Hachim Mastour, du buzz à la Serie C

« À 14 ans, les meilleurs clubs d’Europe me voulaient. J’ai choisi l’AC Milan. La vidéo de mon premier match en jeunes avec Milan est devenue virale sur YouTube et là, le buzz a vraiment commencé. Je voyais ça comme une bonne chose, le monde entier pouvait voir mon foot ! J’étais très heureux, j’ai signé avec Nike, j’ai tourné une vidéo avec Neymar… (Il a battu le Brésilien dans un challenge technique qui a cumulé 10 millions de vues.) À 16 ans, j’étais avec l’équipe première, aux côtés de joueurs extraordinaires : Robinho, Kaká, Balotelli… Au même âge, j’ai découvert la sélection (en juin 2015, il est devenu le plus jeune international marocain, à 16 ans et 363 jours). Une période géniale. Tout le monde parlait de moi, j’étais une star. Il y avait beaucoup d’attentes sur moi à chaque match. J’aimais cette pression », a déclaré Hachim Mastour dans un entretien à L’Équipe.

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Le jeune joueur faisait l’objet de toutes les attentions, et devenir la star des réseaux sociaux à l’adolescence lui a fait plus de mal que de bien. « La lumière est arrivée trop tôt. J’étais jeune, je ne voyais pas les dangers. Quand on est ado, qu’on n’a pas encore joué en équipe première, ça peut être dangereux. Sur les réseaux, on n’a pas la bonne mentalité : il faut s’y exhiber, prouver, on vit pour les autres. Ce n’est pas la réalité. Aujourd’hui, ça fait partie de la vie des jeunes footballeurs, mais à l’époque, non. J’étais le premier. Je n’avais pas d’exemple sur lequel me baser, personne ne pouvait me conseiller, m’alerter. J’ai été un crash-test. J’ai ouvert la voie aux autres », développe-t-il, affirmant que « les réseaux sociaux m’ont un peu volé mon enfance, j’ai réalisé avoir grandi sans le moindre ami. Aujourd’hui encore, je n’ai pas d’ami. »

L’international marocain (1 sélection), qui aura 27 ans ce dimanche 15 juin prochain, exprime des regrets : « Je n’étais pas bien entouré. Les gens et le système me voyaient comme une machine à fric, pas comme un garçon qui veut réaliser son rêve. Les contrats, l’argent, la visibilité… Moi, je ne pensais qu’au foot. Les gens autour de moi ne me parlaient que pour tirer profit de mon talent ou de mon image. J’ai cru en eux. En réalité, j’étais leur marionnette, ils ne m’aimaient pas vraiment. Par exemple, en 2016, après mon prêt à Malaga, j’étais très proche du Paris-Saint-Germain. Le président discutait beaucoup avec mon père. Mais ça a capoté, car certaines personnes voulaient tuer ma carrière, parce que je les avais quittées. Ce buzz, c’était cool, mais j’ai fini par oublier ma propre vie. Je n’ai pas grandi normalement… »

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Après quatre saisons à Milan (2014-2018) où il s’est révélé, Hachim Mastour a sombré dans les autres clubs (Lamia, Reggina, Carpi) et en sélection marocaine. « Je n’ai jamais trouvé ma place. Si j’ai commis des erreurs, je n’ai aucun problème à le dire. J’ai toujours eu un comportement professionnel, une bonne mentalité. Peut-être que j’ai fait des mauvais choix. Je suis probablement allé trop vite. Si j’avais avancé étape par étape, ma carrière aurait sûrement été différente… », a confié le numéro 10 qui se fait suivre par « un coach mental, avec lequel je travaille beaucoup sur mon état d’esprit et mes émotions, car j’ai connu un moment de dépression. Ces moments difficiles m’ont appris que dans cette vie, il faut être un homme avant d’être un footballeur ».

Le jeune footballeur se concentre désormais sur son avenir, lui qui « vient de passer une saison sans club, après [s]on retour du Maroc (à l’Union Touarga, en D2) ». L’ex-joueur de l’AC Milan est confiant qu’il peut encore atteindre les sommets du football mondial. « Je continue de m’améliorer. La flamme est toujours là. Je sens que j’ai encore quelque chose à faire et à dire dans le football », a-t-il assuré. Celui qui vient de signer au Virtus Vérone en Serie C « espère trouver le bon club pour progresser, kiffer le foot, et rencontrer un coach pouvant être comme un père spirituel. J’en ai besoin pour enfin faire décoller ma carrière. J’ai 26 ans, je ne me fixe pas de limite, à terme, je rêve encore de jouer la Ligue des champions, la Coupe du monde… »