Aucune convention de logement social signée en 2008

4 août 2008 - 18h16 - Economie - Ecrit par : L.A

Il fallait s’y attendre : la modification des incitations fiscales a eu un impact significatif sur le logement social. En effet, les conventions signées en 2006 dans le cadre de l’article 19 de la loi de Finances n°26-99 ont été au nombre de 11, contre 5 en 2007. En 2008, aucune convention de ce type n’a été signée.

Pour rappel, selon les dispositions de l’article en question, est considéré comme habitat social tout logement dont la superficie et dont la VIT (valeur immobilière totale) n’excèdent pas respectivement 100 m2 et 200.000 DH. De plus, le promoteur immobilier signataire d’une convention avec les ministères de l’Habitat et des Finances s’engage à réaliser son programme dans un délai de cinq ans.

En contrepartie, selon la loi de Finances d’avant modification, les investisseurs intéressés par le créneau du logement social se voyaient accorder l’exonération totale des charges fiscales : droits d’enregistrement, impôt des patentes, TVA, IS, IR, taxe urbaine...

Mais depuis l’entrée en vigueur de la loi de Finances 2008, fini les incitations fiscales. Un taux d’imposition de 17,5% au titre de l’IS est applicable à tout le monde. Et cet avantage n’est pas pour durer. Il prendra fin en 2011, année où les promoteurs immobiliers, toutes catégories confondues, débourseront 30% d’IS.

Un promoteur immobilier tourne en dérision les mesures fiscales véhiculées par l’article 19 de la loi de Finances : « Même à 100% d’exonération fiscale, l’investissement dans le logement social n’est plus intéressant pour nous. Comment voulez-vous investir dans un secteur où le prix du foncier et des matériaux est devenu hors de portée ? Avant, le prix de revient du logement construit atteignait à peine 1500 DH tout compris. Maintenant, il dépasse les 2000 DH à cause de la flambée du prix du foncier, des matériaux de construction, etc. ».

Pour ce promoteur immobilier, d’autres facteurs contribuent à la surenchère de l’acte de bâtir : « La capacité de production des promoteurs immobiliers qui montre ses limites, la rareté du sable, du ciment, de la main-d’œuvre aussi. Maintenant, il est devenu très difficile de trouver de bons maçons et de bons carreleurs ». Un autre promoteur se pose même la question de l’intérêt d’investir dans l’habitat social : « Pourquoi je vais me lancer dans ce secteur alors que j’ai des programmes immobiliers à 1 million de DH, avec des marges plus intéressantes ? » Le promoteur argue qu’à 2000 DH le mètre carré viabilisé, et 200 logements sociaux à l’hectare, l’incidence directe du prix du foncier sur celui du logement social est évaluée à pas moins de 100.000 DH par unité. « Avec ces prix, le logement social n’est plus attractif, sauf si l’on construit à Er-Rachidia, mais cela ne risque pas d’intéresser grand monde », ironise-t-il.

Source : L’Economiste - Hassan El Arif

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Immobilier - Impôts - BTP

Ces articles devraient vous intéresser :

Immobilier au Maroc : des changements pour la cession des biens

Au Maroc, l’administration fiscale a changé les modalités de cession des biens immeubles, afin d’augmenter les rentrées des taxes locales, parent pauvre des recettes du Trésor.

Immobilier au Maroc : voici ce que rapportent les contrôles fiscaux

Les contrôles fiscaux effectués par la direction générale des impôts (DGI), sous l’égide du ministère de l’Économie et des Finances sur les promoteurs immobiliers au cours des trois dernières années (2020-2023) ont rapporté gros.

Au Maroc, la fin des chantiers sans garanties d’assurance

Au Maroc, les assurances construction (Tous Risques Chantier et Responsabilité Civile Décennale) sont désormais obligatoires. La mesure vise à garantir une meilleure gestion des risques sur les chantiers en cours et futurs, et une couverture totale en...

Immobilier en Espagne : les Marocains parmi les principaux acheteurs

Le marché immobilier espagnol reste un eldorado pour les investisseurs étrangers. Selon les dernières données, ces derniers ont acquis 15 % des logements vendus au cours du dernier trimestre, soit un point de plus qu’il y a dix ans. Parmi eux se...

Maroc : des entreprises dans le viseur du fisc

Dans le cadre de la lutte contre la fraude fiscale, les contrôleurs fiscaux se concentrent sur les petites et moyennes entreprises (PME) situées dans la région de Rabat-Casablanca, en situation de déficit depuis plusieurs années.

Fisc : Le Maroc ajuste l’IS et l’IR dans la Loi de finances 2024

Au Maroc, des ajustements ont été apportés à l’Impôt sur les sociétés (IS) et l’Impôt sur le revenu (IR) dans le cadre de la Loi de finances 2024.

Maroc : l’attestation qui plombe le marché de l’immobilier

Les nouvelles mesures concernant l’attestation fiscale, en vigueur depuis le 1ᵉʳ juillet dernier au Maroc, portent un sérieux coup de frein aux transactions immobilières, dénoncent les notaires.

Maroc : le boom des appartements contraint les hôtels à revoir leurs tarifs

Au Maroc, une autre forme d’hébergement prospère au détriment des hôtels. Il s’agit des locations d’appartements touristiques qui ont pignon sur rue.

Maroc : les MRE dopent le marché immobilier

Le programme d’aide directe au logement connait un gros succès auprès des Marocains résidant à l’étranger (MRE). Quelque 21 % des demandes enregistrées sur la plateforme numérique « Daam Sakane » émanent des MRE qui représentent par ailleurs 23 % des...

Immobilier au Maroc : le fisc marocain en alerte

L’existence de nouvelles pratiques frauduleuses a poussé les services de contrôle de la Direction générale des impôts (DGI) à intensifier leurs inspections fiscales à l’encontre de plusieurs promoteurs immobiliers et entreprises spécialisées dans la...