Grand Maghreb sans frontières : fantasme ou salut ?

27 septembre 2011 - 09h11 - Monde - Ecrit par : Bladi.net

Avec une superficie de plus de six millions de kilomètres carrés, une population de près de quatre-vingt-dix millions de résidents et un produit de revenu moyen annuel de quatre cent milliards de dollars, des langues et patrimoines civilisationnels communs, le Maghreb, en cela seulement, est une configuration géopolitique qui mérite le respect de quiconque observateur étranger.

Ouverte sur une bonne partie du Berceau de l’humanité, sur l’Atlantique, sur toute l’étendue de l’Afrique profonde et sur le Monde arabe, cette partie de la planète habitée semble exister dans une forme de léthargie, de fatalité figée dans le seul souci de ne pas vouloir évoluer au point d’ennuyer ses ressortissants depuis Nouadhibou jusqu’à la frontière avec l’Egypte, en passant par Tanger, Constantine ou Bizerte.

Pourquoi dans le rappel de cette septième étendue planétaire, juste après l’Australie, dans l’esprit contemporain, en Europe, en Amérique ou en Asie, de l’essor économique, social et culturel, l’on ne retient que Marrakech, au même titre que Miami, Barcelone ou autres Sydney ou Kyoto, alors que dans les dizaines de grandes villes surpeuplées les jeunesses y végètent, le plus souvent sans travail, dans le seul espoir de tenter une vraie vie en Occident, qui consiste à braver les lames de fond et les courants pernicieux de la Méditerranée ?

Parce que depuis les indépendances respectives, en un mot, les Etats de cette immense contrée ont été administrés par des minorités de clans pseudo politiques restreints, frayant avec l’absurde, auto reclus dans des remparts militaires et policiers. L’intelligible problème n’est plutôt pas de se demander s’il faut faire revenir un dey à Alger ou faire établir une république à Rabat. La question est de se dire comment vivre avec le dey ou avec une république. Un sujet industriel catalan ne s’inquiète pas de tenter une coopération pour un projet de motorisation avec un homologue de Charleroi ou de Bruges tout en sachant que la Belgique vit sans gouvernement depuis plus de deux années. Et rien n’empêche cet ibérique qui parle la langue de Cervantès de bifurquer, sans passeport, vers Rotterdam pour prospecter un marché avec un chef d’entreprise qui ne s’exprime que celle de Spinoza. Bref, pour dire que l’Europe au-delà des ancrages culturels, elle est une nation économique. Réalité universelle qui a fait des Etats-Unis d’Amérique la plus grande force du monde grâce à la formidable absorption de ses variantes ethniques. Mais surtout par la pratique - autant que faire se peut dans le progrès intellectuel de ses ressortissants allant aux bulletins de vote - des préceptes de la démocratie.

Il n’y pas longtemps en Algérie, qui soit disant avait fait une révolution démocratique en octobre 88 pour passer au multipartisme et à la presse indépendante, une formation politique avait été sabordée parce que son leader avait osé une anecdote ayant entraîné un branle bas de combat à Tripoli. Il disait, en tentant d’expliquer la démocratie et l’intelligibilité citoyenne, « mettre Kadhafi en Allemagne à la place du chancelier, l’Allemagne restera l’Allemagne, et en revanche, placer le chancelier en remplacement du Guide libyen, la Libye restera la Libye », une rumeur circulait à Alger que le pauvre chef de parti, disparu depuis, avait un contrat sur la tête…

Les libertés recouvrées après le départ des colons tout de suite après confisquées, en tête, l’on est que forcé de suivre de près en doutant des chamboulements récents en Tunisie et en Libye, peut-être demain dans les autres pays du Maghreb. Les populations juvéniles admettent difficilement que les réformes, encore moins les révolutions, se fassent par des anciens tiers ayant dirigé. Si pour ce qui concerne le Conseil de transition libyen d’aucuns maghrébins pensent qu’il agit dans un giron européen uniquement intéressé par la manne pétrolière, le groupe qui se donne la responsabilité de gérer le revirement spectaculaire en Tunisie ne semble pas pour l’instant définir clairement le rôle alloué à la participation populaire dans le passage à la démocratie et aux libertés individuelles.

Le Maroc est en train de procéder à des réformes dans le type de la monarchie constitutionnelle qui mérite au moins d’observer de fervents remous dans les institutions et les associations civiles en train de se poser des questions d’authentiques intérêts socio économiques avec les partenaires maghrébins et européens, dans les volets agricoles, touristiques, culturels et industriels.

Les surfaces agricoles utiles réunies des seuls pays de la Tunisie, de l’Algérie et du Maroc et les ressources en eau n’ont rien à envier des grandes étendues arables en Occident irrigué. De même pour les sites naturels de villégiatures. Pendant que la manne hydrocarbure dans le désert algérien et libyen pourrait participer non seulement de la disposition à moindre coût pour les besoins énergétiques destines aux activités industrielles respectives, aux services, mais aussi à la disponibilité régulière d’une réserve de change communautaire capable de renflouer de grandes activités socio économiques charriant l’emploi, les richesses et par conséquent donc le retour espérentiel dans les mentalités juvéniles qui ne chercheront plus à tenter des exils.

