L’établissement, créé en 1989 pour financer les projets de création ou d’extension d’entreprises initiés par les MRE (Marocains résidents à l’étranger), vient de procéder à une extension de son objet social aux crédits immobiliers en faveur, toujours, de sa clientèle MRE. Rappelons que, depuis le démarrage de son activité, BAA s’est limitée aux crédits d’investissement à long terme, notamment les prêts participatifs, dont elle fut le précurseur au Maroc. Ses interventions bénéficient du cautionnement de Dar Ad-Damâne et sont généralement couplées à des prêts classiques octroyés par d’autres banques de la place.
La banque avait déjà eu, en 2003, des velléités de diversification
Le système a montré ses limites au cours des trois dernières années puisque la banque des MRE a cumulé, à fin 2004, des pertes à hauteur de 98 MDH pour un capital de 500 MDH. Déjà en 2003, cherchant à pallier le déclin graduel de la production et la hausse vertigineuse du coût du risque, les actionnaires avaient diligenté une étude sur la diversification de l’activité à travers la distribution du crédit à d’autres catégories de clientèle que les seuls MRE et/ou la constitution d’un réseau propre d’agences en vue de collecter des dépôts. Mais le souci de ne pas dénaturer l’objet social initial et, surtout, le spectre d’une forte concurrence des banques universelles, avait forcé BAA à faire marche arrière.
Aujourd’hui, avec la persistance de la crise (à fin juin 2005, les créances à la clientèle continuent de décliner, s’établissant à 321,3 MDH contre 394,4 MDH un an auparavant), la banque semble résignée à chercher des alternatives en investissant le créneau en très forte croissance du crédit immobilier, en plus de celui destiné aux projets d’investissement des MRE. Certes, cette diversification pourrait juguler la contraction des volumes de la production, mais il restera à l’établissement à résoudre une équation assez délicate : comment être compétitif sur un produit très concurrentiel où les banques commerciales ont consenti une baisse considérable de leurs marges, alors qu’elles ne disposent pas du levier de la collecte des dépôts pour baisser le coût du refinancement ?.
Jawad Benbrahim - La Vie éco