Le parquet de Valence spécialisé dans les délits de haine a requis trois ans de détention contre un homme accusé de diffusion d’informations mensongères sur les réseaux sociaux ciblant les musulmans, notamment Marocains.
Nous assistons actuellement à l’éclosion fulgurante de ce que l’on peut qualifier de l’Internationale raciste-xénophobe. Elle est accomplie, ici, entre deux entités : obédience partisane et Etat-Nation. Ce phénomène peut être interne à un pays donné ; illustré, illico, par la complicité détectée entre les propos infamants d’un Sarkozy qui, en tant que représentant de l’Etat français, les assène à la face de jeunes éternellement laissés-pour-compte, et la ligne idéologique du Front National qui les harcèle sans répits. Il peut être également le lieu d’une liaison dangereuse où s’inscrivent, c’est du moins la farine dans laquelle le Vlaams Belang compte nous rouler, une formation politique (de Belgique), et un Etat-Nation (du Maroc).
Depuis que le Vlaams Belang a repéré - à travers la gestion brutale, que nous avons récemment condamnée, du flux migratoire des Subsahariens dans un Maroc vulnérable - que l’Etat sécuritaire marocain opère sur le même terrain que lui, rien ne semble estomper sa frénésie de l’insulte et de la provocation, relatées récemment dans les médias. L’intention affirmée dans cette gesticulation de mauvais goût, est celle d’aller au Maroc, du 8 au 10 décembre, pour contacter les pouvoirs institués et plaider sa cause xénophobe. Chose abominable jamais permise sous des cieux démocratiques.
Car le comble, c’est que le Vlaams Belang projette de propager sa haine de l’Etranger, dans la presse marocaine, notamment à l’encontre de « l’immigré » marocain, qu’il ne cesse de stigmatiser à Anvers ou ailleurs en Belgique. C’est comme si Filip Dewinter et sa sombre délégation qui devait se rendre au Maroc, semblent militer pour l’abolition des frontières... en vue d’une libre circulation cynique, de la « bonne parole » xénophobe. Ce minable projet qu’il nous faut ruiner, prétend se fonder sur un même vécu que partagent l’Etat marocain et le Vlaams Belang, face à « l’invasion » de l’Etranger. Là, c’est le Subsaharien, ici, c’est l’ « Immigré » marocain.
Dans cette stratégie, le Vlaams Belang/Vlaams Blok, croit s’appuyer sur la férocité avec laquelle l’Etat marocain traite l’exode des Subsahariens. Serait-ce pour aller prodiguer accolades fraternelles et félicitations à une politique incisive de l’immigration ? Le Vlaams Belang/Blok n’ignore certainement pas que le levier du pouvoir dans cet Etat est entre les mains d’une personne, et cette personne c’est le roi, soutenu par une Constitution qui fait de lui un Etre « sacré ». Filip Dewinter se fait donc le chantre de l’absolutisme et méprise les peuples et la culture démocratique.
Dans ce cas, accompagné de sa délégation, Filip Dewinter se croit-il en mesure de pousser l’Etat marocain à endiguer, en premier lieu à l’endroit de ses ressortissants, l’exode migratoire vers la Belgique, et à opter pour un « éventuel » retour obligé au pays de ces résidents marocains qu’il veut ne plus voir en Belgique ? Mais le Vlaams Belang ira-t-il jusqu’à faire miroiter quelques deniers du contribuable belge, à l’instar de l’Union Européenne, pour que le Maroc verrouille solidement les frontières ? Le culot à travers lequel ce parti -(déjà interdit sous la nomination de « Vlaams Blok »)- semble appréhender cette affaire, l’indique lumineusement !
C’est également ainsi, que depuis que le Vlaams Belang a enregistré l’image mortelle d’un Islam dévoyé par un terrorisme aveugle et délirant, Filip Dewinter se proclame sans rechigner « Islamophobe » : « Je ne suis pas raciste, ni xénophobe, je suis islamophobe », dit-il à qui veut bien l’entendre. Cette attitude, Filip Dewinter croit l’enraciner et la justifier dans les attentats qui ont endeuillé Casablanca et Madrid, impliquant des cellules de Jihadistes marocaines, jugés ou recherchés par la Justice marocaine et européenne. Donc, même vécu vis-à-vis de l’Etranger envahisseur (Subsaharien/Immigré marocain) et même dessein de combattre le terrorisme islamiste, frappant le Maroc et s’étendant à l’Occident. Un rapprochement basé sur la peur et la terreur, et des uns et des autres, faisant des citoyens de souche ou pas, que nous sommes, des éternels otages du discours sécuritaire.
Si, maintenant, l’on distingue clairement par quel biais démoniaque, le Vlaams Belang ose effrontément projeter son voyage au Maroc, un bémol coriace persiste, cependant. Car si une certaine presse marocaine a récemment qualifié les Subsahariens de « criquets venant ravager le pays », peut abonder dans le sens de l’imaginaire xénophobe du Vlaams Belang, nul officiel et nul agent de l’Etat marocain ne se risqueront de se porter islamophobes, contrairement à Filip Dewinter. Fiasco, donc, d’une terminologie accablante qui nous somme de revenir brièvement sur ce concept problématique.
Car cela prouve que le terme d’islamophobie, n’en déplaise à ceux qui l’ont forgé de toute pièce (leaders improvisés de l’Islam ou simples musulmans qui l’emploient à tord et à travers) est inadéquat pour mener à bien le combat vers une totale citoyenneté. Et la preuve est aujourd’hui faite par cette revendication scandaleuse d’Islamophobe qu’endosse ouvertement un président d’une formation déjà repérée comme fasciste.
Il est temps d’enregistrer fermement que ce terme « islamophobe » déplace le lieu du véritable débat citoyen vers l’omniprésente et l’unique sphère de la foi. Autrement dit, nous ne sommes plus arabes, berbères, basanés, noirs, minorité ethnique... pour le Vlaams Belang. Nous ne pouvons être définis et nous ne pouvons nous exprimer qu’à l’intérieur de notre confession qui relève, somme toute, de l’intimité et qu’aucun pouvoir ne prétendra jamais nous l’arracher. Si l’extrême droite s’empare aujourd’hui de ce terme et le revendique si fièrement, c’est pour nous enfoncer dans la non-citoyenneté de fait, en nous suspectant de terrorisme. C’est pourquoi il est urgent de peser notre arsenal verbal pour accéder à nos aspirations les plus légitimes. Les vocables utilisés à une fin honorable peuvent, comme on le voit ici, s’avérer porteurs de boomerang ravageur contre une communauté, dont l’aspiration profonde est de s’inscrire, sans se renier, dans une civilisation humaine, dans une culture démocratique et dans une connaissance universelle.
Quoi qu’il en soit, nous resterons dans l’expectative. La réaction officielle de l’Etat marocain qui se refuse à décoller dans le bon sens d’un véritable Etat de Droit, ira-t-elle épouser les élucubrations d’un parti qui, lui, pourrait demain, si l’on ne prend garde, étouffer les libertés et bannir la démocratie ? Filip Dewinter devrait savoir que la société civile au Maroc, au summum de sa maturité, ne laissera pas ce banquet méprisable se tenir... Et, nous ici, nous sommes en mesure de peser la dangerosité et le cynisme de ce mariage blanc !
Sam Touzani et Mohammed Belmaïzi - Mrax.be
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