Les pays développés font face à des pénuries croissantes de personnel de santé. Un nouveau rapport de l’OCDE, publié ce lundi 3 novembre, révèle que pour combler leurs besoins, ces États ont massivement recours à des médecins et infirmiers formés à l’étranger, une tendance qui s’est fortement accélérée.
L’organisation internationale constate que si les pays membres ont augmenté leurs propres capacités de formation, cela n’a pas suffi. En conséquence, « le recrutement de médecins et de personnel infirmier à l’international a lui aussi continué d’augmenter ». Les chiffres sont parlants : entre 2001 et 2021, le nombre de médecins nés à l’étranger exerçant dans l’OCDE a augmenté de 86 %, et celui des infirmiers de 142 %.
Les États-Unis sont, de loin, le principal pays d’accueil de ces professionnels, avec un million de soignants nés à l’étranger. Ils sont suivis par l’Allemagne (330 000) et le Royaume-Uni (308 000). La France arrive en sixième position avec près de 90 000 professionnels, les étrangers représentant 18 % de ses médecins.
L’Afrique du Nord, principal vivier pour la France
Le rapport souligne que l’Asie est le premier continent d’origine de ces soignants au niveau global (40 % des médecins). L’Inde est le premier pays fournisseur de docteurs. La France se distingue cependant par un recrutement très ciblé géographiquement.
Pour l’Hexagone, les pays les plus pourvoyeurs de médecins sont l’Algérie, la Tunisie et le Maroc. Au total, 49,4 % des médecins étrangers exerçant en France sont originaires du continent africain.
Certains pays, comme la Finlande, ont mis en place des « efforts délibérés » pour attirer ces profils, en proposant des formations en anglais couplées à des cours de langue locale. Le rapport note aussi le cas particulier de la Roumanie, d’où viennent de nombreux médecins : il s’agit en fait majoritairement de ressortissants français qui partent y étudier la médecine avant de revenir exercer en France.
L’OCDE met toutefois en garde contre les effets « en cascade » de cette mobilité. Jean-Christophe Dumont, l’un des auteurs, souligne que cette immigration a des répercussions sur les pays d’origine, qui se retrouvent eux-mêmes en pénurie. Sept pays dans le monde ont désormais plus de médecins travaillant dans l’OCDE que sur leur propre territoire, un phénomène qui touche principalement les Caraïbes et l’Afrique subsaharienne.