France : des travailleuses agricoles marocaines détachées réclament justice

17 juin 2020 - 06h30 - Espagne - Ecrit par : S.A

Cinq ex-travailleuses agricoles marocaines détachées étaient, mardi 16 juin, face aux juges des prud’hommes d’Arles où elles ont réclamé justice contre les abus subis lors des détachements. Elles étaient employées par une société d’intérim espagnole dans des exploitations agricoles en France. Le verdict sera prononcé le 22 septembre.

Des journées de travail de neuf heures "sans pause, où on mange en cachette", des salades "qu’on coupe sans gants de protection", des semaines avec "sept jours de travail", du harcèlement, un contrat rompu à cause d’une grossesse. Les abus sont légion.

Une nouvelle audience a eu lieu, mardi, trois ans après les dénonciations. Le système dit de détachement développé dans les années 90 est "une relation triangulaire entre un salarié, une société d’intérim et une société utilisatrice (les exploitations)", a rappelé le juge départiteur, Philippe Bruey. Un système autorisé par l’Union européenne (UE), et dont sont victimes les cinq ex-travailleuses agricoles. La société d’intérim espagnole, Laboral Terra-aujourd’hui en liquidation judiciaire- les avaient employées dans des exploitations agricoles et sociétés d’emballages du Sud-Est de la France.

Pour Yann Prevost, l’avocat de deux des ex-salariées, Yasmina Tellal et Karima, "ce système est un nid de manquements à la dignité des travailleurs quand il n’est pas contrôlé". Il accuse Laboral Terra d’avoir violé les règles de l’UE sur le détachement, ses clientes étant soumises au droit espagnol. "Il n’y a pas de détachement. Les contrats ont été signés en France avec des salariés qui étaient en France", pour des missions à répétition, sans rentrer en Espagne et les salariés auraient dû bénéficier de CDI de droit français, explique-t-il.

C’est pourquoi ces ex-salariées marocaines réclament à Laboral Terra des dizaines de milliers d’euros de rappels sur salaires, d’indemnités et de dommage et intérêt notamment pour "prêt illicite de main d’œuvre", rapporte AFP. De même, elles demandent une condamnation en solidarité pour une dizaine de sociétés agricoles françaises. "Ce contrat, il favorise le dumping social, mais il est légal. (…)Ce qui se passe entre Laboral Terra et les salariés, ce n’est pas le problème des sociétés utilisatrices", a réagi Jean-Pierre Tertian, l’avocat d’une entreprise d’emballage agricole.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Espagne - Droits et Justice - Agriculture

Aller plus loin

Espagne : les saisonnières marocaines sur le départ

Les saisonnières marocaines travaillant dans les exploitations agricoles de Huelva en Espagne s’apprêtent à rentrer au pays. La filière ibérique a sollicité l’aide de la maison...

Situation des saisonnières marocaines en Espagne : des ONG alertent l’ONU

Face à la situation des travailleuses saisonnières marocaines recrutées pour la cueillette des fruits rouges à Huelva en Espagne, un collectif d’ONG a saisi l’Organisation des...

Ces articles devraient vous intéresser :

Des ennuis judiciaires pour deux anciens ministres (15 milliards de DH en jeu)

L’Association marocaine de la protection des deniers publics vient de déposer une plainte devant la justice contre deux anciens ministres de la Jeunesse et des sports et d’autres responsables pour avoir dilapidé environ 15 milliards de dirhams.

Pastèque et sécheresse : le casse-tête marocain

Faut-il continuer à produire de la pastèque rouge qui nécessite une importante quantité d’eau et épuise les sols, alors que le Maroc connaît la pire sécheresse depuis quatre décennies ? La question divise les producteurs, exportateurs et...

Le Maroc limite la production de pastèque

Face à la pire sécheresse qu’il connaît depuis quatre décennies, le Maroc prend des mesures pour réglementer la production de pastèques qui nécessite une importante quantité d’eau.

Maroc : les agriculteurs rattrapés par l’impôt

Au Maroc, les petits agriculteurs exploitants agricoles exonérés d’impôts réalisant un chiffre d’affaires inférieur à 5 millions de dirhams, doivent désormais remplir une déclaration de revenus, a récemment rappelé la Direction générale des impôts (DGI).

Prison : le Maroc explore les « jour-amendes »

L’introduction du système de jour-amende dans le cadre des peines alternatives pourrait devenir une réalité au Maroc. Une loi devrait être bientôt votée dans ce sens.

Maroc : la pastèque sacrifiée pour préserver l’eau ?

Des associations locales de la province d’Al Haouz ont sollicité Rachid Benchikhi, le gouverneur de la province, pour qu’il interdise la culture de pastèques et de melons.

Le Maroc fait un important don d’engrais à Saint-Vincent-et-les Grenadines

Le Premier ministre Ralph Gonsalves a annoncé que le Maroc fera un important don d’engrais à Saint-Vincent-et-les-Grenadines.

Maroc : la croissance s’accélère au 3ᵉ trimestre

Le Maroc s’attend à une légère accélération de son économie ce trimestre, avec une croissance prévue de 3,4 %, comparée à 3,2 % au trimestre précédent, selon les prévisions du Haut-commissariat au Plan (HCP).

Les engrais du Maroc, à teneur élevée en cadmium, interdits dans l’UE

Les engrais phosphatés du Maroc et d’autres pays contenant plus de 60 milligrammes de cadmium par kilo ne sont plus autorisés sur le marché de l’Union européenne, selon une décision communautaire récemment entrée en vigueur.

Sécheresse : plus de 5% des Marocains menacés d’exode rural d’ici 2025

Plus de 5% de la population marocaine sont menacés par l’exode rural à l’horizon 2025 en raison la sécheresse sévère que traverse le pays, selon la Banque mondiale.