Hôtels au Maroc : la fin du certificat de mariage ne plaît pas à tout le monde

28 mai 2024 - 22h00 - Maroc - Ecrit par : S.A

Au Maroc, la levée de l’exigence d’un certificat de mariage dans les hôtels est loin de faire l’unanimité. Alors que certains Marocains ont célébré cette évolution comme une étape vers plus de liberté personnelle et de vie privée, d’autres estiment que cette décision porte atteinte aux valeurs sociales marocaines et va à l’encontre des enseignements islamiques.

La police a contacté les propriétaires d’hôtels et leur a annoncé qu’il n’est plus permis d’exiger des contrats de mariage des couples lors de la réservation de chambres, et qu’une femme célibataire résidant dans la même ville peut louer une chambre. Cette nouvelle est diversement appréciée par les Marocains. « Bonne nouvelle, espérons que cela s’étende à tout le Maroc… nous ne vivons plus dans les années 1970 », commente un internaute marocain sur X. Un autre internaute marocain a qualifié cette décision de « grande nouvelle pour le pays ». Pour lui, il s’agit d’une question de liberté personnelle et de vie privée. D’autres internautes ont en revanche critiqué cette décision qui porte, selon eux, atteinte aux valeurs sociales marocaines et va à l’encontre des enseignements islamiques. « Nous sommes dans un pays musulman et non libéral ! Qu’Allah guide son peuple », a déclaré un internaute marocain sur X. Il y a des internautes marocains qui pensent que la décision ouvre la porte à des comportements contraires aux mœurs marocaines et encourage l’adultère, rapporte Morocco World News. Certains ont adopté une position neutre. Ils ont plaidé pour le droit des femmes à accéder à un logement sans discrimination. « Une femme autorisée à séjourner seule à l’hôtel ne devrait pas être interdite. Cependant, les couples sans acte de mariage sont une autre affaire », a déclaré un autre internaute.

À lire :Maroc : présenter un acte de mariage dans les hôtels c’est fini

Younes Mendris, propriétaire du Riyad à Fès, s’invite dans la controverse. Selon lui, les récentes déclarations des hôteliers concernant l’acceptation des couples non mariés sont des « opinions personnelles » et ne reflètent pas les réalités juridiques. « Seul le législateur a le pouvoir de criminaliser ou d’autoriser de telles pratiques par les voies législatives officielles », a-t-il expliqué, tout en mettant en garde contre les conséquences juridiques potentielles pour les hôteliers si des problèmes surviennent impliquant des couples non mariés, comme la mort ou des activités criminelles. Mendris a tenu à souligner l’importance de directives juridiques claires avant de mettre en œuvre des changements dans les politiques hôtelières. « Durant cette période intérimaire, il est prudent d’attendre des directives juridiques ou ministérielles explicites sur la question. Après la récente déclaration du ministre de la Justice, celui-ci a été immédiatement convoqué par la commission législative pour une discussion urgente. D’ici là, la prudence est de mise », a-t-il ajouté. Que pense-t-il du refus des clientes féminines ayant la même adresse que l’hôtel ? « il n’y a ni loi ni décret en la matière », a-t-il assuré. Selon ses explications, « il s’agit simplement d’une pratique habituelle des hôteliers depuis des années, sans fondement juridique. Au contraire, les clients ont le droit de déposer une plainte contre les hôtels s’ils se voient refuser un hébergement alors qu’ils ont une réservation. Les hôtels sont des espaces publics avec des devoirs et des obligations à respecter ».

