L’Espagne conserve le contrôle du trafic aérien du Sahara depuis 1976. ENAIRE, l’entreprise publique espagnole chargée de la gestion de l’espace aérien, continue de surveiller cet espace depuis l’aéroport de Gando (Grande Canarie). Rabat et Madrid avaient négocié le transfert de cet espace, mais ne sont parvenus à un accord, a récemment déclaré Ali Achour, ancien diplomate marocain et auteur du livre « Sahara marocain : 20 questions pour comprendre », publié à Rabat en 2015.
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Dans un article publié la semaine dernière dans le quotidien Barlamane, Achour a affirmé qu’« en ce qui concerne les provinces du sud, le Maroc a pris des mesures pour céder la gestion du trafic aérien dans la région. Plusieurs réunions ont eu lieu entre les équipes techniques des deux pays, mais sans aboutir à un résultat ». A en croire l’ancien ambassadeur du Maroc auprès de pays d’Amérique latine, l’Espagne s’est également « opposée aux modifications des limites des zones FIR (Flight Information Region) » proposées par le Maroc « afin de pouvoir couvrir le nord de son territoire ».
Pour l’ex-chef de cabinet du ministre des Affaires étrangères, l’Espagne a pris cette décision « pour maintenir le contrôle du trafic aérien au-dessus de ses enclaves » de Ceuta et Melilla. Dans la feuille de route signée à Rabat entre l’Espagne et le Maroc, à l’occasion de la visite du président Pedro Sánchez le 7 avril 2022, les deux parties ont indiqué que « des discussions seront entamées sur la gestion de l’espace aérien », laissant entrevoir un transfert du contrôle de cet espace par l’Espagne au Maroc, après le soutien de Sanchez au plan marocain d’autonomie du Sahara.
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Lors de son intervention le 18 décembre dernier au Congrès, José Manuel Albares, le ministre espagnol des Affaires étrangères, a soutenu que la cession de ce contrôle aérien n’était pas à l’ordre du jour. Mais « quel peut être l’intérêt de Madrid à maintenir le contrôle aérien d’un territoire sur lequel l’Espagne n’exerce aucune autorité politique ? Qu’est-ce qui empêche aujourd’hui le gouvernement espagnol, qui s’est retiré par terre et par mer du Sahara en 1976, de faire de même dans les airs ? », s’est interrogé Ali Achour dans son article.
L’ancien diplomate marocain suggère la signature d’un accord bilatéral entre Rabat et Madrid afin de « mettre fin aux responsabilités spécifiques espagnoles qui datent du passé ». Cet accord serait ensuite soumis à l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), pour validation. Le hic réside dans le fait qu’aux yeux de l’ONU, le Sahara occidental est toujours un territoire non autonome et que l’Espagne en est la puissance administrante. Le transfert de l’espace aérien sahraoui au Maroc serait un pas de plus vers la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur ce territoire. Les États-Unis et la France ont déjà reconnu la marocanité du Sahara.