Durant la brève période des deux Sommets de l’UMA, à Alger puis à Marrakech, vers la fin des années quatre-vingt, un formidable mouvement de circulation intermaghrébin avait provoqué dans les mentalités citoyennes confondues des réactions de réflexe de proximité qui a fait dire à ce grand ami Abdelkrim Khirat que je rencontre souvent sur Rabat à la jouissant de remarquer les jeunes se détourner des villes européennes au profit de déferlement dans les cités de Casablanca, Oran, Sfax, Benghazi, "c’est ce que je me suis souvent surpris de rêver quand j’étais en poste à Maroc télécom et que je me retrouvais en Algérie pour un travail dans le cadre de la bonne coopération, j’étais comme chez moi , marocain mais pas tout à fait maghrébin, mais là, maintenant, je me le réclame du plus profond de moi-même".

Mais il resterait à résoudre ce problème qui en vérité n’en a jamais été un, un problème de quelque trois cent mille kilomètres carrés de désert pour trois cent mille habitants qui fait monter le cholestérol et la tension artérielle à plus de soixante millions de Maghrébins dont beaucoup ne comprennent pas la fermeture de plus de mille trois cents bornes de frontière. Tout Maghrébin qui se respecte n’a-t-il pas le droit, s’il a honnêtement gagné son argent, en principe, d’aller passer un weekend à Marrakech et rentrer dans un gala où il écouterait chanter une célébrité mondiale et de penser en même temps à d’autres Marrakech ici et là dans l’ensemble du Maghreb ?

Abdelyazid Sadat

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Algérie - Abdelaziz Bouteflika - Tunisie - Libye - Mauritanie - Maghreb - Union du Maghreb Arabe (UMA) - Sahara Marocain - Frontières Maroc - Algérie

Ces articles devraient vous intéresser :

Des miliciens du Polisario tués par une frappe marocaine

Plusieurs miliciens du Polisario auraient été tués et blessés par une frappe des Forces armées royales (FAR) alors qu’ils tentaient de s’approcher du mur de défense près de la région de Galtat Zemmour, au Sahara.

Le Polisario s’en prend à nouveau au Maroc

Le Polisario, protégé de l’Algérie, accuse le Maroc de faire obstacle à la « décolonisation » du Sahara occidental et la communauté internationale d’inaction.

La France adopte la carte du Maroc intégrant le Sahara

Après avoir changé sa position sur la question du Sahara, la France a adopté la carte complète du Maroc et de ses provinces du Sud. C’est du moins ce que semble montrer la télévision française.

Étonnante découverte de fossiles de dinosaures dans le Sahara marocain

Des fossiles des premiers dinosaures pourraient être enfouis dans les dunes du Sahara marocain et dans la forêt amazonienne. C’est ce que révèle une nouvelle étude sur l’origine des dinosaures et leur évolution, publiée dans la revue Current Biology.

Trois miliciens du Polisario se rendent à l’armée marocaine

Trois miliciens du Polisario se sont rendus aux Forces armées royales (FAR) dans la région d’Oum Dreyga, au sud-ouest du mur de défense marocain, au Sahara.

Un tournant pour France 24 : la chaîne affiche la carte complète du Maroc

La chaîne affiliée au ministère des Affaires étrangères français, France 24, a récemment modifié sa représentation cartographique du Maroc. Fini le temps où les provinces du sud étaient retranchées, la chaîne diffuse désormais une carte complète du...

Un phénomène météorologique rare touche le Sahara marocain

La Direction générale de la météorologie (DGM) s’explique sur un phénomène naturel rarissime qui touche les régions désertiques et sahariennes du Maroc.

Un club algérien risque de boycotter un match au Maroc

Alors que le tirage au sort des quarts de finale de la Coupe de la Confédération africaine (CAF) est imminent, l’Union Sportive de la Médina d’Alger redoute qu’un nouveau différend l’oppose au club marocain Renaissance de Berkane à cause du maillot des...

L’armée marocaine envoie l’artillerie lourde au Sahara

Après avoir prolongé en 2021 le mur de défense de 50 km à l’est pour sécuriser Touizgui dans la province d’Assa-Zag et compléter le dispositif sécuritaire à l’est, les Forces armées royales (FAR) ont déployé l’artillerie lourde dans la même zone.

Le Polisario se plaint du Maroc auprès de l’ONU

Un groupe proche du Polisario affirme que des Forces royales air ont ciblé ses chameaux et son bétail dans les zones sahariennes et tient la MINURSO responsable de toute escalade qui pourrait en découler.