Fès capitale de toutes les formes spirituelles

1er juin 2007 - 00h00 - Culture - Ecrit par : L.A

La vieille ville marocaine s’apprête à accueillir la 13e édition du Festival des musiques sacrées du monde. Une semaine de rencontres durant laquelle la tolérance prospère.

L’organisation islamique pour l’éducation, les sciences et la culture (Isesco) a désigné cette année Fès « Capitale de la culture islamique ». Un devoir supplémentaire de tolérance et de lumière pour la vieille cité marocaine, qui n’a pas de mal à l’honorer, en dépit de l’intégrisme rampant qui fait son lit dans les quartiers les plus déshérités du royaume chérifien. Son université, l’une des plus anciennes du monde, la Qaraouiyine, accueille actuellement, outre les étudiants nationaux, 1 200 jeunes provenant de 33 pays d’Afrique. Une centaine d’Américains résident dans la médina pour des séjours de six semaines afin d’apprendre la langue. Quant aux Européens, et spécialement les Français, ils sont maintenant nombreux à avoir acheté un riad et à y vivre.

En janvier, la Qaraouiyine organisait un colloque international consacré au dialogue entre les cultures et les religions. Suivaient un récital en amazigh, la langue berbère longtemps étouffée, de la danse contemporaine, du jazz dans les riads, un Festival national de musique arabo-andalouse, un autre qui vient de naître sur les cultures soufies… Côté patrimoine, la médina, classée par l’Unesco, qui reçoit déjà l’aide de la Banque mondiale, est soutenue par l’université de Harvard et le programme Aga Khan, notamment pour le réaménagement de l’ancien méchouar, cette place d’armes dont la monumentale et splendide porte sert de fond de scène lors du Festival annuel des musiques sacrées du monde.

Des débats préalables aux concerts

La 13e édition de cette manifestation s’ouvrira vendredi avec Barbara Hendricks. La soprano, accompagnée par l’Ensemble de Drottningholm (Suède), a choisi Haendel et Pergolèse. Du baroque dans un haut lieu de l’islam ? Sur place, cela n’étonne personne. L’année dernière, William Christie et ses Arts florissants avaient joué Rameau, Mozart, Mondonville et Rigel. Surtout, ici, toutes les formes spirituelles sont les bienvenues. Une autorité, Chérif Khaznadar, le fondateur de la Maison des cultures du monde à Paris, a bâti la programmation 2007. Il n’a pas oublié le 800e anniversaire de la naissance du Jalaleddine Roumi. Les textes de ce grand poète mystique où l’amour de Dieu va de pair avec un salutaire humanisme jalonneront les soirées fassies jusqu’au 4 juin. Ils seront dits en turc, avec une cérémonie de confréries Mawlawi et Qadiri d’Istanbul  ; en persan, avec la chanteuse Parissa et l’ensemble Dastan  ; en arabe, dans une création de la chanteuse Waed Bouhassoun et en ourdou, avec les maîtres qawalis du Pakistan.

Dans un autre genre, Chérif Khaznadar fait venir son ami ­Bartabas et son cheval Le Caravage. La belle complicité de l’homme et de l’animal s’épanouira au lever du soleil, dans les carrières des Mérinides, au son de la flûte ottomane de Kudsi Erguner et de la voix de Nezih Uzel. Pareillement, la Béninoise Angélique Kidjo, la griotte mauritanienne Aïcha Mint ­Chighaly, le « zoulou blanc » Johnny Clegg et le London Community Gospel Choir s’emploieront à étoffer une diversité fort utile. En effet, plusieurs matinées de débats préalables aux concerts sont nées sur ce socle. Elles réunissent des artistes, intellectuels et politiques du ­monde entier qui tentent d’œuvrer à la résolution des crises actuelles. Cette année, Jacques Attali ( La Confrérie des éveillés , Fayard, 2004, et Une brève histoire de l’avenir , Fayard, 2006) discutera avec Michael Barry, coordinateur des missions afghanes de Médecins du monde et directeur du département d’art islamique au MoMA de New York, Dominique Baudis, pré sident de l’Institut du monde arabe de Paris, l’historien d’art Jean Clair ou encore Tarek Mitri, le ministre de la Culture et ministre des ­Affaires étrangères par intérim au Liban. On écoutera aussi le grand rabbin du Consistoire central de France ou encore l’astrophysicien Trinh Xuan Thuan. Jacques Chirac, qui lancera à l’automne sa Fondation pour le développement durable et le dialogue des cultures, est attendu.

Le Figaro - Éric Biétry-Rivierre

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Musique - Festival - Fès - Festival de Fès des Musiques Sacrées du Monde

Ces articles devraient vous intéresser :

Le festival Mawazine met Angham et Ahlam dans l’embarras

Un incident a marqué l’ouverture du festival Mawazine à Rabat. La chanteuse égyptienne Angham a été victime d’une confusion de noms lors d’une interview avec une journaliste, qui l’a appelée par le nom de la chanteuse émiratie Ahlam.

Un fan d’Ahlam provoque sa colère en insultant le Maroc

L’artiste émiratie Ahlam a exprimé sa colère contre l’un de ses fans qui a utilisé sa photo sur son compte de la plateforme “X” pour insulter le Maroc et la chanteuse Asmaa Lamnawar.

Saad Lamjarred va lancer sa cryptomonnaie

Saad Lamjarred se prépare à lancer sa propre cryptomonnaie. Une première dans le monde de la musique arabe. L’artiste marocain a fait l’annonce sur ses réseaux sociaux, seulement un mois après avoir dévoilé sa marque de mode.

Khtek, rappeuse marocaine, se confie sur sa maladie

Dans une interview, la rappeuse marocaine Khtek, de son vrai nom Houda Abouz, se confie sur sa bipolarité. La musique lui sert de thérapie, mais aussi de canal de sensibilisation.

Saad Lamjarred : des choix qui dérangent

Saad Lamjarred est une fois de plus au cœur d’une polémique. Cette fois-ci, ce ne sont pas ses démêlés judiciaires qui font les gros titres, mais ses choix vestimentaires jugés « audacieux » et « inappropriés » par une partie de son public.

Abdelaziz Stati : sa fille Ely menace de révéler des secrets compromettants

Les relations entre le chanteur populaire Abdelaziz Stati et sa fille, la rappeuse Ilham El Arbaoui, alias Ely, sont dégradées au point que celle-ci menace de faire des révélations compromettantes sur son père.

Décès de Bourhim Outfnout, figure majeure de la culture amazighe marocaine

Deuil dans le monde artistique marocain. L’artiste amazigh Bourhim Outfnout, de son vrai nom Abderrahmane Bourhim, est décédé à l’âge de 87 ans.

Festival Mawazine : Saad Lamjarred persona non grata ?

La participation de Saad Lamjarred à la 19ᵉ édition du Festival Mawazine, prévue du 21 au 29 juin prochain, semble compromise. Des sources proches des organisateurs ont révélé l’échec des négociations entre les deux parties.

Le chanteur marocain Abdellah El Daoudi en deuil

Le chanteur marocain Abdellah El Daoudi vient d’annoncer une triste nouvelle dans un message publié sur les réseaux sociaux.

L’artiste Jaouad Alloul évoque son homosexualité et ses extravagances

Dans une interview, Jaouad Alloul, artiste pluridisciplinaire et entrepreneur créatif autodidacte d’origine marocaine, s’est livré comme jamais sur son nouvel album, sa crise conjugale et son rêve.