« Il n’y a plus de rythme dans les ventes, la demande est gelée », fait observer Karim Librahimi, directeur de l’agence Le Point de Vente à Rabat, cité par le magazine Challenge. Selon lui, la baisse des transactions de 30 % est due principalement à une inadéquation entre l’offre et la demande. Aussi, la disponibilité du foncier pose-t-elle problème. « On construit là où on a du foncier disponible, pas là où les gens veulent habiter », indique-t-il, soulignant que la rareté et la cherté du foncier en centre-ville pousse les promoteurs à se rabattre sur les périphéries.
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Le durcissement des conditions de financement est aussi une cause de cette crise, explique l’expert qui note que la hausse des taux d’intérêt réduit les capacités d’emprunt des particuliers, tandis que les promoteurs se voient quant à eux contraints de préfinancer leurs projets. « Cela bloque les mises en chantier et renchérit les prix », affirme Librahimi, évoquant par ailleurs les lenteurs bureaucratiques en ce qui concerne la délivrance des permis de construire, des autorisations techniques ou des enregistrements notariaux, ce qui vient aggraver la crise.
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L’expert relève en outre l’absence d’un cadre juridique clair en matière de Vente en l’état futur d’achèvement (VEFA), des résidences touristiques ou des taxes communales. « La complexité des règles dissuade les petits promoteurs et les investisseurs institutionnels », ajoute-t-il. Cette situation affecte tous les acteurs : agences immobilières, promoteurs, notaires… « Même les grands groupes sont à l’arrêt », assure Librahimi. Les citoyens, eux, éprouvent des difficultés à acquérir ou à louer un bien immobilier.
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Comme solutions à cette crise, Librahimi recommande la création d’un guichet unique digitalisé pour accélérer les procédures, l’instauration d’un contrat-type pour la VEFA avec garantie, la mise en place d’un observatoire national des prix afin de renforcer la transparence, ainsi que d’un crédit immobilier pour les classes moyennes, encadré et garanti par l’État. « Il faut refonder le secteur », déclare Librahimi, appelant à simplifier l’administration, adapter la réglementation et mieux orienter la production immobilière en fonction des besoins réels.