Un jeune homme de 23 ans, médiateur culturel d’origine marocaine résidant à la Corogne, dans le nord-ouest de l’Espagne, a porté plainte, affirmant avoir été victime d’une agression racistede la part de deux videurs.
Anvers est, sans conteste, la ville belge où le Vlaams Blok (parti d’extrême droite flamand) est le mieux implanté, comme en témoignent ses derniers scores électoraux.Un tiers des Anversois votent en effet pour cette formation. Ce n’est donc pas un hasard si la Ligue arabe européenne, au coeur d’accrochages ces derniers jours, a installé ses quartiers dans cette métropole où vit également une importante communauté juive.
Dirigé par un Belge d’origine libanaise, Abou Jahjah, ce mouvement milite activement pour les droits civils des immigrés arabes en Europe. Il défend la cause palestinienne et s’oppose à l’embargo contre l’Irak. D’où les propos parfois explosifs de son très médiatique leader lorsqu’il dénonce le « lobby sioniste » à Anvers parlant, à la même occasion, de « bande de sionistes », ce qui lui vaut d’être poursuivi en justice. D’où, aussi, sa diabolisation par le Vlaams Blok qui voit en la Ligue arabe européenne une excroissance du réseau Al-Qaïda de Ben Laden. D’où, enfin, sa mise à l’écart par les partis traditionnels qui n’apprécient pas sa remise en cause de la politique d’intégration des immigrés arabes en Belgique.
Il y a trois semaines, la Ligue arabe européenne annonçait qu’elle allait créer des patrouilles chargées de vérifier si les policiers anversois se comportaient convenablement avec les immigrés arabes. Ces patrouilles fonctionnent depuis maintenant deux semaines et elles mettent très mal à l’aise la classe politique au sein de laquelle peu de voix se sont élevées pour dénoncer ce qu’elles sont réellement aux termes de la loi belge : des milices privées.
Elles devraient donc être interdites mais personne, jusqu’ici, n’a osé affronter directement la Ligue. Or, depuis qu’un jeune Marocain de 27 ans a été abattu de deux coups de revolver par un voisin belge, mardi dernier à Borgerhout, dans la banlieue d’Anvers, Abou Jahjah et ses troupes sont au centre de l’actualité.
De violentes émeutes ont éclaté, mardi soir, suite à ce meurtre et les militants de la Ligue se trouvaient au premier rang. D’autres émeutes se sont déroulées dans l’après-midi et la soirée de mercredi et elles ont conduit à l’interpellation de 160 personnes (nos éditions d’hier). Vingt d’entre elles étaient toujours incarcérées hier soir après avoir été mises à disposition du juge de la jeunesse ou du juge d’instruction, selon leur âge.
« Tolérance zéro »
La tension est donc très vive à Anvers où les forces de l’ordre seront sur le pied de guerre ce vendredi. « Nous appliquerons à la lettre le principe de la tolérance zéro, ont déclaré les autorités, car nous ne pouvons tolérer la répétition des incidents qui se sont déjà produits ces deux derniers jours. » Dans l’après-midi doit, en effet, avoir lieu une cérémonie d’hommage à la victime avant le transfert de son corps au Maroc où il sera inhumé.
Agé de 27 ans, le jeune homme était sans histoire et professait la religion islamique. Selon le porte-parole du parquet du procureur du roi d’Anvers, Mme Reyniers, l’assassin, un homme de 66 ans, a l’esprit particulièrement confus mais son acte ne semble présenter aucune connotation raciste.
Jean-Frédérick Deliège - La Voix du Nord
Dernière heure
Abou Jahjah a été arrêté hier par la police belge et conduit devant le juge d’instruction. Une perquisition a été menée à son domicile.
Ces articles devraient vous intéresser :