L’Espagne veut être un « acteur » du conflit au Sahara
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Le changement de position de l’Espagne sur le Sahara sonne certes la fin de la crise avec le Maroc, mais pas du conflit au Sahara, encore moins de la crise entre l’Algérie et le Maroc.
La question du Sahara a toujours préoccupé tous les gouvernements espagnols, de même qu’elle est restée une priorité pour le Maroc. Le discours formel de neutralité tenu par l’Espagne pendant 47 ans, n’a pas avantagé le Front Polisario, pas plus qu’elle n’a permis une relation fluide avec le Maroc qui a proposé depuis 2007 un plan d’autonomie du Sahara, auquel ont progressivement adhéré à partir de décembre 2020, plusieurs pays dont les États-Unis, l’Allemagne et la France.
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L’Espagne n’a donc fait que suivre l’exemple de ces pays en reconnaissant que ce plan d’autonomie est la solution « la plus sérieuse, crédible et réaliste » au conflit, analyse Real Instituto Elcano. Mais une telle décision, du point de vue de la géostratégie, semble plus profiter à l’Espagne qu’elle ne la dessert. Dans un premier temps, le président Pedro Sanchez cherche à tourner à son avantage la crise énergétique engendrée par l’invasion russe en Ukraine. Il veut faire de l’Espagne un centre névralgique de l’approvisionnement en gaz du reste de l’Europe, en s’appuyant sur sa forte capacité de regazéification et de stockage.
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Dans un second temps, cette décision permet à l’Espagne d’obtenir du Maroc la garantie d’une étroite collaboration dans la lutte contre le trafic de drogue et le terrorisme djihadiste, le contrôle des flux migratoires et la renonciation de ses revendications sur Ceuta, Melilla et les îles Canaries. Pendant ce temps, l’Algérie considère ce changement « brusque » de la position de l’Espagne comme une « nouvelle trahison des Sahraouis » tandis que le Polisario est convaincu qu’il ne change pas le statut juridique du Sahara qui reste un territoire « non autonome » au regard du droit international.
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Mais au-delà de ces considérations, la décision de l’Espagne soulève de nombreuses questions d’intérêt. De quelles garanties dispose l’Espagne pour s’assurer que le Maroc respecte ses engagements ? Les États-Unis vont-ils jouer le rôle de garant en dernier ressort ? Les Sahraouis, en conflit contre le Maroc au Sahara, vont-ils définitivement renoncer à leur rêve politique ? La crise entre Alger et Rabat va-t-elle s’arrêter là ? Autant de questions qui restent pour l’heure sans réponse.
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