Le Maroc envisage de mener prochainement une étude sur le développement de ses aéroports à l’horizon 2045. Un appel d’offres international a été récemment lancé à cet effet.
Bonne nouvelle pour le tourisme national. Beaucoup moins bonne par contre pour les Marocains résidents à l’étranger (MRE) et les touristes internes.
La quasi-majorité des hôtels classés affiche complet pour cette saison estivale (juillet/août). Aucune capacité hôtelière ou presque n’est disponible, du moins dans les principales villes touristiques. Marrakech et Agadir arrivent en tête des réservations. « Presque toutes les capacités litières ont été déjà commercialisées à l’étranger, affirme un opérateur. Seuls les établissements qui n’ont pas procédé à des rénovations ou qui ne figurent pas sur la liste des hôtels classés auront des disponibilités ».
Déjà pour avril 2006, le taux d’occupation des chambres au niveau national atteignait les 60% avec des pics respectifs de 61 et 68% pour Agadir et Marrakech. Casablanca et Rabat ont elles aussi réalisé de bonnes performances puisque le taux d’occupation moyen a avoisiné les 54%. Toujours en avril, les statistiques du ministère du Tourisme font état d’une augmentation du tourisme interne de l’ordre de 10% en termes de nuitées.
A l’Office national marocain du tourisme (ONMT), l’information est confirmée. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle aucune campagne promotionnelle ne serait programmée pour les MRE cet été. « Il n’y a plus de disponibilité hôtelière donc plus aucune possibilité pour discuter avec les opérateurs et reconduire l’opération promotionnelle des deux dernières années », indique Abbas Azzouzi, directeur général de l’Office. Ces deux dernières années, l’Office avait en effet lancé en été une campagne destinée à offrir des prix promotionnels aux MRE. Considérés comme des touristes, et comptabilisés en tant que tels (ils représentent plus de la moitié des arrivées), les MRE devaient, selon les promoteurs touristiques nationaux, bénéficier aussi d’actions spécifiques. Surtout qu’il s’agit d’une clientèle solvable. Et les campagnes, même si elles intervenaient tardivement- les deux précédentes campagnes n’avaient été lancées qu’en juin- étaient qualifiées « de premier pas vers une véritable stratégie de promotion touristique à l’égard des MRE ». Ces initiatives promotionnelles n’auront pas duré plus de deux ans.
Les responsables n’auraient-ils pas dû programmer les actions promotionnelles avant que les hôtels n’affichent « complet » ?. « Il s’agit de business, explique un spécialiste du voyage, le premier inscrit est le premier servi, c’est juste une question de timing ».
Pour nombre d’intervenants, le « problème est sérieux ». « Depuis les années 1980, le Maroc est confronté à un problème de capacité litière », rappelle Mohamed Benamour, PDG de KTI. Il faut donc accélérer la construction des structures d’accueil. Et surtout faire en sorte, une fois pour toutes, que le touriste interne ne soit pas le dernier à être satisfait. « En fin de compte, ceux qui avançaient qu’on ne s’intéresse aux touristes nationaux qu’en cas de crise internationale, ont raison », fait remarquer un opérateur.
Avec les MRE, les touristes internes sont à nouveau les laissés-pour-compte de la stratégie touristique. Le manque de disponibilité devrait les toucher de plein fouet cet été. Le tourisme interne a représenté, la saison estivale précédente, près de 24% du tourisme global. Même la stratégie de promotion du tourisme interne, qui a connu une première phase de sélection des opérateurs, sera reportée. Les négociations sur les prix et les modalités de mise en œuvre, qui devaient s’achever en avril dernier, n’ont toujours pas abouti. C’est du moins ce qu’avance le ministère du Tourisme. Aucune autre information ne filtre à ce sujet. Des opérateurs sont pour leur part plus diserts et n’écartent pas l’annulation de la stratégie. « On ne dispose pas de capacités litières suffisantes, comment peut-on envisager de mettre en place des packages avec une politique d’accompagnement marketing ? », s’interroge un des trois TO sélectionnés.
De toute façon, c’est un décalage entre la volonté nationale et la réalité du terrain qui est observé. « Dès que l’international marche, le tourisme interne est marginalisé », observe un hôtelier. « Les opérations Kounouz Biladi n’ont pas atteint les résultats escomptés, confie Otman Alami, directeur général de Atlas Voyages ». Les chiffres des dernières opérations (avril 2006) ne sont toujours pas disponibles. Alami fait d’ailleurs remarquer que très peu d’hôtels de Marrakech figuraient sur la liste des établissements à proposer des promotions, « pour cause de surbooking ». Si les campagnes sont annulées, à quoi devraient être affectés les budgets prévus à cet effet ?
Amale Daoud - L’économiste
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