Démocratisation d’Internet : Les cybercafés résisteront-ils ?

10 février 2007 - 00h05 - Economie - Ecrit par : L.A

Les cybercafés seraient-ils menacés de disparition ? Avec le PC et Internet qui se démocratisent, on serait tenté de le croire. Certes, le nombre de foyers raccordés au réseau des réseaux a doublé entre 2004 et 2005, selon la dernière enquête de l’ANRT et l’Apebi, s’élevant à 240.000. Mais, des cybers, il en continue de naître, encouragés par la baisse des prix d’Internet et le commerce qu’ils engendrent.

D’après l’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT), aujourd’hui, le nombre de cybercafés au Maroc est d’environ 11.500 et « le taux de renouvellement des autorisations est de l’ordre de 60% ». 3.500 espaces de ce genre ont été créés en 2006, contre 4.200 une année auparavant. Ce recul augure-t-il d’une tendance structurelle ? Toujours est-il qu’avec la baisse des prix de connexion (une heure de navigation coûte entre 5 et 10 DH selon les quartiers), de nombreux cybers se rabattent sur d’autres services comme la télécopie, la vente de CD et autres friandises pour gonfler leurs revenus. Est-ce à dire que l’activité n’est plus aussi lucrative qu’à ses débuts ?

Plusieurs cybers, petits et grands, ont mis la clé sous le paillasson.
La fermeture la plus spectaculaire est sans doute celle de Giganet, réputé le plus grand cybercafé d’Afrique. Une feuille affichée à la porte du cyber casablancais (Bd Zerktouni) signale « en travaux ». Pourtant à l’intérieur, il n’y a pas âme qui vive et la porte en verre est soigneusement fermée. Aucune trace, donc, de travaux et tout le matériel est encore en place. Selon le voisinage « Giganet a bonnement et simplement fermé ». La ligne téléphonique a été suspendue. L’adresse sur le Net aussi. Là, c’est certainement la démocratisation de l’Internet qui a eu raison de cet espace même si beaucoup parlent aussi de difficultés de gestion.

Devenu même un point de repère pour les touristes, Giganet accueillait une population de tous âges, qui pour travailler, qui pour chatter, ou jouer… Ses clients se comptaient parmi la classe moyenne, voire moyenne supérieure, capable aujourd’hui de s’offrir un PC et une connexion ADSL. Pour un abonnement à 200 DH, l’internaute à domicile a accès à la toile 24h/24h pendant un mois. Avec le même budget et à raison de 10 DH de l’heure, à Giganet, on ne pouvait se connecter que moins d’une journée par mois.

Mais Giganet, ouvert 24 heures sur 24 de son temps, était plus qu’un cyber. Conçu comme un lieu de détente et de rencontre, il faisait le bonheur des internautes casablancais et même d’ailleurs. Les adolescents particulièrement se délectaient de ces longs après-midi consacrés spécialement aux jeux vidéo. Dans un cadre agréable et convivial, c’était l’effervescence autour d’une centaine de PC. Vu la pénurie des espaces de jeux, ne serait-ce que virtuel, voilà tout un pan de la jeunesse casablancaise déçue.

Toujours plus d’abonnements

Avec 399.720 abonnés, Internet poursuit sa pénétration avec une croissance de 52,4% entre 2005 et 2006, selon les derniers chiffres de l’ANRT. Ces derniers englobent tous les segments de clientèle (entreprises, foyers, cybercafés). Une ascension de 253% depuis 2004 portée par l’ADSL. En 2006, 390.843 abonnés privilégiaient ce mode de connexion, soit 97,8% du total.

L’Economiste - Loubna Moussali

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Hi Tech - Informatique - Internet

Ces articles devraient vous intéresser :

Le Maroc doit-il s’inquiéter pour le sabotage des câbles sous-marins ?

Après le sabotage des gazoducs Nord Stream 1 et 2, le Maroc doit-il craindre celui des câbles sous-marins utilisés pour l’Internet ou l’électricité ?

AliExpress et Shein : la douane marocaine mène la vie dure aux acheteurs

Malgré la suppression de l’exonération des frais de douane sur les transactions d’une valeur inférieure à 1 250 DH, les Marocains n’ont pas arrêté de faire des achats en ligne à l’international, notamment sur les sites chinois (AliExpress et Shein)....

Taxes en hausse au Maroc : les téléphones coûteront plus cher

Le gouvernement marocain prévoit d’augmenter le droit d’importation appliqué aux smartphones. Par conséquent, les prix de ces appareils pourraient augmenter de façon significative.

Les travaux du câble sous-marin « Medusa » traversant le Maroc, bientôt lancés

La construction de « Medusa », le câble sous-marin devant relier l’Afrique du Nord au sud de l’Europe en passant par le Maroc, va bientôt démarrer. Il vise à favoriser la connectivité dans la région.

Capgemini a recruté cette année 2000 ingénieurs au Maroc

Le Maroc entend devenir l’une des destinations mondiales de l’ingénierie technologique. À cet effet, le gouvernement a signé, mardi, deux mémorandums d’entente avec Capgemini, entreprise internationale spécialisée dans le conseil et la transformation...

Le Maroc accélère sur la 5G en vue de la coupe du monde 2030

Le ministère de la Transition numérique et de la réforme de l’administration aura à charge la gestion des télécommunications lors de la coupe du monde 2030. Ainsi en a décidé le Comité marocain d’organisation du tournoi.

Interdire ou réguler TikTok ? Le Maroc cherche la solution

Menacé d’interdiction aux États-Unis et en Europe, TikTok est de plus en plus décrié dans le monde. Au Maroc, des voix continuent d’appeler à l’interdiction de l’application chinoise. Mais plutôt que de l’interdire, des experts appellent à encadrer son...

Le Maroc teste un système de santé intelligent

Le Maroc prévoit d’installer un « système de santé intelligent » dans les centres de santé des régions de Rabat-Salé-Kénitra (16), Fès-Meknès (15), Beni Mellal-Khénifra (11) et Draâ-Tafilalet (11). Cette première phase du projet devrait nécessiter un...

Ramadan et réseaux sociaux : les photos d’iftar divisent

Pendant le mois sacré de Ramadan, de nombreux influenceurs marocains publient quotidiennement sur les réseaux sociaux des photos de tables garnies de mets et de boissons pour la rupture du jeûne (iftar). Un comportement perçu comme de la provocation...

Maroc : ces régions oubliées de l’internet

Lors d’un débat organisé par le Parti Authenticité et Modernité (PAM), Ghita Mezzour, ministre de la transition numérique et de la réforme de l’administration, a révélé la part du territoire marocain sans couverture internet.