Tanger abrite des journées de dialogue euro-marocain

Le détroit de Gibraltar, dans ses multiples dimensions", sera l’objet d’un colloque international qui sera organisé à Tanger en fin de semaine.

Les « dimensions géopolitiques et géoéconomiques du Détroit de Gibraltar », comme l’indique l’intitulé du colloque, seront analysées par des spécialistes et universitaires du Maroc et d’Espagne.

Outre les diplomates, Abdelmalek Cherkaoui, ancien ambassadeur du Maroc au Brésil et José Remacha Tejeda actuel consul général d’Espagne à Berne et ancien locataire du Consulat général d’Espagne à Tanger, une pléiade de professeurs des universités du Maroc et d’Espagne, celles notamment de Grenade, Jaén, Séville, et Cadix ainsi que celles de Tétouan, Rabat et Casablanca, débattront le long des deux journées de cette première rencontre, sur la situation géopolitique complexe du Détroit.

C’est que cette zone, soutiennent les organisateurs, « présente des enjeux tant pour les puissances les plus éloignées que pour les acteurs régionaux. Elle attribue au Maroc et à l’Espagne une valeur stratégique de premier plan, constamment mise en valeur par les discours géostratégiques des deux pays ».

Ce qui génère une dynamique délicate dans la région qui sous-tend, affirme-t-on, un « affrontement géopolitique » sur trois fronts : la migration clandestine, organisée par des réseaux mafieux transnationaux, la présence espagnole à Sebta et à Mellilia et les îlots qui constituent un facteur de blocage de toute entente durable entre les deux pays, et en troisième lieu, la question de la délimitation des frontières maritimes qui reste tributaire de la persistance des enclaves espagnoles au Maroc.

Toutefois, cette situation complexe peut être atténuée par le renforcement de la coopération décentralisée entre le Nord du Maroc et le Sud de l’Espagne. Ces deux régions sont, par ailleurs, appelées à inscrire leurs relations institutionnelles, économiques et humaines dans une « perspective transnationale pour garantir sinon la complémentarité de leurs économies, du moins la construction d’une communauté d’intérêt, d’autant plus que les soutiens et les projets d’intérêt commun ne manquent pas ».

Aussi, les interventions prévues pour ses deux journées aborderont-elles des problématiques différentes mais complémentaires. Il s’agit notamment des impacts que peuvent exercer les mutations internationales sur les fonctions du Détroit, les enjeux sécuritaires de la zone, les modèles de coopération à mettre en place pour construire un espace transnational entre les deux rives ainsi que la situation environnementale de la zone marine du Détroit.

En somme, le colloque qui réunit une trentaine de participants dont diplomates de carrière et professeurs universitaires dont 13 espagnols, se donne pour objectif d’analyser les nouveaux défis mondiaux auxquels s’est confrontée la zone, les enjeux de sécurité dans le Détroit, les passerelles de partenariat transrégional et le droit de la mer et la protection du milieu marin dans la région.

Par ailleurs, la partie espagnole coorganisatrice de ces deux journées de réflexion fait part de son intention de faire de cette rencontre un rendez-vous annuel pour débattre des rapports de différentes formes entre les deux rives du Détroit.

L’organisation de ces premières journées de réflexion sur le Détroit, qui auront lieu jeudi et vendredi 25 et 26 novembre à la Faculté de droit de Tanger, est une initiative du politologue et directeur de la revue académique REPSI, Rachid El Houdaïgui, en partenariat avec des institutions marocaines et espagnoles, notamment la Faculté de droit de Tanger, l’Université de Cadix, la municipalité d’Algésiras, la CCIS de Tanger et la « Aula Universitaria del Estrecho ».

Tahar Abou El Farah - Libération