Le taux d’immigration (permanente comme temporaire) au Québec a explosé après la pandémie du Covid-19. Entre 5 et 10 immigrants pour 1 000 habitants jusqu’en 2016, il a atteint 25 pour 1 000 en 2023, note l’étude. Une « situation anormale » due notamment au nombré élevé de résidents non permanents, estimés à environ 615 000, soit près de 7 % de la population québécoise. Si rien n’est fait, ce nombre augmentera jusqu’à un million d’ici quelques années, prévient l’étude réalisée sur la base des données de Statistique Canada, de l’Institut de la statistique du Québec et de l’OCDE.
L’économiste Pierre-Carl Michaud révèle en outre que l’immigration n’a pas vraiment contribué à réduire la pénurie de main-d’œuvre. Alors que Montréal qui n’a pas un besoin particulier de main-d’œuvre en a reçu énormément, des régions en crise comme Québec ou Chaudière-Appalaches en ont cruellement manqué entre 2015 et 2023, note l’étude, soulignant que « la Capitale-Nationale avait plus de 30 postes vacants pour 100 chômeurs en 2015. Ce ratio était passé à 175 postes vacants pour 100 chômeurs en 2023 ».
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L’étude met aussi l’accent sur l’incidence économique quasi « neutre » de l’immigration, expliquant que les migrants contribuent à la hausse du niveau de vie des Québécois. Sans immigration, le PIB par habitant du Québec enregistrerait une baisse de 38 % en 2070, indique l’étude, précisant qu’avec l’arrivée de 50 000 migrants par année, le niveau de vie tournerait autour de 10 % du PIB par habitant d’ici 45 ans. « En deçà de 70 000 nouveaux immigrants permanents, il y a dégradation du PIB par habitant », analyse l’économiste.
« On pourrait même penser que la croissance économique pourrait être plus importante en l’absence d’une main-d’œuvre abondante qui forcerait les entreprises à investir en machinerie, en équipement et autres stocks de capital. […] Devant un phénomène structurel de pénurie de main-d’œuvre, on aime mieux, en général, encourager l’automatisation », poursuit-il, préconisant l’arrivée de 70 000 nouveaux résidents permanents par année pour asseoir une politique d’immigration « soutenable » qui ne va pas « créer des changements importants dans les salaires des travailleurs ».