Najat Aquesbi, la « Mme Dinosaure » du Maroc

2 septembre 2004 - 07h53 - Culture - Ecrit par :

« Dinoatlas », le projet de Musée des dinosaures prévu à Tazouda, dans le Haut Atlas, doit être prochainement présenté à la Commission européenne, afin de recueillir un éventuel soutien financier. Les objectifs du projet sont d’attirer autour de ce site du sud du pays particulièrement riche en fossiles de dinosaures davantage de touristes mais aussi de générer des emplois. Et aussi de former des scientifiques marocains.

C’est une Marocaine de 43 ans, Najat Aquesbi, qui tient officiellement la responsabilité scientifique du futur musée. Yeux noirs pétillants gracieusement rehaussés par du khôl et cheveux sombres ondulés retenus en arrière lui donnent une allure « à l’européenne ». Elle n’a pas eu besoin de ses nombreux passages à Paris pour porter le pantalon, le tee-shirt et les baskets.

Née à Marrakech, elle passe une licence en biologie-géologie à Casablanca. C’est à Paris qu’elle obtient son DEA de paléontologie et évolution en 1986 et qu’elle soutient une thèse dont le sujet porte sur la paléontologie des dinosaures au Maroc.

Ce choix, elle le doit à Philippe Taquet, du Muséum national d’histoire naturelle, qui lui donne le virus. En 1995, elle devient chef du service du musée du ministère de l’Energie et des Mines à Rabat. C’est encore le paléontologue français qu’elle prévient lorsqu’en 1998 la gendarmerie lui remet un os fossilisé découvert à Tazouda par un habitant de la région d’Ouarzazate. L’examen de cet élément révèle qu’il s’agit d’un dinosaure herbivore (Tazoudasaurus naïmi), un sauropode ancêtre du fameux Atlasaurus (1), lui-même ancêtre des diplodocus, les plus gros dinosaures que la Terre ait jamais portés.

Acharnée au travail ? « Non », répond avec assurance cette jeune femme indépendante qui a su concilier l’activité de mère à de bonnes conditions physiques pour supplanter les hommes dans sa profession. « Mais prête à me battre. Tant pis si j’en gêne certains, parce que je suis une femme. » Sur le terrain, Najat reste professionnelle jusqu’au bout des ongles, qu’elle porte ras et naturels. C’est en effet plus pratique pour manier pioches, pelles et balayettes.

En tant que paléontologue confirmée, elle vient d’être décorée du Wissam Alaoui (l’équivalent de notre Légion d’honneur). Cette distinction, qui lui a été donnée au grade d’officier par le roi du Maroc Mohammed VI, la place dans le tiercé gagnant des femmes décorées de son pays. Un bel exemple de promotion pour les femmes arabes.

Pour préparer sa thèse sur les dinosaures du Haut Atlas du Maroc, Najat est venue au Muséum national d’histoire naturelle. En effet, le Maroc ne dispose pas de suffisamment de documentation étrangère à ce sujet. C’est pourtant à la faculté des sciences de Rabat qu’elle désire soutenir sa thèse. Là-bas, il n’y a pas encore de paléontologue dinosaurien. En attendant, elle a trouvé de nouvelles traces de dinosaures et un gisement prospère et riche en Tazoudasaurus.

Isabelle Brisson - Le Figaro

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Environnement - Najat Aquesbi - Tazouda - Dinosaure

Ces articles devraient vous intéresser :

Le Maroc entre dans la course mondiale aux métaux stratégiques

Alors que le monde connaît une forte concurrence en matière de terres rares et de métaux stratégiques, le Maroc apparaît comme un acteur clé.

Maroc : voici les plages à éviter cette année

Dans son rapport sur la qualité des eaux de baignade, présenté vendredi à Rabat, le ministère de la Transition énergétique et du développement durable a indiqué que 22 plages ne respectent pas les normes environnementales requises.

Le miel marocain est en péril

Les apiculteurs marocains sont inquiets. Depuis des années, des colonies d’abeilles sont décimées en raison de la sécheresse et des aléas climatiques, ce qui affecte durement la production du miel.

Maroc : « Marée » de déchets après les iftars sur les plages

Les associations de défense de l’environnement dénoncent le non-respect des règles environnementales par certaines familles qui laissent d’importantes quantités de déchets sur les plages après y avoir rompu le jeûne pendant le mois de Ramadan.

Maroc : appels à interdire la culture de la pastèque

Au Maroc, les défenseurs de l’environnement appellent à l’interdiction totale de la culture de la pastèque, très gourmande en eau.

Autoroutes du Maroc : un nouveau projet passe mal

Anouar Benazzouz, directeur général de la Société nationale des autoroutes du Maroc, a annoncé le lancement d’un projet de reboisement des abords des autoroutes marocaines.

Maroc : le diesel a de beaux jours devant lui

Alors que les importateurs et concessionnaires de voitures neuves se félicitaient de la mise en application de la norme environnementale européenne Euro 6, pour l’homologation des véhicules neufs commercialisés sur le marché marocain, le gouvernement...

Safi : le maire s’octroie un garage en douce, la colère gronde

Le président de la commune urbaine d’Asfi a construit sans autorisation préalable un garage souterrain pour sa maison de deux étages, en chantier dans le quartier Miftah Al Rahma, suscitant l’indignation et la colère des résidents et des défenseurs des...

Maroc : un lac en péril

Le problème de l’assèchement du lac Tamda dans la province d’Azilal préoccupe le député Saïd Atghlast qui a adressé une question écrite à la ministre du Tourisme, de l’artisanat, de l’économie sociale et solidaire à ce sujet.

Double certification pour Royal Air Maroc

L’Association internationale du transport aérien (IATA) a récemment décerné à Royal Air Maroc les certifications IEnvA (IATA Environmental Assessment) et IWT (IATA Illegal Wildlife Trade) pour son engagement constant en faveur de l’environnement et de...