Au deuxième trimestre de cette année, le secteur immobilier au Maroc montre des signes d’essoufflement, avec une forte baisse des transactions.
C’est une première dans le secteur de l’habitat : la signature des conventions pour un montant de 29,1 milliards de DH et un volume de logements atteignant 142.824 unités. Si les projets se réalisent, ce sera une performance jamais égalée à mettre à l’actif de Ahmed Taoufik Hejira, ministre du Logement et de l’Urbanisme. La cérémonie de signature des différentes conventions a eu lieu à la Primature hier sous l’œil attentif de Driss Jettou.
En fait, il s’agit de deux opérations distinctes. La première concerne 17 conventions avec 16 promoteurs privés plus la CGI, pour la construction de 32.814 logements sur une superficie de 168 hectares. Le coût du projet s’élève à 7,1 milliards de DH et concerne plusieurs villes. Les travaux seront lancés au cours des semaines à venir, au plus tard en janvier 2006. Le délai de réalisation se situe entre 15 et 60 mois. Les promoteurs privés ont été sélectionnés sur la base d’appel à manifestation d’intérêt lancé par le département de tutelle depuis plusieurs mois. La deuxième opération, d’une plus grande envergure, a porté sur la signature de 2 conventions-cadres pour la construction de 110.000 logements. Le montant d’investissement pour cette opération s’élève à 22 milliards de DH. Le groupe de Miloud Chaâbi construira 60.000 logements et le groupe Addoha de Anas Sefrioui 50.000 autres. “Ces projets représentent deux fois et demie le complexe portuaire de Tanger-Méditerranée”, dira Hejira, sans dissimuler sa fierté d’avoir pu réunir le privé et le public pour un partenariat novateur. “Aujourd’hui, l’essentiel de la tâche des pouvoirs publics est fait. Le secteur privé est tenu de confirmer qu’il est capable de relever le défi”, précise le ministre.
A l’occasion de la cérémonie de signature, le Premier ministre a rappelé que le gouvernement était en train de matérialiser une étape avancée de son programme d’action contenu dans la déclaration de politique générale. Jettou a laissé la porte ouverte. L’opération n’est pas encore terminée puisqu’il reste encore une deuxième tranche de 500 ha. “Il y a de la place pour tous les promoteurs du Maroc”, avait dit, en substance, Jettou. Les candidats doivent répondre aux appels à manifestation. Donc pas d’entente directe, à l’exception de méga-projets qui doivent être négociés directement avec le Premier ministre, selon un cahier des charges.
Cependant, il a sensibilisé les patrons présents sur la qualité, la sécurité et l’utilisation des technologies dans la construction.
Dans ce nouveau chantier, le secteur privé est associé à trois opérateurs publics que sont l’Erac Tensift, la Holding Al Omrane et la CGI, filiale de la CDG, spécialisée dans la construction. Parmi ces quinze promoteurs, on peut citer le groupe Jamai de Rachid Jamai, Sotravo de Abderrahim Lahjouji, ancien président de la CGEM et actuel patron du parti Forces citoyennes, Dar Saada de Abdelali Berrada, Soukaina de Hassan El Kouhen, le groupe Holmarcom de Hassan Bensalah et General Contractor de Benjamin Chetrit. A voir la liste des opérateurs signataires des conventions, le lecteur est étonné de voir le nom de certains patrons qui n’ont pas d’expérience dans le domaine comme Bensalah ou Berrada.
L’explication est fournie par Hejira : l’idée est d’inciter certains grands groupes à aller vers la promotion immobilière. L’objectif est d’augmenter la capacité de production de logements du secteur privé. Actuellement, la promotion immobilière organisée se limite à 4 ou 5 groupes. L’autre originalité de cette formule est de voir le secteur privé prendre en charge la réalisation des équipements publics. Là aussi, c’est une première.
Mohamed Chaoui - L’Economiste
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