Arte : Au Maroc, le défi d’une école pour tous

11 mai 2004 - 12h14 - Culture - Ecrit par :

Avec 10 millions d’analphabètes, soit un tiers de sa population, le Maroc ne peut plus faire l’économie d’une réforme de son système éducatif. Depuis quatre ans, l’État a élaboré une charte qui positionne l’enseignement au coeur de son projet politique et vise à changer la donne. Une école en marche, qui s’appuie fortement sur la société civile mais se heurte à de nombreux obstacles.

Comment construire une école pour tous, moderne et performante, dans un pays où les problèmes sont si criants ? Absence de moyens financiers, poids des traditions et des mentalités, écarts sociaux, questions religieuses... Le chantier est colossal. Et on s’interroge sur les moyens effectifs dont dispose l’État marocain. Après avoir travaillé sur le système éducatif en Afghanistan et en Palestine, Benoît Califano, Marguerite Cros et Pierre Trouillet ont sillonné le royaume de Mohammed VI, des zones les plus reculées aux grandes villes comme Casablanca, Marrakech et Mekhnès. Leur état des lieux témoigne des efforts considérables engagés par le gouvernement mais révèle aussi d’inquiétantes disparités entre les régions.

Dans les villages isolés et très pauvres du Moyen Atlas, la lutte contre la déscolarisation est particulièrement difficile. Ici, beaucoup de parents peinent à considérer l’instruction comme moyen d’ascension sociale et préfèrent envoyer leurs enfants travailler aux champs. Mais les enseignants ont réussi à imposer une demi-journée quotidienne d’enseignement. Et sans fléchir, ils continuent à parcourir les villages voisins pour recenser les enfants non scolarisés.

De Meknès à Marrakech, on suit ici le travail d’associations comme Bayti-Meknès et Fondation Marrakech 21 qui accueillent les enfants des rues dans des écoles de fortunes ou organisent des cours du soir pour les adolescents déjà entrés dans la vie active. Pas à pas, ces initiatives portent leurs fruits.

A Casablanca, le contraste est saisissant. Ici écoles privées, lycées prestigieux, classes préparatoires qui ouvriront les portes des grandes écoles françaises fleurissent et font la fierté du pays. Mais un problème en chasse un autre. Car faute de débouchés professionnels, 90% de ces élèves ne reviendront pas dans leurs pays...

Au-delà du soutien aux structures associatives, l’État a engagé des réformes concrètes comme la mixité à l’école et a modifié le code de la famille. Les jeunes filles peuvent, elles aussi, aspirer à une éducation complète. Encore faut-il convaincre les pères de les laisser rejoindre les bancs de l’école et quitter le foyer familial... Là aussi, des associations de féministes parcourent le pays pour sensibiliser les familles. « L’éducation c’est une arme pour pouvoir réaliser nos projets », lance, déterminée, une jeune collégienne. Des paroles pleines d’espoirs et des initiatives qui prouvent que, malgré les déséquilibres, l’école marocaine est en marche.

« MAROC, L’ÉCOLE EN MARCHE », France 5, 15 h 45

Le Figaro

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