La rayonnante image du Royaume en France

3 juin 2007 - 00h00 - France - Ecrit par : L.A

Après les avoir longtemps exaspérés, le Maroc séduit crescendo les Français. Beaucoup rêvent aujourd’hui d’y posséder un pied-à-terre ou même une résidence principale. Les médias ne l’évoquent plus pour pointer des manquements aux droits humains. Ni pour faire allusion aux tripatouillages des urnes. Tout au plus des reportages sur le tourisme sexuel ou les travers d’une réussite que personne ne peut aujourd’hui nier. Reportage à Paris.

Eric Raoult, député-maire du Raincy et ancien ministre, ne rate aucune occasion pour vanter la réussite marocaine. Ce familier du « Méridien » de Marrakech sait de quoi il parle. Il connaît le Royaume depuis les années 80. « À chacune de mes virées au Maroc, je suis frappé par la vitalité de ce peuple. L’impulsion donnée aux affaires et au social est inédite dans le monde arabe. Je suis conquis par le dynamisme socioéconomique et le souffle de rénovation démocratique déployés par le Royaume », assure-t-il.

Raoult n’est pas le seul à vanter la marche marocaine vers la modernité et la démocratie. Des personnalités appartenant à l’ensemble de l’arc politique français rivalisent en éloges face à l’« exemple marocain ». A sciences Po, Dominique Strauss-Kahn est allé jusqu’à appeler à faire du Maroc le « prototype maghrébin » devant servir à la construction de l’espace euro-méditerranéen. Robert Pandraud parla d’une « alliance stratégique » avec cette « nation laborieuse ». Mais au-delà des élites politiques, la population française semble subjuguée par le combat frontal engagé par le Royaume contre le sous-développement humain sous toutes ses formes. En témoignent les milliers de partenariats tissés entre les sociétés civiles des deux pays et ceux qui ont trait à la coopération décentralisée.

Aucune commune française ne rechigne aujourd’hui à s’engager dans une coopération ciblée avec une homologue marocaine. « L’initiative nationale de développement humain (INDH) initiée par le Roi, constitue l’exemple même de ce que devraient entreprendre les nations sud-méditerranéennes. Par son ouverture sur les énergies endogènes et exogènes, une telle approche nous aide à mieux vous aider. Elle constitue l’outil qui fait défaut à nombre de pays du sud dont les aspirations à la modernité peinent à trouver l’ancrage méthodologique adéquat », affirme Françoise Dubois, chercheur au CNRS. Au chapitre du développement humain, des institutions françaises du calibre de la Caisse de dépôt et de consignations (CDC) se déclarent prêtes à s’engager dans des partenariats sur des projets concrets, avec l’ensemble des acteurs marocains.

D’ailleurs, le directeur de la Coopération internationale de la CDC, n’est autre que M. Tanjaoui, un Marocain d’origine. A Bouskoura, Rabat, Tanger et tant d’autres villes, la CDC est engagée dans des projets concrets, qui vont de la création de zones industrielles jusqu’au traitement des déchets. La Caisse française de développement (CFD) est impliquée dans des dizaines de tours de tables similaires. C’est dire la crédibilité dont jouit le Royaume aujourd’hui auprès des institutions économiques françaises les plus prestigieuses.

Léthargie algérienne

Un indice de taille renseigne sur l’impact en France du développement marocain  : les agences immobilières françaises affichent aujourd’hui sur leurs vitrines, des offres de logements situés au Nord, à l’Est, à l’Ouest et au Sud du Royaume. Combien de Français sont-ils à avoir acquis une villa, un appartement, un riad ou un terrain de plusieurs hectares dans notre pays ? Probablement des milliers.

L’image du Royaume qui était profondément dégradée durant la décennie 90 a littéralement changé. Cette image est aujourd’hui irrévocablement liée à celle du Roi Mohammed VI. « Ce que je retiens le plus, c’est le volontarisme et le sens de la proximité du nouveau Roi. Cet homme ne s’arrête jamais. Il est partout où sévit la pauvreté et le mal-vivre. Ce qui le distingue de ses pairs arabes, c’est d’abord le fait qu’il semble avoir fixé ses priorités. Le combat pour le développement social par l’économique, semble précéder dans son esprit la parade diplomatique ou l’ingénierie politicienne. Il a choisi de relever l’indice de développement humain, tout en humanisant la pratique politique dans son pays », nous déclare Didier N., ancien conseiller de Chirac, aujourd’hui converti précisément dans l’investissement immobilier au Maroc.

Dans toutes les rédactions parisiennes, l’exemple marocain est souvent opposé à la léthargie algérienne, où les 76 milliards de $ engrangés l’année dernière à la faveur du boom gazier et pétrolier, ne purent transpercer la sclérose socioéconomique chronique du pays. Ni le dynamisme de la population, ni les structures d’accueil de l’investissement, ne sont au rendez-vous. Une bonne partie de la manne gazière fut alors affectée au surarmement. Le reste fut dilapidé entre les poches boulimiques des généraux. Le solde fut affecté à la liquidation de la dette. S’armer juste parce qu’on ne sait quoi faire avec tant de milliards ! « Bien sûr que l’Europe ne peut laisser s’allumer un foyer de guerre à ses portes.

Les Américains eux-mêmes, même s’ils prônent « le chaos avant l’ordre », ne peuvent mettre en péril la sécurité collective des Européens en favorisant l’appétit revanchard des généraux d’Alger. La chance du Maroc, c’est aujourd’hui l’extrême fragilité institutionnelle, économique et sociale du régime algérien. Les velléités hégémoniques de Bouteflika ont trouvé face à elles un monde qui a irrévocablement enterré la bipolarité idéologique », nous déclare Hassan Mottaki, professeur des relations internationales à l’Institut des Hautes Etudes. D’ailleurs, l’image du Maroc semble davantage lustrée comparativement à celle d’une Algérie qui peine à émerger comme une nation apaisée. Autant les attentats criminels survenus au Maroc purent procurer un maximum de compassion au bénéfice du Maroc, autant les crimes sanglants qui frappèrent le voisin oriental ont rajouté à la suspicion de l’opinion française, quant à la capacité de l’Algérie à se relever d’un cauchemar qui n’a que trop duré.

D’ailleurs, même les Algériens de France semblent avoir vaincu leurs derniers bémols pour reconnaître la justesse des choix marocains en matière de développement économique et humain. Face aux Marocains, le « nif » hypertrophié de nos cousins semble revenir peu à peu à ses justes dimensions. « Seigneur ! Faites que nous puissions rejoindre au plus vite le chemin de la paix et de la prospérité emprunté par nos frères Marocains  ! », dira Omar S. le tenancier kabyle du PMU de la gare dont le frère est installé depuis belle lurette à Marrakech.

Gazette du Maroc - Abdessamad Mouhieddine

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