Face au refus de nombreux propriétaires de cafés et restaurants de payer les droits d’auteur pour l’exploitation d’œuvres littéraires et artistiques, l’association professionnelle entend saisir la justice.
Le maâlem casablancais revient des Etats-Unis avec l’espoir de faire connaître son talent de gnaoui ouvert à toutes les tendances musicales.
« Je n’ai pas choisi de devenir gnaoui. C’est cette musique qui m’a élu », lance d’emblée maâlem Karim. L’homme est timide mais dès qu’on lui parle de son enfance, il trouve les mots exacts pour la décrire. « J’ai vécu dans ces ambiances depuis mon enfance. Mon père était un maâlem et la maison abritait fréquemment des lilat (nuits) dédiées à cette musique », raconte-t-il, nostalgique.
C’est que Karim a appris son métier de son père mais aussi en côtoyant les grands maâlems casablancais : Hamida Boussou et maâlem Sam. L’ancienne Médina s’érigeait comme la capitale de « Tagnaouite » de Dar Beïda. Partout, à Bousbir comme à Jamaâ Chlouh, le fleuron des maîtres gnaouis anime des soirées. Les maisons devenaient presque des « zawiyas » (confréries) offrant aux invités un plateau où musique et religion se mariaient merveilleusement et devenaient dès lors un magnifique support pour des transes curatives. Karim, pourtant, n’a pas porté facilement son statut de gnaoui. « Mes amis de classe me taquinaient tout le temps. Pour l’enfant que j’étais, il n’était pas toujours facile d’assumer mon statut de gnaoui. Maintenant, j’en rigole », se souvient-il, le sourire aux lèvres.
New York, New York...
Sorti de l’école très tôt, il essaie de gagner sa vie en animant des lilat. Il apprend aussi le métier de tailleur. « Il est très difficile pour un gnaoui de vivre uniquement de son art. C’est encore plus difficile quand on a toute une famille à nourrir », explique le maâlem. Dans sa tête, c’est clair : la seule option viable, c’est d’émigrer. Essayer de se faire un nom aux Etats-Unis, là où le rêve peut devenir réalité.
« A mon arrivée à New York, j’avais pour seul bagage mon gambri. Il allait être mon meilleur allié ». Sur place, il formera deux groupes : Sout Gorba, une troupe entièrement marocaine dédiée à la musique gnaouie traditionnelle. Et « Majoune », un groupe de fusion qui, en plus de Karim et son gambri comprend aussi une trompettiste, un guitariste, un batteur et un bassiste. Le succès sera au rendez-vous. Karim passera facilement du traditionnel à la fusion, grâce à la possibilité propre à cette musique de se mêler aisément au jazz, au blues ou à la funk. Il enregistre un CD et se produira notamment dans le WNYC (The New York public radio), au Worldly Vibe à Newark (New Jersey), au Hunter Mountain festival au New York world festival ou au « Sacred music concert Hall » au WTC (World trade center). 11 septembre 2001.
Karim voit son activité se réduire. L’option du retour au bled devient plus insistante. La preuve : « Mes enfants que je n’ai plus revu depuis quatre ans me manquaient beaucoup. Après les attentats, ils avaient peur pour moi. Un beau jour, sans en parler aux autres membres de ma troupe, j’ai pris un aller simple pour Casablanca », raconte-t-il. Depuis, Karim subsiste comme il peut. En animant des lilat, mais aussi, en vendant des gambris qu’il sait si bien confectionner. En attendant le succès dans les terres de ses aïeux.
Le Journal Hebdo
Ces articles devraient vous intéresser :