Gnaoui jusqu’à l’os

23 décembre 2005 - 10h36 - Culture - Ecrit par : Bladi.net

Le maâlem casablancais revient des Etats-Unis avec l’espoir de faire connaître son talent de gnaoui ouvert à toutes les tendances musicales.

« Je n’ai pas choisi de devenir gnaoui. C’est cette musique qui m’a élu », lance d’emblée maâlem Karim. L’homme est timide mais dès qu’on lui parle de son enfance, il trouve les mots exacts pour la décrire. « J’ai vécu dans ces ambiances depuis mon enfance. Mon père était un maâlem et la maison abritait fréquemment des lilat (nuits) dédiées à cette musique », raconte-t-il, nostalgique.
C’est que Karim a appris son métier de son père mais aussi en côtoyant les grands maâlems casablancais : Hamida Boussou et maâlem Sam. L’ancienne Médina s’érigeait comme la capitale de « Tagnaouite » de Dar Beïda. Partout, à Bousbir comme à Jamaâ Chlouh, le fleuron des maîtres gnaouis anime des soirées. Les maisons devenaient presque des « zawiyas » (confréries) offrant aux invités un plateau où musique et religion se mariaient merveilleusement et devenaient dès lors un magnifique support pour des transes curatives. Karim, pourtant, n’a pas porté facilement son statut de gnaoui. « Mes amis de classe me taquinaient tout le temps. Pour l’enfant que j’étais, il n’était pas toujours facile d’assumer mon statut de gnaoui. Maintenant, j’en rigole », se souvient-il, le sourire aux lèvres.

New York, New York...

Sorti de l’école très tôt, il essaie de gagner sa vie en animant des lilat. Il apprend aussi le métier de tailleur. « Il est très difficile pour un gnaoui de vivre uniquement de son art. C’est encore plus difficile quand on a toute une famille à nourrir », explique le maâlem. Dans sa tête, c’est clair : la seule option viable, c’est d’émigrer. Essayer de se faire un nom aux Etats-Unis, là où le rêve peut devenir réalité.

« A mon arrivée à New York, j’avais pour seul bagage mon gambri. Il allait être mon meilleur allié ». Sur place, il formera deux groupes : Sout Gorba, une troupe entièrement marocaine dédiée à la musique gnaouie traditionnelle. Et « Majoune », un groupe de fusion qui, en plus de Karim et son gambri comprend aussi une trompettiste, un guitariste, un batteur et un bassiste. Le succès sera au rendez-vous. Karim passera facilement du traditionnel à la fusion, grâce à la possibilité propre à cette musique de se mêler aisément au jazz, au blues ou à la funk. Il enregistre un CD et se produira notamment dans le WNYC (The New York public radio), au Worldly Vibe à Newark (New Jersey), au Hunter Mountain festival au New York world festival ou au « Sacred music concert Hall » au WTC (World trade center). 11 septembre 2001.

Karim voit son activité se réduire. L’option du retour au bled devient plus insistante. La preuve : « Mes enfants que je n’ai plus revu depuis quatre ans me manquaient beaucoup. Après les attentats, ils avaient peur pour moi. Un beau jour, sans en parler aux autres membres de ma troupe, j’ai pris un aller simple pour Casablanca », raconte-t-il. Depuis, Karim subsiste comme il peut. En animant des lilat, mais aussi, en vendant des gambris qu’il sait si bien confectionner. En attendant le succès dans les terres de ses aïeux.

Le Journal Hebdo

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Musique - États-Unis

Ces articles devraient vous intéresser :

Naïma Samih : son fils en colère

Chems-Eddine Belkaid fils de la chanteuse marocaine défunte Naïma Samih, menace d’engager des poursuites judiciaires contre les organisateurs de concerts – hommage à sa mère sans son accord préalable.

Décès de Bourhim Outfnout, figure majeure de la culture amazighe marocaine

Deuil dans le monde artistique marocain. L’artiste amazigh Bourhim Outfnout, de son vrai nom Abderrahmane Bourhim, est décédé à l’âge de 87 ans.

Un fan d’Ahlam provoque sa colère en insultant le Maroc

L’artiste émiratie Ahlam a exprimé sa colère contre l’un de ses fans qui a utilisé sa photo sur son compte de la plateforme “X” pour insulter le Maroc et la chanteuse Asmaa Lamnawar.

L’émouvant hommage de Samira Saïd à Naïma Samih

L’artiste marocaine Samira Saïd a rendu un vibrant hommage à son amie et collègue Naïma Samih, décédée dans la nuit de vendredi à l’âge de 73 ans, des suites d’une longue maladie.

Des artistes marocains dénoncent

De nombreux artistes marocains dénoncent l’avidité des organisateurs de festivals à s’accaparer du cachet du chanteur en échange de l’inscription de son nom à l’un des évènements d’été. Ils appellent le ministère de la Culture à intervenir.

L’artiste Jaouad Alloul évoque son homosexualité et ses extravagances

Dans une interview, Jaouad Alloul, artiste pluridisciplinaire et entrepreneur créatif autodidacte d’origine marocaine, s’est livré comme jamais sur son nouvel album, sa crise conjugale et son rêve.

Des médecins marocains critiqués après une vidéo (de danse) virale

La vidéo montrant une équipe médicale dans une salle d’opération en train de danser au son de la musique chaâbi en pleine intervention chirurgicale, a suscité une vive polémique au Maroc. Un professionnel donne son avis sur le sujet.

Le chanteur Ihab Amir au cœur d’une polémique

Une réponse du chanteur Ihab Amir à un de ses abonnés Instagram suscite la controverse au Maroc.

Saad Lamjarred va lancer sa cryptomonnaie

Saad Lamjarred se prépare à lancer sa propre cryptomonnaie. Une première dans le monde de la musique arabe. L’artiste marocain a fait l’annonce sur ses réseaux sociaux, seulement un mois après avoir dévoilé sa marque de mode.

Divorce de la chanteuse marocaine Chaimae Abdelaziz

La chanteuse marocaine Chaimae Abdelaziz a annoncé son divorce. C’est sur son compte Instagram que la jeune femme a choisi de partager cette nouvelle personnelle avec ses fans.