Au Maroc, des scènes des élèves déchirant leurs cahiers et livres pour annoncer la fin de l’année scolaire, se sont reproduites.
"C’est un cas exceptionnel, nous pouvons parler de première mondiale". Le professeur Chafferdine Ouazzani, chef du service de gynécologie-obstétrique de la maternité Souissi de Rabat, a présenté vendredi les résultats d’une opération hors du commun qui a permis d’extraire un foetus fossilisé de 46 ans de l’abdomen d’une femme de 75 ans.
Le foetus, à terme mais de sexe indéterminé, pèse 3,5 kilos et mesure 42 centimètres. L’opération d’extraction, qui a duré près de trois heures et a été intégralement filmée, a eu lieu à la maternité de Rabat le 16 juin dernier.
"Nous avons attendu près de quatre mois pour préserver l’équilibre psychologique de la mère. Après l’opération, elle a connu une légère dépression. Il lui a fallu faire le deuil de cet enfant qu’elle a porté en elle pendant près d’un demi-siècle", a expliqué le professeur Ouazzani lors d’une conférence de presse. "Maintenant, elle se dit contente, soulagée".
Révélée par le mensuel marocain "L’événement médical", cette incroyable histoire démontre "les prouesses et la capacité d’adaptation phénoménale du corps humain", a ajouté le médecin.
La mère septuagénaire, une paysanne analphabète originaire de Benslimane (80km au sud-est de Rabat) est venue consulter en juin, se plaignant de "douleurs abdominales et lombaires". Quand les médecins commencent à l’ausculter, ils découvrent immédiatement une masse suspecte au niveau de l’abdomen.
"Nous avons fait une échographie, qui n’était pas concluante, puis une radio. C’est là que nous avons découvert qu’elle portait un bébé", a précisé Ouazzani.
Interrogée, la vieille femme se souvient avoir voulu accoucher à Casablanca, l’année de l’indépendance du Maroc... en 1956 ! Elle a alors refusé l’accouchement par césarienne qui lui était proposé et est rentrée à son domicile. Mariée, puis veuve depuis 1998, elle a ensuite réalisé l’impossibilité pour elle d’avoir un autre enfant et a adopté une fille.
"Son bébé est très probablement mort après le terme (..) Ce cas dépasse tout ce que nous connaissions dans la littérature en matière de grossesse extra-utérine", a dit le gynécologue.
La grossesse abdominale connait une fréquence d’un cas pour 10.000 accouchements en Europe. Ce taux est légèrement supérieur dans les pays pauvres. Souvent accompagnée de malformations du nouveau-né, la grossesse abdominale, dite "lithopédion", atteint très exceptionnellement son terme. S’il n’est pas extrait, le foetus finit au bout de plusieurs années par s’envelopper dans une coque rigide de calcaire.
Le cas marocain n’a pas échappé à ce processus qui n’a eu aucune conséquence sur la santé de la mère : c’est une véritable poupée en ivoire que les chirurgiens ont extraite avant de la découper à la scie pour tenter d’en percer les mystères. Les reliefs d’organes, du cerveau et du squelette sont actuellement en cours d’analyses génétiques.
"Le foetus s’est momifié dans son cercueil de calcaire", a expliqué le professeur Ouazzani avant de conclure, philosophe : "si les médecins étaient intervenus à temps, ils auraient donné le jour à un enfant qui serait aujourd’hui de trois ans plus âgé que moi".
AP
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