Hausse du carburant, le "cadeau" de l’été

3 juillet 2008 - 10h07 - Economie - Ecrit par : L.A

Comme nous l’avon annoncé hier, le gouvernement El Fassi a finalement franchi le pas. Après des mois d’hésitations et à la veille des vacances, le « cadeau » du gouvernement passe mal. La hausse des prix du carburant, effective depuis le 1er juillet, était en fait inévitable compte tenu du cours du baril à l’international et du poids de la subvention (voir illustration). Pourtant, pour de nombreux analystes, cette augmentation est « inopportune » puisque, vers fin 2008, l’arrivée de 2 nouveaux carburants (50 PPM et sans plomb) impose une nouvelle structure des prix. Aujourd’hui, la décision est là. « Elle est certes douloureuse, mais elle se justifie par le cours du baril à l’international. Hier, encore, l’or noir flirtait avec les 144 dollars/baril », souligne-t-on à la Fédération de l’énergie.

Principaux produits touchés par la hausse : l’essence super sans plomb, le gasoil 350 et le fuel industriel. Ainsi, depuis hier, le prix de vente à la pompe du super passe de 10,25 DH à 11,25 DH le litre. Le gasoil 350 PPM est désormais vendu à 10,13 DH le litre contre 9,13 DH. Mais la hausse la plus importante est celle qui a touché le fuel. Ce produit industriel coûte désormais 3.374 DH la tonne contre 2.874 DH, soit une hausse de 500 DH la tonne.

Quant aux gasoil normal et gaz butane, leurs prix sont restés inchangés et ce, malgré le renchérissement continu des hydrocarbures.

Au ministère délégué chargé des Affaires économiques et générales, l’on redoute qu’une hausse sur ces produits en particulier (gaz et gasoil normal) ait un impact sur le pouvoir d’achat des ménages et des conséquences sur le climat social. « Si les prix sont restés inchangés pour le gasoil normal et le butane, c’est parce que ces produits sont largement utilisés dans le transport et par les ménages », est-il indiqué.

A noter qu’à eux seuls, ces deux produits absorbent plus de 80% de la subvention globale. Ils représentent plus de 76% de la consommation nationale en produits pétroliers (voir illustration). « Mais, jusqu’à quand va-t-on encore hésiter à revoir à la hausse le prix du butane ? », s’interroge un pétrolier. Pour ce dernier, tant que ce produit est encore considéré comme étant hautement sensible et politisé, la situation ne changera pas.

Par ailleurs, les réactions des professionnels sont mitigées. « Cette hausse n’est pas significative et elle ne va pas générer grand-chose tant qu’elle n’est pas généralisée à tous les produits », estime un opérateur.

En même temps, d’aucuns estiment qu’il faut voir aussi le verre à moitié plein. « La révision des tarifs est un bon début, mais ce sont des marges à petites doses », estime le président de la Fédération de l’énergie, My Abdellah Alaoui. Selon ce dernier, « la meilleure économie d’énergie possible se fait d’abord à travers l’augmentation des prix ». Autrement dit, tant que le consommateur ne met pas la main à la poche, il n’apprécie pas à sa juste valeur la flambée des prix des produits pétroliers à l’international.

C’est dire que la révision des prix à la hausse revêt parfois un caractère pédagogique en termes de sensibilisation à l’économie d’énergie et à la rationalisation de la consommation.

« Mais encore faut-il que les nouveaux tarifs soient insérés dans une stratégie globale menée par les pouvoirs publics », ajoute le président de la Fédération de l’énergie. Car, à l’international, tous les indicateurs annoncent une tendance des prix du baril inscrite à la hausse. A la Fédération, l’on n’écarte pas le scénario d’un baril à 150, voire 200 dollars, dans les semaines et mois à venir.

Dans le même temps, le recours aux subventions de la Caisse de compensation est toujours d’actualité et soulève de nombreuses questions. Au 1er juillet, le prix réel de la bonbonne de gaz de 12 kg est de 108,62 DH alors que le prix public est de 40 DH, soit une subvention de 68,62 DH l’unité (170,5% du prix réel). Quant à la petite bonbonne de 3 kg, elle est subventionnée à hauteur de 178%. Son prix réel est de 27,8 DH, alors que le consommateur ne paie que 10 DH l’unité.

Autre produit fortement subventionné, le fuel industriel. Le prix réel du fuel est de 4.268,47 la tonne. Jusqu’au 30 juin, les industriels s’acquittaient de 2.874 la tonne. Le fuel restera ainsi subventionné à hauteur de 2.116 DH la tonne ! Face à cette situation et au poids de la subvention, certains professionnels appellent à la vérité des prix et à un meilleur ciblage.

Source : L’Economiste - Amin Rboub

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