Réagissant à la vague de violence visant, notamment, les Marocains résidant en Corse, le maire de Bastia et député à l’Assemblée nationale française, Emile Zuccarelli, condamne ces actes, tout en rappelant que l’île de Beauté doit beaucoup aux Maghrébins.
Les Marocains résidant en Corse font l’objet depuis quelque temps d’une vague d’agressions sans précédent. Comment peut-on expliquer cette recrudescence de la xénophobie à l’égard des Maghrébins ?
Emile Zuccarelli : L’immense majorité des Corses savent ce qu’ils doivent aux combattants marocains qui ont largement contribué à la libération de Bastia et de notre île. Ils ont de la considération et du respect pour ces hommes courageux et pour leurs descendants.
Je l’ai rappelé en octobre dernier lors des cérémonies du 60ème anniversaire de la libération de la Corse. C’est dire que les exactions sont le fait d’une infime minorité d’individus qui ne saurait en aucune façon être représentative de la majorité de nos concitoyens. Contrairement à ce que l’on peut entendre ici ou là, il n’y a pas plus de racistes en Corse qu’ailleurs. En revanche, il existe des groupes d’individus plus ou moins organisés qui commettent des actes racistes. Souvent pour des motifs para-mafieux ou pour couvrir des rivalités commerciales. Ce sont souvent les mêmes qui, hier, peignaient des slogans anticontinentaux et qui, aujourd’hui, diffusent les mêmes slogans contre les femmes et les hommes originaires du Maghreb. Dans les deux cas, c’est inacceptable.
Comment la mairie de Bastia réagit-elle face à cette escalade de violence ?
Le maire de Bastia n’a pas de compétence propre en matière de maintien de l’ordre. Néanmoins j’entretiens avec le consul du Maroc à Bastia des relations particulièrement suivies pour prévenir, autant que faire se peut, toute exaction contre la communauté marocaine. À ce titre, notre municipalité conduit une politique volontariste dans les quartiers socialement les plus en difficulté pour améliorer les conditions et le cadre de vie des populations concernées. Cela concerne aussi les quartiers où résident des personnes originaires du Maroc.
La communauté marocaine résidant à Bastia vit de plus en plus dans la peur. Y a-t-il des contacts entre la mairie et cette communauté ?
N’exagérons rien. Il y a des actes éminemment condamnables. Certains de leurs auteurs ont d’ailleurs été appréhendés par la police et présentés à la justice. Mais il ne faut pas amplifier les difficultés. Et je ne crois pas que la communauté marocaine à Bastia vive dans la peur. Bon nombre des exactions commises contre elle relèvent, me semble-t-il, non pas d’agressions racistes à proprement parler, mais d’actes criminels liés à des rivalités commerciales ou personnelles. Habillés de raisons pseudo-ethniques. Pour autant, loin de moi l’idée de minimiser les faits. Et je suis particulièrement vigilant en liaison avec le consulat du Maroc pour assurer aux ressortissants marocains toute leur place et tout le respect auquel ils ont droit à Bastia, comme dans toutes les autres villes françaises.
Pensez-vous que ces agressions auront un impact sur l’avenir de la présence de la communauté marocaine en Corse ?
Je ne le souhaite évidemment pas. Et c’est aussi pour cela qu’il me paraît important de lutter efficacement contre ces exactions et leurs auteurs. Sans pour autant en amplifier la gravité.
Y a-t-il des Marocains qui ont commencé à quitter l’île ?
Comme maire de Bastia, je n’ai aucune indication en ce sens.
Omar DAHBI - Aujourd’hui le Maroc
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