Arrivés au printemps à Malemort-du-Comtat pour des travaux viticoles et de maraîchage, en CDD, pendant cinq ou six mois, dix-huit Marocains vivent « un enfer » depuis plusieurs mois. Ils n’ont reçu que quelques acomptes. Pas de salaire. Pire, ils vivent dans des conditions indignes dans une villa toujours en chantier, sans eau, ni gaz, ni électricité. En d’autres termes, pas de lumière, de chauffage, de douche, ni toilettes ni plaques électriques pour se préparer à manger. « Je souffre beaucoup. Nous avons froid, nous ne dormons plus », raconte à France Bleu Vaucluse Driss, 27 ans.
À lire : Une Marocaine victime d’esclavage moderne en France
Tous les 18 travailleurs agricoles marocains peuvent toutefois compter sur des bénévoles. Ceux-ci leur offrent gratuitement des couvertures, des vêtements chauds et de la nourriture. Ils ont aussi la possibilité de recharger leurs téléphones dans une coopérative agricole se trouvant en face de leur logement et de se voir offrir du café le matin. « C’est la honte », confie l’un de ces bénévoles. La préfecture de Vaucluse entend leur proposer un hébergement d’urgence temporaire, dans la mesure des places disponibles. « Les services de l’État examineront une éventuelle action en remboursement des sommes engagées pour cet hébergement auprès de l’employeur », explique-t-elle.
À lire : Accident à Huelva : la précarité des saisonnières marocaines dénoncée
L’affaire a été portée devant l’inspection du travail. Une enquête suit son cours. Lors d’une première audience, le tribunal des prud’hommes d’Avignon a enjoint leur employeur de les payer. « Je vais les payer, se justifie leur employeur, Michel Jean auprès du même média. Je n’ai jamais eu l’intention de ne pas les payer. Les bulletins de salaires sont prêts, j’attends les autres décisions de justice ». Selon les explications de l’agriculteur, le retard dans le paiement des salaires se justifie par le fait que les travailleurs marocains auraient réclamé davantage que ce qui était prévu.
À lire : Des Marocains réduits à l’esclavage à Rouen
Hervé Proksch, délégué syndical chez Force Ouvrière, en charge notamment du service juridique, représentant par ailleurs les Marocains aux prud’hommes évoque un « défaut de l’employeur sur le non versement des salaires » pour la plupart des travailleurs qui ont des contrats de travail. « Mais pour d’autres, il n’y a ni salaire ni contrat de travail. C’est donc du travail dissimulé », ajoute-t-il. La procureure de la République de Carpentras est également saisie de l’affaire, est-il par ailleurs précisé.