Zouhir Ainaaissa, 35 ans, résidant à Montesquiu (Barcelone), a partagé en 2018 sur son profil Facebook certaines vidéos des manifestations du Rif survenues au printemps 2017. Le jeune homme a été arrêté quatre ans plus tard, alors qu’il arrivait à Nador avec sa femme Fatima et ses deux filles de 5 et 3 ans pour y passer ses vacances d’été. Zouhir a été arrêté dans la nuit du 8 août 2022 et placé en garde à vue sans explications. Les autorités marocaines avaient émis un mandat d’arrêt contre lui pour avoir partagé ces informations, relate El Pais.
« Zouhir a partagé ces vidéos en Espagne, mais le Code pénal marocain permet de poursuivre des actes criminels commis en dehors du pays sous une seule formule, celle de l’atteinte à la sécurité nationale », explique Marc Serra, l’avocat de Zouhir qui tente depuis février de lui obtenir l’extradition afin qu’il purge le reste de sa peine en Espagne. Le jeune homme a déjà passé 14 mois dans la prison de Mohammedia, alors qu’il a été condamné en première instance et en appel à deux ans de prison et à une amende de 10 000 dirhams (environ 1 000 euros) pour insulte au drapeau et aux symboles du Royaume et incitation à commettre de tels actes par des moyens électroniques.
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La procédure d’extradition est très compliquée et prend beaucoup de temps. « Nous ignorons totalement l’état d’avancement de la procédure. Il remplit les conditions, car il a la nationalité espagnole et a payé l’amende. Mais il semble que le ministère public n’ait pas encore pris de décision. Nous n’avançons pas », déplore l’avocat qui a parallèlement demandé la mise en liberté provisoire de son client.
Depuis sa cellule de prison, où les mesures de sécurité sont plus souples, Zouhir peut à peine communiquer avec sa famille. Il a le soutien d’un frère résidant au Maroc, mais ne peut recevoir de lettres de sa femme ni de dessins de ses filles. Cette semaine, Fatima a pu le voir pour la troisième fois depuis son incarcération. « Je l’ai vu en bonne santé. Il se porte bien. Les visites sont courtes et quelque peu décevantes car, contrairement à l’Espagne, il n’y a pas de parloir », se plaint-elle.