A en croire les professionnels du secteur, la réponse varie en fonction de plusieurs critères. A commencer par celui du lieu du projet immobilier. « Nous continuons de vendre sans baisser les prix, mais le rythme a nettement baissé à Marrakech. A Casablanca et Rabat, en revanche, la demande n’a pas beaucoup fléchi », soutient Karim Belmaâchi, DG d’Alliances Développement.
Le lieu d’implantation, la ville, est aussi déterminant. « A Casablanca et Rabat, nos produits peuvent très bien être considérés comme des résidences principales. Mais on ne peut pas en dire autant des résidences de la ville ocre où les clients ne peuvent acquérir que des résidences secondaires. Et dans un contexte de crise, le secondaire ne fait pas le poids devant le principal », ajoute M. Belmaâchi.
Rares sont les promoteurs étrangers qui s’en sortent
Un avis largement partagé par Rachid Khayatey, DG de KLK Immobilier et vice-président de la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI). Selon lui, la crise n’est pas uniforme, elle se ressent différemment selon que l’on se trouve dans des villes touristiques ou pas. « Dans l’axe Casablanca-Rabat, l’activité connaît une toute petite baisse de 10 à 15%, mais à Marrakech, le ralentissement des ventes est beaucoup plus visible », confirme M. Khayatey.
Youssef Ibn Mansour, président de la FNPI, estime pour sa part que la crise immobilière mondiale a beaucoup impacté le revenu de la clientèle cible, notamment les Français et les Espagnols. « Ce qui a conduit à un tassement des ventes pour ces projets. Sachant que plusieurs de ces opérateurs réalisent leurs ventes sur plan (ndlr, en l’état futur d’achèvement), le ralentissement des ventes empêche l’avancement du projet puisque les avances des clients permettent aux promoteurs de poursuivre la construction », analyse M. Ibn Mansour. Selon lui, sur la dizaine de promoteurs étrangers qui s’intéressent à l’immobilier de luxe, rares sont ceux qui tirent leur épingle du jeu. « On peut d’ailleurs citer dans cette catégorie des investisseurs du Golfe tel que Emâar, Sama Dubaï ou encore CMKD. Ces derniers souffrent moins des problème de trésorerie et sont donc moins sensibles au tassement des ventes », explique M. Ibn Mansour. Quant à Youssef Benamour, DG de Hamptons International Afrique du nord, filiale d’Emaar qui commercialise plusieurs projets de luxe au Maroc, il est d’avis que le « grand » luxe ne souffre pas de la crise immobilière. En revanche, précise-t-il, « l’immobilier haut standing connaît un ralentissement surtout à Marrakech en raison de l’abondance de l’offre dans cette ville ».
Quoi qu’il en soit, tassement des ventes ou pas, tous les professionnels du secteur s’accordent à dire que la baisse des prix n’interviendra pas sans pression sur les promoteurs. Autrement dit, « ce sont les promoteurs qui comptent sur les avances des clients pour construire qui seront pris à la gorge et qui seront, peut être, les premiers à baisser leurs prix », prévoit M. Ibn Mansour. Reste à savoir quand se réalisera la prophétie ?
Source : La vie éco - Naoufal Belghazi