
Des travailleurs marocains exploités dans la région de Bordeaux
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Des dizaines de travailleurs migrants dont des Marocains, exploités par l’agence de recrutement et de placement Iris, ont manifesté lundi devant les locaux de l’agence à LaSalle pour réclamer leurs droits.
« Si je suis là, c’est pour dénoncer, dénoncer et dénoncer afin qu’une solution finale soit trouvée au problème », a déclaré auprès du Devoir un manifestant et ancien employé de cette agence. Le migrant dit avoir travaillé sans salaire et sans un contrat de travail pendant des mois. « J’ai vécu beaucoup d’abus », a-t-il ajouté. Comme lui, d’autres migrants ont été victimes du « recrutement frauduleux » opéré par cette agence au Québec. « Écœurés d’être méprisés », pouvait-on lire sur une pancarte brandie par les manifestants mobilisés à Lasalle lundi, devant les locaux de l’agence Iris.
Dans une enquête publiée les 9 et 10 avril derniers, le média révélait que cette agence montréalaise avait « loué » des travailleurs avec un permis fermé à d’autres entreprises ailleurs au Québec. Une pratique pourtant illégale. Selon la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) qui a déposé plainte contre elle, l’agence devait également près de 100 000 dollars canadiens de salaires impayés à plusieurs de ces employés. Le 15 avril, en réponse à ces plaintes, le ministre du Travail a révoqué les deux permis de l’agence Iris, relatifs au recrutement et au placement de personnel de l’agence.
À lire : Des Marocains « loués » au Canada
« C’est une situation dont on se réjouit, mais ce n’est évidemment qu’une première étape », a affirmé Laura Doyle Péan, membre du Centre des travailleurs et travailleuses immigrants, qui participe à la manifestation. « On est ici pour réclamer l’argent » de ces employés, ainsi que leurs documents que l’agence tarde à leur remettre, a-t-elle indiqué. Les travailleurs confirment que l’agence ne leur a jamais fourni de relevés d’impôt, document obligatoire pour les démarches d’immigration. « Si j’ai exercé dans tel établissement, je dois recevoir une preuve », a dénoncé un travailleur, regrettant la situation « désastreuse » dans laquelle l’agence les a plongés.
« Qu’avons-nous fait de mal ? Avons-nous eu tort de rêver vouloir venir au Canada ? », se demande une ancienne employée de l’agence, déplorant le fait que la CNESST et le gouvernement n’aient pas pris cette affaire au sérieux. « Est-ce que vous pouvez mesurer la portée du poids psychologique qu’on supporte en ce moment ? C’est très difficile. » Sanctionnée par le ministère, l’agence Iris n’est plus autorisée à « louer » du personnel à d’autres d’employeurs. Si elle persiste dans ces pratiques illégales, elle s’expose à des poursuites pénales et des amendes allant de 600 à 6 000 dollars canadiens.
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