Strasbourg : une affiche municipale avec une femme voilée crée la polémique

À Strasbourg, la campagne de communication lancée par la mairie écologiste soulève de vives polémiques en raison d’une affiche représentant une sexagénaire portant un voile islamique.

Des huit portraits de seniors Strasbourgeois et Strasbourgeoises aux profils variés mis en avant dans le cadre de la campagne de communication lancée par la mairie EELV pour promouvoir ce qu’elle nomme le « bien-vieillir », la diversité générationnelle et culturelle de la ville, « la douceur de ville » ou pour montrer la ville comme accueillante et attentive à tous ses habitants âgés, quelles que soient leurs origines ou convictions religieuses, il y a une affiche qui passe mal. Il s’agit d’un panneau mettant en scène Nacera, 66 ans, une habitante coiffée d’un voile islamique. Sur la toile, cette image a suscité de vives réactions.

« Même si Nacera, 66 ans, est une femme très aimable, Il ne faut pas s’habituer à ces images. Le voilement obligatoire est une atteinte à la liberté d’expression des femmes et du féminin », a écrit sur X la chercheur du CNRS, Florence Bergeaud-Blackler, spécialiste de l’étude des frères musulmans, citant le prénom de la personne concernée écrit sur l’affiche et également cité par les élus de la ville à l’origine de la campagne. Une élue socialiste d’opposition, Anne-Pernelle Richardot déplore, elle, une « nouvelle campagne de la Maire EELV de Strasbourg (qui) s’inscrit dans une stratégie politique délibérée de la municipalité visant à créer une polarisation artificielle ».

Alice Cordier, directrice du collectif féministe identitaire Némésis, voit en cette affiche controversée « un symbole d’oppression et d’inégalité ». Emmanuelle Brisson, ancienne candidate LR aux législatives qui lorgne la présidence des Jeunes du parti, accuse la municipalité d’avoir financé « une propagande islamiste ». Pour l’influenceuse Charlotte Rocher, il est tout simplement « honteux » d’associer le voile à la « douceur » de vivre. Elle rappelle que dans certains pays comme l’Iran ou l’Afghanistan, ce vêtement est imposé de force.

Face à la polémique, l’exécutif municipal réagit à travers Syamak Agha Babaei, premier adjoint à la maire et vice-président de l’Eurométropole. Dans un long post sur Facebook, il s’étonne de la « polémique ». Il affirme que l’affiche « ne fait que mettre en lumière une campagne de valorisation de nos aîné·es ». « Certain·es s’en offusquent ? Moi, j’y vois Strasbourg : un sourire lumineux, une histoire de travail, de soin, de dévouement », poursuit l’élu en écriture inclusive. Il prend le soin de citer ces femmes « Nacera, Fatma-Zohra, Aïcha, Zahia » qui ont « gardé nos enfants, nettoyé nos écoles, accompagné nos aîné·es, souvent loin de leur pays d’origine, parfois sans les mots de notre langue, mais avec la force tranquille de celles qui tiennent la société debout ».

Pour le médecin urgentiste, « les afficher fièrement en ville, ce n’est pas “faire polémique”, c’est rendre justice. Strasbourg est leur ville autant que la nôtre. Ici, on honore les trajectoires discrètes, on célèbre celles et ceux qui ont fait de nous une communauté. À celles et ceux qui attisent la colère et divisent : nous opposons la reconnaissance et l’unité. »