Agadir : Grogne des restaurateurs

7 octobre 2003 - 02h56 - Maroc - Ecrit par :

On ne cesse de convenir qu’Agadir est incontestablement le fleuron du tourisme national. Une vérité qui se confirme par la floraison des complexes hôteliers dont regorge la station balnéaire soussie. On s’est résolument lancé dans l’implantation de gigantesques buildings étalés sur d’immenses superficies à perte de vue.

C’est une approche judicieuse que de multiplier des structures d’accueil de haut standing aussi vastes que luxueuses et variées. Toutes sortes de technologies touristiques et hôtelières les plus avancées sont prévues dans cet effort déployé par l’ensemble des intervenants du secteur : Etat, investisseurs nationaux et étrangers, professionnels, collectivités, tous opérateurs… C’est une bonne chose si l’on sait que le plus gros handicap du véritable décollage de volet économique névralgique demeure, sans doute, cette floraison à ce niveau, avec tout ce que cela exige de raffinement et de métier, on ne fait que porter préjudice à cet art culinaire spécifique à cause de la mainmise hôtelière d’une part et la kyrielle taxable qui s’abat sur le secteur de la restauration d’une manière abusive et étouffante, d’autre part. Comment cela ?
Eh bien ! On continue à favoriser impunément la pension complète dans les hôtels. Résultat, le touriste reste "assiégé" nourri et logé jusqu’à son retour. Il n’aura jamais goûté aux délices préparés par les spécialistes situés en ville, eux qui n’ont qu’un seul et unique souci, celui de servir des plats soigneusement confectionnés et présentés, avec le cérémonial et la convivialité qui s’imposent, loin de l’embrouillement de l’hôtel. C’est une situation délicate qui pose, sans conteste, beaucoup de problèmes dont l’exiguïté de la capacité en matière d’hébergement. En fait, on est en train, grâce à cette synergie multiforme, de réaliser en quelques temps ce qu’on a cumulé durant plus de trente ans.
Toutefois, si cet élan est fort payant, même si cela n’est que le prélude d’un long chemin à parcourir, à l’image de Las Palmas, à titre d’exemple, qui en est à plus de 180.000 lits devant à peu près 40.000 à Agadir (en cours d’achèvement), on s’entête à tourner le dos à une filière touristique si importante et vitale. Celle de la restauration. Effectivement, avec l’éclosion du tourisme, un investissement considérable s’est, en parallèle à l’hôtellerie, tourné vers le montage et la conception d’infrastructures de restauration.
C’est un effort non négligeable qui a nécessité d’énormes sacrifices financiers, en particulier, en centre ville, mais à quelques mètres de la chaîne hôtelière, pied dans l’eau.
Cependant, bien des points d’interrogations sur l’avenir de la restauration. Les restaurateurs se plaignent vivement. Il y a de quoi, car c’est aberrant que de monter des chefs-d’œuvre en matière de restauration, avec cœur et savoir-faire et se confronter à une compétitivité injuste et insensée. Un hôtel, c’est surtout l’hébergement. Un restaurant, c’est surtout le menu, à chacun son boulot, les chèvres seront bien gardées. Surtout qu’Agadir est entrée par la grande porte de l’émulation internationale au niveau du tourisme sous ses diverses formes. Place alors à la spécification sectorielle et à la mise à niveau de plus en plus rude.

Saoudi El Amalki

Al Bayane, Maroc

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