Au Maroc, le secteur de l’immobilier sombre dans un immobilisme paralysant. Et, les défis à relever sont nombreux.
« Le Maroc dispose d’un potentiel en capital investissement particulièrement intéressant en raison de son ouverture économique interne et son intégration prometteuse, quoique non encore engagée, dans l’économie internationale ».
L’affirmation est de Jean Christophe Ginet, directeur de la stratégie et du développement à la Société Générale Asset Management (SGAM)(1). Le groupe joint d’ailleurs l’acte à la parole en mobilisant 70 à 80 millions d’euros (800 millions de DH environ) pour des participations majoritaires dans des entreprises marocaines. Et ce, dans le cadre de son programme d’investissement destiné au pays sud-méditerranéens, doté globalement de 150 à 200 millions d’euros. Selon Ginet, le Maroc offre un niveau de risque très réduit pour le capital investissement(2). Seuls 6% des fonds dédiés en 2000 se sont avérés défaillants à fin 2004.
« Les fonds de capital investissement disponibles au Maroc ne contribuent pas sensiblement à la mise à niveau des entreprises. Et ce, à cause des participations généralement minoritaires qui se limitent au volet financier et n’interviennent pas efficacement dans le management », estime Ginet.
Le groupe recommande donc aux investisseurs de mobiliser des fonds plus importants pour atteindre les seuils critiques de rentabilité. Ces fonds devraient être déployés sous forme de participation majoritaire permettant de payer le vendeur en cash et prendre de facto le contrôle sur la structure acquise. La participation majoritaire tend aussi à faciliter la sortie des fonds investis le cas échéant, en passant le relais à un autre acheteur intéressé par le contrôle de la structure.
« La participation majoritaire est un levier majeur de création de valeur et de croissance permettant de mettre en place des stratégies de développement différenciées et d’améliorer l’efficacité
opérationnelle de l’entreprise », note l’expert. Pour accompagner ce mouvement, l’économie marocaine devrait se doter d’entreprises champions dans les différents secteurs d’activité grâce à un recentrage des groupes familiaux sur leur métier de base.
L’approche régionale est également présente dans la vision de SGAM. « La rive sud de la Méditerranée devrait s’inscrire dans une logique de croissance homogène basée sur le libre-échange. Cet objectif est réalisable en raison des similitudes structurelles entre les économies de la région », explique Ginet.
Les performances de plusieurs indicateurs macroéconomiques viennent consacrer ce potentiel de capital investissement. Zouheir Chorfi, directeur du Trésor, en a exposé quelques-uns. Il s’agit principalement du maintien de l’inflation à des niveaux acceptables (1% en 2005), la bonne gestion de la dette publique malgré le gonflement des arriérés intérieurs.
Chorfi rappellera aussi le bon cru des avoirs extérieurs nets qui ont triplé passant de 50 à 150 milliards de DH entre 2000 et 2005. Il évoquera en outre la maîtrise du déficit budgétaire aux environs de 3% malgré les lourdes charges intervenues l’année dernière (DVD, arriérés de la CMR entre autres). Sans oublier l’autonomisation du budget par rapport aux recettes de la privatisation.
Le tissu économique reste toujours confronté à des fragilités qui lui imposent des défis de développement majeurs. Primo, la croissance qui progresse bon an mal an, mais demeure en deçà du niveau requis pour créer de la richesse. Secondo, le déficit commercial qui se creuse d’une année à l’autre à cause de la perte conséquente de parts de marché à l’export et l’alourdissement de la facture énergétique. Et Tercio, la pauvreté endémique accentuée par le chômage sévissant surtout parmi les populations diplômées.
Nouaim Sqalli - L’Economiste
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