Mounia et Alexandra étaient liées par une amitié assez intense. Elles avaient une relation de mère et fille et ne pouvaient se passer l’une de l’autre. Mais aujourd’hui, Alexandra, âgée de 31 ans, ne désire qu’une chose : que la quinquagénaire, celle qu’elle prenait pour sa maman de substitution, soit envoyée en prison ou expulsée au Maroc, rapporte 20minutes.
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Pourtant, les deux femmes s’entendaient bien et s’adonnaient à la prostitution . De l’aveu de Mounia, les enquêteurs ont compris qu’elles ne déclaraient pas les revenus qu’elles tiraient de cette activité alors qu’elles bénéficient aussi de l’aide sociale. Elles sont toutes les deux poursuivies pour escroquerie, obtention illicite de prestations d’une assurance sociale ou de l’aide sociale.
Mounia est accusée d’avoir encouragé et incité Alexandra à se prostituer. Même si la prostitution est licite en Suisse, l’encouragement à cette activité est sévèrement punie. En plus de cela, Mounia est accusée de proxénétisme. Elle aurait perçu de l’argent issu des passes d’Alexandra entre février 2012 et février 2017. Durant ces cinq ans, elle a pu amasser la coquette somme de 270 000 francs. « Une partie de cet argent était envoyée au Maroc via des agences de transferts de fonds », estime la procureure.
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La mère de famille risque gros pour avoir été condamnée une fois pour exercice illicite de la prostitution. Lundi dernier au tribunal de police de La Chaux-de-Fonds, Alexandra a révélé à la barre qu’elle était sous l’emprise de Mounia et qu’elle n’a fait que ce qui lui était ordonné. Elle a confié que la quinquagénaire la conduisait parfois chez certains clients. « J’étais sous son emprise. Je veux que justice soit faite pour que je puisse me reconstruire. Mon souhait est qu’elle finisse en prison », a déclaré Alexandra, en sanglots.
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« Jusqu’où pouvez-vous aller pour que ma cliente aille en prison ? » a taclé Me Brigitte Lembwadio Kanyama. Pour la Marocaine, Alexandra joue la comédie à la perfection. « Elle habitait chez moi. Elle connaît mon passé pénal et s’en sert aujourd’hui pour me nuire, car elle sait que j’ai été condamnée avec sursis. Ce n’est pas trop tard pour qu’elle admette ses mensonges et me demande pardon. Elle ne peut même pas me regarder dans les yeux », a défendu la Marocaine.
« Comment vous déterminez-vous par rapport à une éventuelle expulsion de Suisse ? » a demandé la juge. « Ce serait insupportable. Je suis arrivée ici jeune. Mes enfants sont nés et vivent ici. Si vous m’enlevez d’ici, je meurs », a réagi la quinquagénaire. « Regrettez-vous ce que vous avez fait à ma cliente ? » a demandé Me Nathalie Schallenberger, l’avocate de la plaignante. « Je ne peux pas regretter ce que je n’ai pas fait », a-t-elle déclaré.
Le verdict est attendu prochainement. Mounia espère qu’on lui donnera la chance de rester en Suisse, auprès de ses enfants.