« Depuis que je suis arrivé en France, en 1957, on était invisibles. Aujourd’hui, on va exister. » L’homme est tellement ému qu’il a du mal à parler. Hier, il avait répondu, avec une cinquantaine d’autres, à l’invitation de Kamel Kabtane. Le recteur de la Grande Mosquée de Lyon avait convié les membres de la liste qu’il conduit pour l’élection du Conseil français du culte musulman à une réunion d’information.
Quatre listes. Le scrutin qui se déroulera le 13 avril opposera, dans la région Rhône-Alpes, quatre listes. Celle de Kamel Kabtane regroupe des musulmans proches de la sensibilité qu’incarne la Mosquée de Paris, partisane d’un islam moderne et républicain, les autres sont emmenées par la Fédération nationale des musulmans de France (FNMF, proche du Maroc), l’Union des organisations islamiques de France (UOIF, tendance fondamentaliste), la dernière regroupant les musulmans d’origine turque. Le 13 avril, tous les fidèles ne voteront pas. Chaque mosquée a droit, selon sa taille, à un certain nombre de délégués. Ce sont eux qui glisseront le bulletin dans l’urne. Ils éliront d’un même coup leurs représentants au CFCM (Conseil français du culte musulman) et au Conseil régional du culte musulman (CRCM).
L’échéance approchant, Kamel Kabtane s’est mis en campagne. Il est allé dans la Loire et la Drôme. Samedi, à Grenoble et en Savoie. Et dimanche, il avait invité ces délégués à la Grande Mosquée de Lyon. Une cinquantaine de personnes ont répondu à l’appel. La séance commence par une prière pour le peuple irakien. Puis Kamel Kabtane prend la parole. A priori, le vote des délégués lui est acquis, mais encore faut-il qu’ils prennent la peine d’aller voter. En Rhône-Alpes, l’unique bureau de vote sera installé à la mairie du VIe arrondissement de Lyon. « Le 13, chacun d’entre vous va accomplir un acte historique, martèle le recteur. Vous allez participer à la naissance de l’islam de France. Pour exister dans un pays, il faut être représenté. Le 13, vous donnerez à la communauté musulmane un visage et une voix. »
Visite promise. L’assistance lui est acquise. Les questions ne sont guère agressives. Un délégué de l’Ain se plaint de la difficulté de construire une salle de prière. Kamel Kabtane répond que ce sera justement le rôle du CRCM. Un autre délégué demande une minute de silence pour l’Irak et remercie la France pour avoir pris position contre la guerre. En conclusion, Kamel Kabtane annonce que Nicolas Sarkozy devrait venir à la Grande Mosquée de Lyon le 30 mars.
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