Ihsane Haouach invitée à retirer son voile
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En Belgique, la condamnation de la Stib par le tribunal du travail de Bruxelles pour discrimination fondée sur les convictions religieuses et le genre a relancé le débat sur les notions de neutralité et de laïcité. Des spécialistes donnent leur avis sur ce sujet complexe et surtout très clivant.
« La laïcité et la neutralité ne sont pas des concepts juridiquement établis en Belgique. Ce sont des concepts fonctionnels. J’entendais ce matin (31 mai) Rajae Maouane (co-présidente d’Écolo) dire que la neutralité est inscrite dans la constitution, je ne l’y ai pas trouvée. La neutralité, dans notre ordre juridique, nous ne l’employons que dans l’enseignement. Nous avons l’habitude de qualifier notre régime des cultes de « neutre » pour le distinguer du régime français qui est laïque. Mais ce n’est pas explicité comme cela dans la constitution », explique à BX1 Caroline Sägesser, chargée de recherche au Centre de recherche et d’informations socio-politiques (Crisp) et spécialiste de la laïcité.
« Dans les deux cas, il y a un socle qui est la séparation de l’Église et de l’État. La neutralité est une obligation d’égalité de l’État qui doit considérer tout le monde et toutes les religions de la même façon », rappelle-t-elle, soulignant que la neutralité est l’esprit de la constitution belge qui sépare l’État et le culte. « L’État regarde toutes les convictions de la même façon. Il n’en favorise aucune… », indique-t-elle, relevant qu’il manque aussi une loi. « Nous avons un principe de neutralité de service public et des agents des services publics. Nous manquons toutefois d’une loi qui viendrait détailler comment cette neutralité doit s’exprimer, y compris dans leur apparence ».
À propos du débat sur la neutralité exclusive ou inclusive, la spécialiste précise : « La neutralité exclusive souligne que pour que le caractère neutre de l’État soit rigoureusement respecté, il ne peut y avoir aucune marque de conviction religieuse, ni sur les bâtiments religieux, ni sur les fonctionnaires qui rendent un service public. Par contre, la neutralité inclusive précise que les gens doivent être traités de la même façon quel qu’ils soient. Mais qu’il convient de tolérer que, les fonctionnaires qui servent l’État, aient des marques qui indiquent leur origine culturelle ou religieuse… ».
Hervé Hasquin, ancien ministre, recteur et président du CA de l’ULB, s’invite dans le débat : « La Constitution belge de 1830, énonce déjà toute une série de principes. La Belgique n’est pas la France, on les confond souvent. Cela a le don de m’énerver. Le grand principe chez nous, c’est qu’il y a une séparation de l’Église et de l’État. Quand on dit cela, on dit tout. En Belgique, on reconnaît toutes les libertés. Nous avons été un des pays les plus démocratiques au monde au XIXᵉ siècle avec cette constitution. »
« J’ai autorisé, quand j’étais recteur, à l’Université Libre de Bruxelles que les étudiantes portent le foulard si elles le souhaitaient. Pendant trente ans, il n’y a jamais eu de problème à l’ULB avant qu’un professeur ne complique la situation », se souvient-il, reconnaissant que le foulard peut être une attitude politique. « D’ailleurs, on favorise cette attitude politique en parlant autant. Je me suis suffisamment occupé de sociologie religieuse pour pouvoir aborder cette question : plus on en parle, plus on renforce les convictions. Je suis pour la liberté religieuse et de conviction à la condition que l’on respecte les lois de l’État belge », conclut le spécialiste.
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