Kenza, une femme de ménage tortuée à Settat ?
Se disant exploitée, torturée et réduite à l’esclavage, Kenza, une femme de ménage âgée de 27 ans, de Sidi Hajjaj à Settat, a réussi à s’échapper des mains de ses « bourreaux »...
Alors qu’elle espérait une vie meilleure en quittant le Maroc pour la France, une Marocaine travaillant dans les vignes a été réduite à l’esclavage. Aidée par une association, huit autres victimes et elle ont porté plainte contre le patron d’une entreprise viticole.
La mésaventure d’une saisonnière marocaine. Suivant les conseils de son cousin qui lui a présenté un recruteur, elle arrive en France septembre 2022 pour travailler dans les vignes avec la promesse de toucher un salaire mensuel de 1 650 euros. Très vite, sa quête d’une vie meilleure se transforme en cauchemar. Elle vivait dans un baraquement de fortune, sur le site de la cave coopérative à Lamothe-Montravel, une commune de Dordogne limitrophe de la Gironde, contre un loyer de 150 euros par mois. Huit autres hommes, recrutés également comme travailleurs saisonniers, se retrouvent dans la même situation. Ils vivent dans un autre baraquement. Tous ces saisonniers partagent des douches et sanitaires en piteux état.
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Le travail de la Marocaine de 33 ans ne limite pas qu’aux vignes. « En plus du travail dans les vignes toute la journée dans le Libournais, le Saint-Emilionnais et à Monbazillac, je faisais le ménage dans la maison », raconte-t-elle à 20minutes. Après six mois de travail, elle ne reçoit qu’un seul salaire de 1 500 euros. Soutenue par un collectif de particuliers informé des faits, elle abandonne le travail en février. L’association de lutte contre les formes graves d’exploitation « Ruelle » lui apporte son soutien. La trentenaire porte alors plainte avec huit autres victimes. La suite ? Une procédure pour les neuf victimes de cette affaire a été ouverte pour traite d’êtres humains, auprès du parquet de Bergerac.
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L’employeur poursuivi pour traite n’est certainement pas pris de remords. Il a « expliqué à la trentenaire qu’elle devait s’estimer ‘chanceuse’ parce qu’elle n’avait pas versé de droit de passage pour venir travailler en France ». Une pratique assez courante. Des « prestataires agricoles véreux vendent des contrats agricoles à des travailleurs migrants d’origine marocaine, pour 12 000 à 15 000 euros, et les remercient rapidement après », explique Bénédicte Lavaud-Legendre, juriste, chercheure au CNRS et présidente de Ruelle.
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Il ressort par ailleurs des procédures judiciaires récentes que les personnes qui travaillent dans les vignes et ne sont pas rémunérées sont pour la plupart des Marocains et des Roumains. « Les Marocains ont un désir migratoire très fort, ils vendent souvent des terres pour partir et leur famille fait des sacrifices, détaille Bénédicte Lavaud-Legendre. Ce sont de jeunes hommes qui partent sans attaches familiales, sans enfant et qui peuvent avoir un métier dans leur pays d’origine, mais ils préfèrent le quitter pour aspirer à une vie meilleure en Europe. Les Roumains sont eux bien souvent des personnes en errance qui n’ont pas de domicile en Roumanie. »
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