À lire :Couples non-mariés et hôtels au Maroc : Ouahbi monte au créneau

Pour étayer son propos, Mendris a raconté le cas d’une femme. Après une dispute avec son mari, elle s’était vu refuser un hébergement dans un hôtel en raison de son adresse locale et avait ensuite été agressée dans la rue. Elle a poursuivi l’hôtel en justice et a gagné le procès, a-t-il déclaré, soulignant l’attente légale des hôtels pour qu’ils fournissent un hébergement sans discrimination fondée sur la résidence.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Religion - Mariage - Hôtellerie - Islam

Aller plus loin

Les couples non-mariés pourraient partager une chambre d’hôtel au Maroc

Au Maroc, le ministère du Tourisme, de l’artisanat et de l’économie sociale et solidaire a engagé des concertations avec les ministères de l’Intérieur et de la Justice, en vue...

Maroc : présenter un acte de mariage dans les hôtels c’est fini

L’obligation de présenter un contrat de mariage lors de la réservation de chambres d’hôtel au Maroc pour les couples aurait été annulée. Cette décision survient après la colère...

Couples non mariés et hôtels au Maroc : vers la fin des abus ?

Abdellatif Ouahbi, ministre de la Justice, lance un avertissement aux hôtels qui exigent des documents non autorisés notamment un certificat de mariage des couples marocains.

Les Marocains accrochés à leurs traditions dans l’affaire du certificat de mariage

Au Maroc, la levée de l’exigence d’un certificat de mariage dans les hôtels ne fait toujours pas l’unanimité. Selon un récent sondage, deux tiers des Marocains se disent...

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : du changement pour l’impôt sur les revenus locatifs

Au Maroc, l’imposition des revenus locatifs a connu des modifications majeures depuis 2023. Des changements qui ont un impact significatif sur les contribuables concernés.

Maroc : présenter un acte de mariage dans les hôtels c’est fini

L’obligation de présenter un contrat de mariage lors de la réservation de chambres d’hôtel au Maroc pour les couples aurait été annulée. Cette décision survient après la colère du ministre de la Justice, Adellatif Ouahbi.

Une bague et un « oui » : Sammy Mahdi et Nawal Farih se fiancent

Le président du CD&V, Sammy Mahdi, a annoncé ce 1ᵉʳ janvier ses fiançailles avec Nawal Farih, députée fédérale d’origine marocaine.

Ramadan 2024 au Maroc : voici le montant de la Zakat

Le Conseil supérieur des Oulémas a fixé, il y a quelques jours, le montant minimum de la Zakat Al Fitr au titre de l’année 2024/1445.

Sécurité des lieux de culte : la police marocaine dévoile des chiffres

Un total de 160 délits commis dans des lieux de culte, notamment les mosquées, les églises chrétiennes et les synagogues juives, ont été traités par la police marocaine au cours de l’année 2024, a indiqué dimanche le porte-parole de la Direction...

Le Maroc envoie ses imams en France

La Fondation Hassan II pour les Marocains résidant à l’étranger mobilise 272 prédicateurs dans 13 pays étrangers, dans le cadre du Ramadan 2025. Objectif, aider ces Marocains de la diaspora à préparer et vivre le mois sacré dans de bonnes conditions.

Officiel : l’Aid al fitr au Maroc, lundi 31 mars

L’Aïd el fitr sera célébrée le lundi 31 mars au Maroc, vient de confirmer le ministère des Habous et des Affaires islamiques. Voici le communiqué complet.

Maroc : de nouvelles règles pour les locations Airbnb ?

Alors que les professionnels marocains du tourisme dénoncent la concurrence déloyale qu’ils subissent de la part d’Airbnb, des voix s’élèvent pour demander à l’État d’autoriser la location par les particuliers, dans la perspective de la Coupe du monde...

Islam en France : le coup de gueule de Malik Bentalha

L’humoriste Malik Bentalha a exprimé son inquiétude grandissante quant à la situation des musulmans en France.

Hôtels et couples non mariés au Maroc : une loi pour mettre fin aux refus ?

Suite à la controverse générée par l’obligation faite aux clients de certains hôtels de présenter un contrat de mariage, le groupe du Mouvement Populaire à la Chambre des représentants a proposé une loi visant à intégrer l’état civil sur la carte...