Le Marocain Fouad Alaoui double Boubakeur au Conseil du culte musulman

4 novembre 2004 - 11h48 - France - Ecrit par :

Face à la bouderie de Dalil Boubakeur, président du Conseil français du culte musulman (CFCM), ses adjoints ont décidé de faire sans lui. Fouad Alaoui, vice-président de cette instance, va réunir, jeudi 11 novembre à Paris, les présidents des conseils régionaux du culte musulman (CRCM). « Avec l’accord de l’autre vice-président », Mohammed Béchari, affirme-t-il. Objectif : « Que les présidents des CRCM s’expriment d’une seule voix pour dire que le CFCM est une instance à laquelle nous tenons, et qu’il faut qu’elle reprenne le cours normal de son fonctionnement », explique Alaoui.

Fondamentalistes. A l’origine de cette crise, l’annonce de Dalil Boubakeur, le 15 septembre, de ne pas participer à la réélection du CFCM prévue en avril. Celui-ci se plaint du règlement électoral qui attribue à chaque mosquée un nombre de délégués électeurs en fonction de sa surface. Résultat : la Mosquée de Paris, dont Dalil Boubakeur est le recteur, et qui fédère un réseau de lieux de culte moins dense que ses rivales, se juge pénalisée. Lors de la précédente ­ et toute première ­ élection en 2003, elle n’a obtenu que 6 sièges des 41 sièges du conseil d’administration, contre 16 pour la Fédération des musulmans de France (FNMF, proche du Maroc) et 13 pour l’Union des organisations islamiques de France (UOIF, proche des Frères musulmans). Depuis, Dalil Boubakeur proteste contre la trop grande place prise par les fondamentalistes ­ l’UOIF ­ et réclame une modification du règlement électoral. Qu’il n’a pas obtenue, ce texte ayant été revoté en l’état avant l’été.

Aujourd’hui, le CFCM est en panne. Depuis deux mois, Dalil Boubakeur ne l’a plus réuni. D’où l’agacement d’un certain nombre de présidents de région. Le 4 octobre, Anouar Kbibech, président du CRCM Ile-de-France Est, avait menacé de « prendre des initiatives au péril de nuire davantage à l’unité du CFCM et des CRCM ». Il proposait notamment que « les CRCM se constituent en coordination nationale pour fonctionner indépendamment des tractations qui pourront avoir lieu au sein du CFCM ». Le lendemain, Kamel Kabtane, président du CRCM Rhône-Alpes, démissionnait de son mandat. « Je reviendrai si l’on m’assure que les élections auront lieu en avril 2005 et qu’elles se dérouleront dans des conditions normales, celles adoptées en assemblée générale et par le conseil d’administration du CFCM », déclarait-il sur Radio Orient.

Influence. Sentant monter l’agacement de la base, Fouad Alaoui, également secrétaire général de l’UOIF, a saisi la balle au bond. Et invité les présidents des CRCM à se réunir à Paris. « Je ne pouvais accepter une telle léthargie du CFCM », explique-t-il. Hier, 22 des 25 responsables régionaux ont donné leur accord. Du côté de Boubakeur, c’est le silence radio. « J’avais sollicité le président pour la réunion du 11. Il n’a pas jugé opportun de répondre », signalait, hier, Fouad Alaoui. Ce faisant, le recteur de la Mosquée de Paris court le risque de laisser l’UOIF accroître son influence sur l’instance représentative des musulmans.

Plus grave, Boubakeur apparaît comme celui qui a bloqué son fonctionnement. Et si les participants à la réunion du 11 novembre parviennent à élaborer un scénario de sortie de crise, l’UOIF ne pourra qu’en tirer les bénéfices.

Catherine COROLLER - Libération

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