Comment sont vus les MRE dans leur pays d’accueil ?

9 août 2002 - 19h08 - Espagne - Ecrit par :

Après l‘échec du sommet de Séville et devant la complexité du problème économique politique et humain de l’immigration l’Europe incapable d‘harmoniser sa législation prend des mesures en ordre dispersé.
Le mouvement général de durcissement des lois se fait donc au niveau national.
On va juger ici des grandes disparités d‘approche des principaux pays européens mais aussi de la tendance générale.

La France
La droite revenue totalement au pouvoir a toujours, derrière jacques Chirac, refusé l‘amalgame insécurité- immigration.
Ce pays n‘entend pas semble-t-il malgré le succès de Le Pen au premier tour de la présidentielle durcir ses lois.
En France le droit d’asile donne accès à un permis de séjour de trois mois et à des allocations .
Pour les clandestins dans les faits les reconduites à la frontière sont très rares .
Les immigrés bénéficient largement du regroupement familial qui est devenu, avec 80000 entrées par an, la principale origine de l‘augmentation de l‘immigration légale. La France malgré des difficultés veut maintenir une ligne humaine et équilibrée.

Italie
La droite au pouvoir doit tenir compte de ses alliés de l’alliance nationale et de la ligue du nord deux partis de gouvernement très droitiers .
Le durcissement est évident. Toute carte de séjour est liée à un contrat de travail. Les clandestins sont expulsés et emprisonnés en cas de récidive . Le regroupement familial est limité en fait aux enfants mineurs. L‘Italie veut frapper les passeurs clandestins durement par les amendes et la prison et n’a pas de véritable politique d’asile .
Ce pays qui paraissait un paradis de l‘immigration a changé de cap malgré les protestations de la gauche et des associations .

Espagne
Madrid réduit le regroupement familial en s’alignant sur l’Allemagne et en le limitant aux moins de 16 ans .
Aznar revient sur la possibilité de légalisation des clandestins qui séjournent dans le pays depuis plus de 5 ans. Dans les faits l’expulsion des Marocains se fait dans les 72 heures. Ce qui est un cas unique en Europe et l‘un des éléments des rapports difficiles entre les deux pays depuis des mois. L’Espagne qui ne connaît pas de mouvements populistes menaçant sa droite a décidé, semble-t-il, de prendre la direction de l’Europe des durs sur l‘immigration et l‘échec de Séville dans ce domaine a été, nous l‘avons vu un échec d‘Aznar .

L’Allemagne
Ce pays pratique une politique de quotas avec les pays partenaires depuis la chute de l‘URSS à l‘Est.
Cette politique favorise une immigration des cerveaux, une tendance que l‘on voit en France depuis peu également avec la carte de séjour pour les chercheurs. Le regroupement familial sera limité lui aussi aux enfants mais de moins de 12ans.
L’Allemagne veut obliger les pays à reprendre leurs clandestins quand la nationalité de ces derniers est prouvée et veut réduire le statut de réfugié. Il s’agit là d‘endiguer le flot de l’Europe de l’Est mais aussi et surtout de Turquie avec notamment les réfugiés Kurdes.
On trouve la même politique en Autriche avec l‘obligation de parler allemand. Les étrangers ont 5 ans, faute de quoi ils peuvent perdre leur statut et risquent l’expulsion.

La Grande Bretagne
Tony Blair envisage une limitation du droit d’asile, la reconduite à la frontière des réfugiés. L‘immigration en GB est avant tout économique mais le royaume était très largement ouvert aux réfugiés des pays membres du Commenwealth. Quand on était sur le territoire de la GB on était tranquille, le contrôle d‘identité étant interdit, mais cela aussi a changé. La GB préconise une ligne dure avec l‘interception par la marine de bateaux de réfugiés loin de chez elle et la fermeture du camp de transit de Sangate sur le territoire Français.

Pays Bas
Sous la poussée des populistes, la Hollande si généreuse par tradition, limite le regroupement familial et expulse les demandeurs d’asiles sans papiers d’identité.
C‘est la rupture la plus nette avec le Danemark (où pourtant il y a très peu d’immigration) vis-à-vis d’une politique d‘hospitalité et de générosité qui dans le droit protégeait l’immigré même sans papiers.
On peut donc conclure que l‘Europe a tendance à durcir ses lois et à fermer ses portes.
Ce qui a été refusé à Séville paraît parfois se mettre en place dans certains pays d‘immigration .
L’immigré, de plus en plus, pour devenir résident régulier devra obtenir un permis de travail avant sa carte de séjour.
Ce permis de travail fixera la durée en fait du permis de séjour et le regroupement familial sera moins familial .
Pour les clandestins c‘est la fermeté et la répression qui est envisagée avec une lutte contre les filières mafieuses pour décourager les exploiteurs de la misère et du rêve.
Le droit d‘asile politique se réduit également comme une peau de chagrin. La misère économique est de moins en moins prise en compte comme étant un état de nécessité, il faut une persécution politique avérée ou une guerre.
Pour certains, cette évolution est inhumaine, mais pour d’autres, elle est insuffisante. L’Europe subit sur l’immigration une pression de partis extrémistes qui sont plus ou moins contenus mais qui vont se trouver considérablement renforcés par l’ouverture à l’Est qui va incomber à la présidence danoise.

Source : le Reporter

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Sujets associés : France - Espagne - Intégration - Immigration

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