Discrimination à l’embauche : les employeurs français pointés du doigt

14 mars 2007 - 11h04 - France - Ecrit par : L.A

Le Bureau international du travail (BIT) a mesuré, à travers une enquête publiée, mercredi 14 mars, les discriminations à l’embauche en France, arrivant à la conclusion que, quatre fois sur cinq, les employeurs préfèrent embaucher un candidat "d’origine hexagonale ancienne" plutôt que son collègue d’origine maghrébine ou noire africaine.

"Collectivement, les employeurs testés ont très nettement discriminé les candidats minoritaires", souligne le BIT. "Seulement 11 % des employeurs ont respecté tout au long du processus de recrutement une égalité de traitement entre les deux candidats", ajoute l’enquête, réalisée entre fin 2005 et début 2006 en coordination avec le ministère de l’emploi.

Pour les besoins de cette enquête, des étudiants ou des comédiens, dûment formés pour l’exercice, ont postulé à 2 440 offres d’emploi dans les secteurs de l’hôtellerie-restauration, de la vente ou du commerce dans plusieurs grandes villes de France. Ils ont adopté les pseudonymes de Jérôme Moulin, Marion Roche, Kader Larbi, Aminata Bongo ou Binta Traoré. Le nom était donc la seule différence puisqu’ils possédaient tous un CV rigoureusement équivalent en termes de scolarité, formation, qualifications, expérience, mobilité et lieu de résidence.

"Rappelez-moi la semaine prochaine"

Après un contact initial, les deux candidats concurrents ont essuyé un refus (32,8 %), été priés de patienter (22,3 %) ou bien ont tous les deux été convoqués pour un entretien (13,3 %) ou pour une évaluation (3,6 %). Lorsque l’employeur effectue un choix avant même de rencontrer les deux candidats (28 %), il choisit quatre fois sur cinq le candidat d’origine "française", dit majoritaire, au détriment de celui qui possède un nom et un prénom à consonance maghrébine, en donnant notamment des réponses différentes.

Enfin, le BIT propose un florilège des réponses discriminatoires allant du mensonge basique – "le poste est déjà pourvu" – à la réponse embrouillée – "rappelez-moi en fin de semaine, on est quel jour ? ... on est vendredi... euh oui donc, rappelez-moi la semaine prochaine pour voir s’il y a du changement". L’enquête pointe aussi "une forme assez sournoise de discrimination" consistant à mettre en attente le candidat discriminé – "envoyez un CV", "rappelez" ou "on vous rappellera" – tandis que le candidat majoritaire reçoit une proposition d’entretien.

Le Monde

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