Début d’une polémique sur les normes de construction

25 février 2004 - 16h12 - Maroc - Ecrit par :

AL HOCEIMA (Maroc) (AFP) - Des militants associatifs, relayés par un grand quotidien, mettent en cause mercredi le "laisser-aller" des autorisations de constuire pour expliquer le lourd bilan du séisme qui a frappé dans la nuit de lundi à mardi la région d’Al Hoceima (Nord-Est), faisant au moins 564 morts et 300 blessés.

.

Interrogé par l’AFP, Omar Moussa Abdellah, membre d’une association régionale pour le développement économique et social, estime que les leçons du dernier tremblement de terre important qui avait frappé la même région le 26 mai 1994 "n’ont pas vraiment été tirées".

agrandir la photo
Ce tremblement de terre, de faible intensité, avait fait "seulement" six morts mais permis à la communauté scientifique de lancer un cri d’alarme exigeant des autorités la mise en place d’un code de construction parasismique au niveau des risques connus.

"Les vieilles maisons paysannes en pisé ne peuvent pas résister au choc, mais beaucoup de constructions récentes non plus, parce qu’elles ne sont pas aux normes", a-t-il affirmé.

Un médecin de la Protection civile, Mohammed El-Allam, pense également que "la mauvaise qualité des constructions" est la cause essentielle de l’effondrement de certains immeubles. "Et même si certains immeubles tiennent encore debout, ils sont tellement fissurés qu’ils ne sont plus habitables", a affirmé M. El-Allam à l’AFP.

M. El-Allam a cité la loi de 1994 qui imposait "théoriquement" des normes anti-sismiques et qui n’est pas respectée. "Les immeubles qui restent debout malgré la forte de secousse de 6,3 degrés sur l’échelle de Richter, sont les seuls construits selon ces normes", a-t-il ajouté.

Dans un éditorial, le quotidien L’Economiste (proche des milieux d’affaires) dénonce, de son côté, "la vulnérabilité sismique, conséquence du laisser-aller manifeste et de la légèreté" avec lesquels "l’on autorise certains chantiers".

"L’autoconstruction fait toujours florès tandis que l’on continue de recourir, y compris pour les marchés de l’Etat, à des entreprises qui travaillent au noir, sous prétexte qu’elles proposent de meilleurs prix, sans doute parce qu’elles ne payent pas de charges sociales".

"Ensuite, des habitations sont toujours construites dans des zones à risque", poursuit l’Economiste, "ce qui explique que des constuctions sont épargnées et d’autres s’effondrent comme des châteaux de carte".

Le journal dénonce enfin le fait que la réglementation anti-sismique "ne prévoit aucun système de sanction". "Autrement dit, ces normes sont laissées à la libre interprétation des entrepreneurs. De qui se moque-t-on, alors ?", conclut L’Economiste.

Les autorités locales rejettent ces accusations en bloc.

"Le séisme de la nuit de lundi à mardi, a été beaucoup plus violent que celui de 1994 et si l’épicentre n’avait pas été situé assez loin au large, en Méditerranée, le port d’Al Hoceima lui-même aurait été détruit. J’affirme que les normes de construction ne sont pas en cause", a déclaré à l’AFP un responsable local qui s’est seulement identifié comme "M. Boudra".

Tandis que la ville d’Al Hoceima, dont la population est estimée à 100.000 habitants, n’a pratiquement pas souffert, les localités d’Im Zouren et de Aït-Kamra au sud de la ville et surtout les très nombreux villages environnants, en général très peuplés, ont déploré la mort de près des trois quarts de leurs habitants et la destruction de la quasi totalité des logements, construits d’une manière traditionnelle

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Immobilier - Al Hoceima - Séisme - BTP

Ces articles devraient vous intéresser :

Des influenceurs marocains impliqués dans des achats immobiliers illégaux à l’étranger

L’Office des changes a découvert que des influenceurs et créateurs de contenu sur Internet ont des propriétés non déclarées à l’étranger et violent les textes régissant le change.

Location au Maroc : une hausse générale des prix

Une montée générale des prix des loyers a été observée au Maroc, que ce soit pour les appartements ou les villas et ce dans la plupart des villes. Voyons ça en détail.

5 000 Marocains deviennent propriétaires grâce à l’aide du gouvernement

Sur les 54 000 demandes d’aide au logement enregistrées sur la plateforme dédiée à cet effet, 5 000 ont été déjà acceptées, a annoncé Fatima Ezzahra El Mansouri, la ministre de l’Habitat.

L’immobilier marocain en berne, les acheteurs attendent l’aide du gouvernement

Le marché de l’immobilier au Maroc a connu une tendance à la baisse ces derniers mois, en raison de la sévérité des conditions d’octroi de crédit. Selon le dernier tableau de bord des crédits et dépôts bancaires de Bank Al-Maghrib, cette tendance se...

Immobilier au Maroc : les notaires contrôleront la provenance de l’argent

Les notaires marocains ont décidé de prendre une part active dans la lutte contre le blanchiment d’argent dans l’immobilier.

L’immobilier au Maroc augmente encore au 3e trimestre

L’indice des prix des actifs immobiliers (IPAI) s’est apprécié, en glissement annuel, de 1,3 % au troisième trimestre de 2022. C’est ce que précisent Bank Al-Maghrib (BAM) et l’Agence nationale de la conservation foncière du cadastre et de la...

Promoteurs immobiliers au Maroc : le fisc lance une opération coup de poing

La Direction générale des impôts (DGI) va lancer prochainement une vaste opération de contrôle et d’inspection visant les grandes entreprises et notamment les promoteurs immobiliers ayant eu recours à des pratiques frauduleuses pour bénéficier...

Maroc : l’aide au logement booste le marché de l’immobilier

Au Maroc, le nouveau programme d’aide à l’acquisition de logements est susceptible d’apporter une bouffée d’oxygène au marché immobilier.

Les MRE, une solution à la crise de l’immobilier marocain ?

Les Marocains résidant à l’étranger (MRE) contribuent de manière considérable à la relance du secteur de l’immobilier au Maroc, durement touché par la crise sanitaire du Covid-19, la guerre en Ukraine et la flambée mondiale des prix des matières...

Aide au logement : succès auprès des MRE

Le programme d’aide directe au logement « Daam Sakane », lancé le 2 janvier 2024, est un succès, notamment auprès des MRE, assure Mustapha Baitas, porte-parole du gouvernement, lors du point de presse hebdomadaire à l’issue du conseil de gouvernement.