Al Hoceima : quand la population préfère voitures et tentes au confort des foyers

1er mars 2004 - 14h26 - Maroc - Ecrit par :

Al Hoceima, 01/03/04 - Il était onze heures du soir. Un reporter français s’est présenté devant la réception de l’hôtel "Al Maghrib Al jadid" à Al Hoceima pour demander s’il pouvait prendre les couvertures de sa chambre pour passer la nuit dans sa voiture. "Auriez-vous peur ?" lui demande l’employé sur le ton de la plaisanterie. "Je suis comme tous les autres, il est raisonnable de ne pas passer la nuit entre les mûrs ces jour-ci", réplique le journaliste.

Al Hoceima, 01/03/04 - Il était onze heures du soir. Un reporter français s’est présenté devant la réception de l’hôtel "Al Maghrib Al jadid" à Al Hoceima pour demander s’il pouvait prendre les couvertures de sa chambre pour passer la nuit dans sa voiture. "Auriez-vous peur ?" lui demande l’employé sur le ton de la plaisanterie. "Je suis comme tous les autres, il est raisonnable de ne pas passer la nuit entre les mûrs ces jour-ci", réplique le journaliste.

Cette scène est révélatrice de l’état d’esprit des habitants d’Al Hoceima et de ses alentours qui vivent dans la hantise de nouvelles secousses. Les habitations, pour la plupart sérieusement endommagées par le séisme et les répliques qui l’ont suivi, ne constituent plus des lieux sûrs comme ils furent naguère.

Depuis la nuit de lundi à mardi derniers, les populations de la région appréhendent les fissures dans les murs et scrutent l’horizon au moindre bruit suscité par les nombreux poids lourds qui acheminent les aides humanitaires destinées aux sinistrés.

En renonçant à l’idée de revenir à leurs maisons, ne serait que pour y passer la nuit et se réfugier de la vague de froid qui règne actuellement sur la région, l’attitude de la population serait à fortiori justifiée par un état psychique général.

"Compte tenu du risque de nouveaux effondrements causés de la succession de répliques, il devient impossible de convaincre les habitants que l’éventualité d’une forte secousse est peu probable", confie un agent des services de la protection civile.

Quant à lui, Abdallah qui habite dans la ville d’Al Hoceima, a décidé dès le premier jour après le séisme de passer la nuit chez lui sans se soucier d’un probable effondrement. Ahmed, la quarantaine, qui habite pourtant dans la localité de Targhist relativement éloignée de l’épicentre du séisme, affirme avoir passé deux nuits en dehors de son foyer de peur de le voir s’effondrer. "Mais le froid glacial nous a poussé à regagner nos maisons", a-t-il dit.

Même les journalistes ne sont pas en reste. Nombreux parmi eux qui ont déserté leurs chambres d’hôtel préférant passer la nuit dans les voitures.

Un journaliste travaillant pour une agence de presse arabe reconnaît être incapable de passer la nuit dans des bâtiments jusqu’à ce que cessent les répliques.

Toutefois, force est de constater que les habitants des centres urbains, où les constructions sont plus solides, commencent à regagner leurs maisons, poussés par le froid et convaincus que "rien ne peut repousser le destin".

A Al Hoceima, bien que la place de Mohammed V abrite toujours de nombreuses tentes de petite taille, les boutiques, les cafés et les restaurants ont rouvert leurs portes, ce qui constitue un indice sur un retour progressive à la vie normale.

Dans les environs, la majorité des habitants des villages refusent de gagner les campements collectifs même si leurs constructions en pisé sont les plus exposées au danger d’effondrement, et en dépit des conditions climatiques défavorables. Cet état de fait a poussé les autorités à dresser des tentes familiales pour convaincre les sans-abris d’y trouver refuge.

MAP

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