Ouverte lundi matin, l’audience préliminaire qui annonce le début du procès des attentats de Bruxelles fait déjà face à des obstacles, notamment la question des box dans lesquels doivent rester les accusés tout au long de ce procès. Dans un premier temps, les accusés se sont présentés à l’audience, mais six d’entre eux ont finalement décidé de retourner en cellule. « On est comme des chiens ici », a tonné le Tunisien Sofien Ayari, complice de la fuite de Salah Abdeslam, en frappant du poing la paroi de son box, rapporte la RTBF.
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« Il n’y aura pas de procès si ces box sont maintenus », a affirmé Me Courtoy, l’avocat de Mehdi Nemmouche lors de cette première journée du procès. Il souligne que son client et les autres accusés refusent de comparaître dans de telles conditions. Pour Me Taelman, qui défend Bilal El Makhoukhi, « le dispositif » de sécurité était inédit. Aucun box, qui n’avait pourtant atteint ce stade, n’a passé le contrôle de la CEDH », a-t-elle affirmé. « Le risque existe de devoir faire annuler le procès si les box devaient a posteriori être jugés disproportionnés », a-t-elle déclaré.
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Mais pour les services de police, les box ont été conçus pour assurer la sécurité de tous, les accusés y compris. Mais les avocats et leurs clients ne l’entendent pas de cette oreille. « Qu’on rase ces box totalement grotesques », a exigé lundi l’avocat Sébastien Courtoy, conseil de Smail Farisi. « Un avocat et un client, c’est un binôme, on doit pouvoir percevoir ses émotions, pouvoir être en contact avec lui », a expliqué Me Vincent Lurquin, avocat de l’accusé Hervé Bayingana Muhirwa. « Si à chaque fois, vous devez téléphoner à votre client – puisque c’est cela qu’on nous propose –, ce n’est pas possible de travailler dans ces conditions ».
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Pour Me Delphine Paci, avocate de Salah Abdeslam, les box ainsi conçus violent la Convention européenne des droits de l’Homme, précisant que son client par solidarité, refuse de comparaître dans ces conditions. Salah Abdeslam refuse de comparaître « par solidarité ». En effet, il avait fait un choix opposé, disant à la présidente « je souhaite assister à l’audience ». Mais il s’est vite rétracté. « J’ai décidé de refuser de comparaître par solidarité avec les coaccusés », a-t-il expliqué quelques minutes plus tard, en dénonçant la présence des box vitrés. « C’est inéquitable alors qu’on nous a promis un procès équitable ».
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Des arguments que rejettent les victimes des attentats du 22 mars 2016, selon Me Marye Alié, qui défend les intérêts du collectif Life4Brussels. Selon elle, c’est un mélange de sentiment enregistré au niveau des victimes. Certaines ont peur, d’autres sont en colère de l’attention portée aux accusés aujourd’hui, alors qu’elles sont les plus à plaindre dans ce dossier. « On parle ici du comment les juger. L’essentiel, pour les victimes, c’est le pourquoi. Les victimes ont des craintes par rapport au mutisme des accusés. Il est important qu’ils soient dans des conditions adéquates pour s’exprimer et que les victimes soient, elles aussi, dans de bonnes conditions pour écouter », a martelé l’avocate de Life4Brussels. Tous les regards sont tournés vers la présidente de la cour d’assises dont la décision est attendue vendredi prochain à 14 heures, en présence des parties concernées.