Des messages sur Facebook les envoient en prison
Deux individus dont un influent homme d’affaires ont été placés en détention suite à une affaire de diffamation de personnalités publiques via les réseaux sociaux à Tétouan.
Parti pour porter plainte à la police contre Sofia Taloni, une femme transgenre, véritable star sur la toile, pour diffamation, Abdelatif, jeune étudiant en art dramatique, se retrouve poursuivi pour violation de l’état d’urgence sanitaire et outrage à agent de la force publique durant l’exercice de ses fonctions. Son procès s’ouvrira mardi 12 mai au tribunal de première instance de Sidi Kacem.
Tout est parti de la participation du jeune étudiant à un live avec l’influenceuse Sofia Taloni, début avril. Ce live s’est mué après en une dangereuse et pernicieuse campagne d’outing sur les réseaux sociaux. "Ce n’est pas la question de la communauté LGBT qui m’a poussé à prendre part à ce live. Je l’ai fait parce que Sofia Taloni a commencé à insulter ma ville natale, Sidi Kacem, et je tenais à réagir. Au cours du live, évidemment, elle a essayé de me dénigrer, car j’ai les cheveux bouclés… je n’y ai pas prêté plus attention que ça", raconte Abdelatif à TelQuel.
Un extrait du live sera repris sur YouTube et Facebook. "Si certains ont salué le fait que j’aie défendu la ville de Sidi Kacem, une page Facebook n’a pas lésiné sur les insultes à mon encontre. J’ai gentiment écrit à la page pour qu’ils suppriment leur post, pas de réponse. J’ai alors contacté un des administrateurs, et je me suis heurté à un refus et des insultes", poursuit-il.
Mardi 8 avril, il se rend au poste de police de la ville de Sidi Kacem. "Dès que je suis rentré dans le commissariat, une dame m’a dirigé vers un policier. Ce dernier m’a regardé de travers, car j’ai les cheveux en bataille, un piercing et un khelkhal (bracelet, NDLR). Il m’a dit : ‘Nous ne travaillons pas !’. J’ai insisté en expliquant que j’étais en danger et que seule la police pouvait rétablir cette injustice. C’est là qu’il m’a interrompu pour me demander si j’avais mon autorisation de sortie", relate Abdelatif.
"J’en avais évidemment une, sauf qu’elle n’était pas dûment remplie. Il a alors dit que ce n’était pas mon autorisation, puis il a commencé à écrire sur son ordinateur. Je croyais qu’il rédigeait ma plainte, mais en fait, non !", poursuit-il. Les choses s’accélèrent. Le jeune étudiant a été placé en garde à vue pour violation de l’état d’urgence et outrage à agent. Après une admission à deux reprises dans un hôpital en 48 heures de garde à vue, le procureur du roi a décidé de le poursuivre.
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