Futur gouvernement : L’Istiqlal courtise le PJD

27 septembre 2007 - 18h33 - Maroc - Ecrit par : L.A

Abbas El Fassi a-t-il suffisamment de temps pour former son gouvernement avant l’ouverture de la législature 2007-2012 et l’installation de la nouvelle Chambre des représentants ? Au rythme auquel se déroulent les consultations, il est permis d’en douter.

En attendant, le nouveau Premier ministre poursuit toujours ses consultations. Dans la nuit de lundi à mardi, il a rencontré Saâd Eddine El Othmani, secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD). Mais ni au siège du PJD, ni au domicile d’El Othmani. La rencontre entre les deux hommes s’est déroulée au domicile du Dr Abdelkrim El Khattib, fondateur du PJD, pour la simple raison, indique-t-on auprès de la formation politique, que Saâd Eddine El Othmani est en train de déménager. C’est aussi l’occasion pour le leader du Parti de l’Istiqlal et nouveau Premier ministre de prendre des nouvelles d’El Khattib, que l’on dit très malade. Arrivé vers 21h au domicile d’El Khattib à bord d’une voiture qu’il conduisait personnellement, Abbas El Fassi, en djellaba blanche, était très irrité par la présence de quelques photographes et aussi d’une équipe de 2M.

En dépit des déclarations affirmant qu’ils préféreraient se ranger du côté d’« une opposition forte », les islamistes du PJD restent encore dans la course pour une éventuelle participation au gouvernement El Fassi. Mais à la seule condition que leur soient proposés des portefeuilles d’importance.

En tout état de cause, il est maintenant clair que la formation du nouveau gouvernement n’est pas pour demain. Elle bute notamment sur le « quota de portefeuilles » qui sera proposé à chacune des formations politiques qui participeraient au prochain cabinet. Certains partis ont, en effet, fait montre d’un appétit insatiable allant jusqu’à exiger 8 à 9 portefeuilles ministériels. Seulement, des portefeuilles, Abbas El Fassi n’en a pas beaucoup à distribuer, et il se trouve qu’il n’est pas particulièrement adepte des cabinets de plus de trente personnes. Bien avant qu’il ne soit chargé par le Souverain de former le nouveau gouvernement, il a, en effet, toujours affirmé qu’il était pour une équipe qui ne dépasserait pas 25 ministres. Or l’on s’achemine vers un gouvernement composé de cinq partis, dont au moins quatre voudraient disposer de huit portefeuilles chacun. Une simple addition donnera un gouvernement d’au moins 32 ministres. El Fassi restera-t-il ferme face à ses alliés en leur proposant des départements ministériels proportionnellement au nombre de sièges obtenus le 7 septembre ?

Après donc un premier round de consultations, qui lui a permis de tâter le pouls de ses alliés de la Koutla, de la majorité sortante et aussi du PJD, El Fassi devra en entamer d’autres avec les partis de l’opposition. Notamment avec l’Union constitutionnelle, un grand revenant sur la scène politique (27 sièges contre seulement 16 en 2002). Les consultations d’Abbas El Fassi vont ainsi s’étendre aux partis de l’ancienne opposition et à toutes les formations politiques siégeant à la Chambre des représentants. Dans l’entourage du nouveau Premier ministre, on assure qu’« une telle démarche émane d’un souci d’écouter tous les points de vue et d’enraciner la culture du dialogue entre les différentes composantes du paysage politique ». Soit. Mais il y a aussi la recherche d’alliances : le Premier ministre ne dirait pas non à quelques soutiens supplémentaires à la Chambre des représentants.

Concernant le choix des ministres, des proches d’Abbas El Fassi ont indiqué à L’Economiste que « le critère numéro un mis en avant est celui de la compétence et de l’aptitude à gérer la chose publique, conformément aux exigences à la fois techniques et politiques ». On veut ainsi couper court aux rumeurs qui avaient circulé en fin de semaine dernière sur « la nomination de proches et de gendres d’Abbas El Fassi » à des postes ministériels. La répartition des portefeuilles sectoriels et la proposition par chaque parti de ses « ministrables » ralentissent sérieusement le rythme des consultations. Au sein des directions des formations politiques, c’est la « guerre » entre militants. Nombre de ces derniers ont déposé leurs CV sur les bureaux des dirigeants des partis. Ce sera donc le recours aux arbitrages. Mais, là encore, dans quelles conditions ?

Délai

Rien n’oblige le Premier ministre à former son cabinet en 48 heures. En 2002, le gouvernement n’a été mis en place que le 9 novembre. Soit donc un mois après l’ouverture, le vendredi 11 octobre par S.M. le Roi, de la législature 2002-2007. En d’autres termes, le cabinet El Fassi n’est pas prêt de voir le jour. La formation du nouveau gouvernement pourrait donc n’aboutir que vers la fin du mois en cours, voire début octobre.

Souveraineté

Abbas El Fassi ne parle pas des « ministères de souveraineté » dans son futur gouvernement ou dans la majorité qui va le composer. Sa position a, d’ailleurs, toujours été claire à ce sujet : il ne doit pas y avoir de « cercles fermés » qui dictent, voire dirigent, l’action gouvernementale dans le dos du chef de l’exécutif. Pas plus qu’il n’est pour « deux portefeuilles pour la même mission ». Autrement dit, il ne veut pas dans son équipe de ministres et de ministres délégués à la fois.

L’Economiste - Jamal Eddine Herradi

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