privilégient les clients européens. « Pour nous, c’est toujours complet ! », déclare Moha, un MRE de Bruxelles.

De leur côté, les professionnels du tourisme minimisent les critiques de nos compatriotes vivant à l’étranger. « Nos clients sont traités de la même façon, qu’ils soient nationaux ou étrangers », affirme Hassan, gérant d’une agence de voyages à Casablanca. Et d’ajouter : « Durant la période estivale, il est très difficile de satisfaire tous les vacanciers. Les clients sont très nombreux à solliciter nos services et souvent leur nombre est très supérieur à nos capacités d’accueil ». Néanmoins, Hassan ne cache pas l’amère réalité du quotidien de nos MRE chez eux : « Il y a quelques lacunes à remédier concernant le tourisme national ».

Noura et son mari Khalid ne réclament pour leur part que d’avoir des endroits d’accueil à leur portée. « Nous travaillons toute l’année pour pouvoir nous offrir de bonnes vacances en été ; ce n’est pas possible de dépenser toutes nos économies dans quatre semaines chez nous. En plus, les prix augmentent annuellement ». Les professionnelles du secteur rejettent toutes les responsabilités et renvoient plutôt la balle aux responsables politiques. « Ce problème dépasse nos prérogatives et compétences. C’est au gouvernement de trouver une solution à cette problématique », affirme ce voyagiste. Et pour justifier les différences des avantages entre MRE et touristes européens, un directeur d’une agence de voyages sur l’avenue des FAR affirme : « Si j’étais un MRE, je profiterais des offres ouvertes aux étrangers dans le cadre des voyages organisés. Rien ne les empêche d’en profiter ».

La famille d’abord !

Il est à rappeler que des milliers de MRE et de plus en plus d’Algériens résidant à l’étranger bénéficient des offres offertes par des tour-opérateurs installés à l’étranger. Une fois au Maroc, nos MRE sont installés dans des hôtels bien classés comme les touristes européens. Le programme touristique bien garni leur permet de découvrir des coins sympas. Bref, ils sont bien servis comme en Europe. La seule chose qui leur manque, c’est la famille nombreuse : les oncles et les tantes qui ont l’habitude de les attendre avec impatiente à ce moment de l’année. Pour Noura et Khalid, comme il est le cas de la plupart des MRE, « la famille c’est tout simplement quelque chose de sacré ». Les yeux de Khalid pétillent au moindre fait de parler des vieux, des oncles et tantes laissés au pays.

Noura ajoute : « Nous nous pouvons pas voyager nulle part sans toute la famille, nous nous préoccupons pas des prix, du moins qu’ils soient abordables ». Et d’ajouter : « C’est pour cette raison que nous revendiquons des nouvelles politiques : celles susceptibles de répondre à un tourisme à la marocaine : des familles nombreuses ». Khalid, qui est originaire de la région montagneuse de Tafraout, ne manque pas l’occasion de formuler des suggestions et souhaits. « Il faut installer des campings, construire des aires de jeux et de loisirs dans nos belles montagnes pour faire démarrer un tourisme rural dont notre pays a vraiment besoin », dit-il.

Source : Le Matin - Mohand Mellal

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