Trafic de drogues : une juge espagnole s’en prend au Maroc

L’absence de collaboration du Maroc avec l’Espagne a contribué à accentuer le trafic de drogue dans le détroit, a récemment déploré la présidente de la septième chambre du tribunal de Cadix, Nieves Marina.

« Le Maroc ne collabore pas à la lutte contre le trafic de drogue. La coopération est nulle, elle n’existe pas », a dénoncé le magistrat, reprochant aux autorités marocaines de ne pas faciliter l’extradition des trafiquants de drogue réfugiés dans le royaume. « Le Maroc est l’unique producteur de haschich » et le trafic de cette drogue génère d’importantes ressources qui profitent à de nombreux secteurs, a expliqué Nieves Marina dans un entretien à l’agence de presse Europa Sur.

La juge avoue avoir été « abasourdie » par la décision du ministre de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, de dissoudre le groupe d’élite OCON de la Guardia civil qui luttait le trafic de drogue dans la région de Campo de Gibraltar. Elle demande aux autorités espagnoles de mettre davantage de ressources à la disposition de la Garde civile afin de lutter efficacement contre le trafic de drogue et d’éviter des tragédies comme l’assassinat de deux gardes civils écrasés par un bateau de drogue à Barbate.

« Ce qui s’est passé à Barbate est très clair : les deux gardes civils décédés n’étaient pas correctement équipés », dénonce la juge au tribunal de Cadix, insistant sur le renforcement des capacités de l’Institut armé pour affronter les trafiquants de drogue qui deviennent de plus en plus violents dans la région. « Ce qui m’inquiète le plus, c’est l’entrée de drogue dans le port d’Algésiras où des milliers de conteneurs et de camions entrent chaque année et nous ne pouvons pas tous les inspecter, car cela paralyserait l’activité sur les quais ».

Nieves Marina rappelle que récemment, un camion venant du Maroc avec 25 000 tonnes de haschich, a été intercepté au port d’Algésiras. La juge précise que plusieurs saisies de cocaïne en provenance du Maroc ont été opérées dans les ports d’Algésiras, mais aussi de Barcelone et de Valence au cours des dix dernières années, soulignant qu’en plus du haschich, « Algésiras est devenu un port d’entrée pour la cocaïne ».