Du mauvais usage de l’Islam !

20 août 2002 - 07h52 - Maroc - Ecrit par :

L’Islam est mis à mal, souillé, bousculé dans son intégrité même, par des théologiens imposteurs et des criminels patentés, qui propagent impunément la haine et assassinent des citoyens innocents en son nom.

Que se passe-t-il ? Pouvons-nous tolérer l’intolérable, alors que les portes du changement sont largement ouvertes, alors qu’au Maroc l’espérance en une société libre, de droit et de justice sociale est à portée de main ?
Dans les circonstances actuelles, être inerte c’est déjà être mort. Que nous ne puissions toujours pas dénoncer et condamner avec intransigeance, force et détermination, tous ceux qui s’autorisent l’exclusivité de l’Islam, relèvent de ces silences coupables, lourds de conséquences.
Aujourd’hui, l’heure est grave : elle est à la mobilisation et au combat sans répit et sans concession, pour la sauvegarde de l’espérance de tous les Marocains en un véritable projet de société, et les actes concrets qui l’accompagnent.
Longtemps, la gauche marocaine fut le porte-drapeau de l’espérance de milliers de Marocains assoiffés de justice, d’équité, de droit et de vie meilleure, dans une société où l’on ne brade plus à chaque coin de rue sa dignité.
Alors, gauche marocaine ose l’audace !
Les législatives 2002 doivent être le moment d’oser le grand dessein d’une nouvelle société, et de mettre justement, précisément, au centre de l’action politique, au même titre que le combat contre la pauvreté et la misère, la détermination de rendre enfin justice à la femme marocaine.
Rappelons-nous... Il y a plus de deux ans, une manifestation venue d’un autre âge, se déployant dans les rues de Casablanca, a rejeté au nom d’une certaine prééminence sur l’Islam, un projet de propositions visant l’amélioration du statut de la femme marocaine.
Osons reprendre le combat pour l’égalité et les droits de la femme marocaine, et osons le dire, osons l’affirmer avec les mots les plus justes (et ils n’en manquent pas) : l’Islam ne peut être la propriété d’une seule personne ou d’un seul groupe, et nul ne peut s’arroger le droit absolu de dicter en son nom les règles et la ligne de conduite de tous et de chacun.
Osons poser publiquement un débat libre et fraternel autour de l’exégèse en Islam, et soulignons que nul n’est le dépositaire de la vérité absolue en la matière.
Osons exiger qu’on épargne l’Islam des aléas du combat politique, et osons le libérer de l’étreinte mortelle de l’obscurantisme intégriste qui ne s’accommode que de l’ignorance, la barbarie, la haine et surtout le crime lâche.
Face à l’extrémisme intégriste, osons rappeler haut et fort (d’ailleurs comment a-t-on pu l’oublier ?) que l’Islam ne peut être qu’intelligence, raison, bon sens, équité et justice pour tout être humain sans distinction aucune.
Face à tous ces théologiens imposteurs, osons poser comme principe incontournable et inaliénable, que l’Islam ne peut être que amour, respect de l’autre, tolérance, ouverture et humanisme.

Oui, aujourd’hui précisément, reprenons avec force le combat pour rendre justice à la femme marocaine, et dénonçons l’absolue lâcheté de celui qui lève sa main ou son esprit contre sa compagne, car cette femme peut être notre propre mère, notre propre fille, une soeur...
Et demandons à tous comment peut-on oublier un instant, un seul, que dans l’absolu il s’agit de l’égalité des droits de nos propres mères, nos propres filles, d’une soeur, d’une nièce, d’une cousine... Car la femme est tout cela et plus : Elle est l’autre regard, l’autre sensibilité, l’autre richesse, l’autre détermination et volonté... elle est, qu’on le veuille ou non, inéluctablement le complément indispensable au combat pour le progrès du pays.
Aucune ambition politique, aucun projet de société digne de ce nom ne peut se soustraire au devoir de justice, ici et maintenant, vis-à-vis de milliers de femmes qui ont souffert, et qui souffrent dans le silence le plus absolu, les conditions déplorables que leur réservent des us, des traditions et des rites érigées en loi au seul bénéfice des hommes.
Ce devoir de justice n’a de portée que s’il s’appuie résolument sur le seul combat politique qui vaille : celui de la réalisation du bien-être et d’une vie digne du plus grand nombre, et celui de l’institution du citoyen par l’éducation à la citoyenneté. Car dans l’absolu, même sous une constitution libre, même dans le cadre de règles démocratiques bien établies... Un peuple misérable et ignorant est esclave

Driss Meliani pour libération

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