Investissements Arabes : Le Maroc, triple champion régional

11 juin 2007 - 12h40 - Economie - Ecrit par : L.A

Désormais, il ne se trouvera que des Cassandre déboutés par la force des nouvelles réalités, pour continuer à sangloter dans les chaumières. Surtout, que les intentions d’affaires repartent de plus belle dans un chassé-croisé « infernal » des pétrodollars, en provenance des richissimes pays du Golfe arabe, qui ont jeté leur dévolu sur le Maroc de la nouvelle ère, rapidement devenu « Champion maghrébin des IDE arabes ». La dynamique des investissements arabes est fortement symbolisée par l’installation d’Al Qudra Al Quabida à Rabat.

L’aubaine est vraiment exceptionnelle, pour ne pas mériter un détour appuyé. Le « dragon » arabe d’Afrique, dont la coopération Sud-Sud est érigée en cas d’école, et où l’INDH s’est imposé comme un chantier modèle, de plus en plus revendiqué par de nombreuses nations en voie de développement, n’en finit pas de rafler les mises. Jugez-en vous-mêmes : premier pays méditerranéen destinataire des Fonds MEDA, au titre de la coopération avec le bloc communautaire, première destination des IDE (Investissements directs étrangers) dans la région MENA, (Moyen-Orient et Afrique du Nord), le Maroc est aussi, désormais, la destination préférée des investissements en provenance du Golfe arabe. Emiratis, Saoudiens, Koweïtiens, Qataris et Bahreïnis, défilent en ordre accéléré, pour investir les créneaux les plus diversifiés, intéressant les secteurs de la promotion immobilière, la construction des infrastructures touristiques, l’industrie, les autoroutes, les chemins de fer, les routes, l’alimentation en eau potable et en énergie électrique du monde rural, les grands ouvrages hydrauliques, les banques et le marché financier, les transports publics, l’aménagement urbain et balnéaire... Ce qui fait du Royaume, un « triple champion » régional en attractivité de capitaux durables et en opportunités réelles d’affaires.

Et comme il faut rendre à César ce qui lui appartient, l’opinion publique occidentale, longtemps « dévoyée » par le tapage exagéré orchestré autour des « aides » au compte-gouttes des grandes démocraties des Vieux et Nouveaux continents à l’égard du Royaume, hormis la France et l’Espagne bien sûr, alliés stratégiques et premiers partenaires économiques du Maroc, s’est finalement rangée à la prépondérance qu’occupe les IDE arabes dans la région.

Mieux encore, ils sont unanimes à reconnaître que « Les Pays du Golfe, sont les premiers investisseurs dans la région du Maghreb ». Ainsi, au tableau des revenus extérieurs du Royaume, toutes nationalités confondues, le Maroc est le leader régional incontesté, avec un total de près de 3 milliards de dollars (chiffres de la CNUCED 2005), concrétisant près du triple des IDE à destination de l’Algérie, avec seulement 782 millions de dollars en direction de la Tunisie. Tandis que les recettes algériennes de tourisme s’effondrent complètement en totalisant, dans la même période, moins de 180 millions de dollars, contre plus de 4,6 milliards de dollars au Maroc, pesant plus du double de la Tunisie (2 milliards de dollars). Toujours au chapitre des IDE, la part de l’Europe a cédé la pole position aux investissements en provenance des pays du Golfe, totalisant, en 2006, 64,2% sur le total des capitaux drainés à destination du Maroc, contre 29,6% au Vieux continent, au moment où l’Amérique du Nord reste l’enfant pauvre avec 3,3%. Il n’y a rien de surprenant, face à cette dernière indication, étant donné que les Etats-Unis ont brusquement rompu avec une approche bilatérale, au profit de la seule question sécuritaire, qui continue de faire des vagues chez nous, après les derniers attentats des kamikazes casablancais.
Mais c’est une réalité plus que tangible, que la nouvelle dynamique des investissements arabes joue dans le Royaume depuis quelques années.

Rappelons les gros contrats initiés par Al Qudra Holding d’Abou Dhabi, pour un montant de 2 milliards de dollars en projets immobiliers et un portefeuille disponible à terme, de 18 milliards de dollars, englobant plusieurs secteurs d’activité économique. Il y a, aussi, Dubaï Holding qui a injecté, par sa filiale Sama Dubaï, près de 2 milliards de dollars dans l’aménagement de la Vallée du Bouregreg. Emaar Properties est récemment entrée dans le méga-projet d’aménagement de la corniche atlantique de Rabat, mobilisant plus de 1,5 milliard de dollars, ainsi que l’installation d’une station de sports d’hiver à Oukaïmeden, pour 1 milliard de dollars.

Ce n’est pas tout, car l’exploitation de la zone franche, attenante au nouveau complexe portuaire de Tanger-Med, est confiée à Jebel Ali Free zone, au moment où un nouvel opérateur émirati, a remporté le contrat de construction d’une seconde raffinerie à Jorf Lasfar. Les koweïtiens sont surtout entreprenants à travers leur Fonds KFAED, qui multiplie les engagements financiers et bancaires, dans la réalisation de grands ouvrages d’infrastructures. Les Qataris suivent la procession des investissements arabes au Maroc, en signant des marchés structurants dans la promotion immobilière, comme ce fut de nouveau le cas jeudi dernier. Les Bahreïnis tentent, avec pas moins de mérite, de faire aussi bien.

Gazette du Maroc - Benhamed Mohammadi

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Investissement - Classement

Ces articles devraient vous intéresser :

Investissement privé au Maroc : la banque mondiale sonne l’alarme

L’investissement privé est en chute libre au Maroc. C’est du moins ce que révèle la banque mondiale dans son nouveau rapport de suivi de l’économie marocaine.

MRE : le Maroc passe à côté d’une manne touristique colossale

Le Maroc ne sait pas profiter des Marocains résidant à l’étranger (MRE) alors qu’ils boostent l’économie marocaine et contribuent fortement à l’essor du tourisme grâce à leurs transferts de fonds, investissements directs et à leur retour régulier au...

L’ONCF séduit les investisseurs et prépare l’avenir du rail au Maroc

Le plan d’expansion ferroviaire séduit les investisseurs qui sont prêts à financer les projets marocains. En témoigne la réussite par l’Office national des Chemins de fer (ONCF) d’une levée de fonds.

Immobilier au Maroc : des changements pour le transfert de propriété

Au Maroc, le transfert de propriété ne se fera plus comme avant, la loi de finances 2025 ayant revisité les conditions applicables à l’inscription des actes et conventions à l’Agence Nationale de la Conservation Foncière, du Cadastre et de la...

Les transferts des MRE mal utilisés ?

Les transferts de fonds des Marocains de la diaspora contribuent à la stabilité macroéconomique du Maroc, relève une récente note d’orientation publiée par le Bureau sous-régional pour l’Afrique du Nord de la Commission économique des Nations Unies...

Une feuille de route ambitieuse pour le tourisme marocain

Le Maroc va investir cette année 8 milliards de dirhams dans l’hébergement touristique, ce qui lui permettrait de disposer de 7 700 lits supplémentaires, a déclaré lundi Fatim Zahra-Ammor, la ministre du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Économie...

Maroc : ces investisseurs étrangers piégés

Au Maroc, plusieurs investisseurs étrangers ont engagé des ressources importantes dans certains secteurs comme l’agriculture, l’immobilier, la restauration, sans une étude préalable. Conséquence, ils ont enregistré des pertes colossales du fait de la...

L’investissement public marocain marque une année record

L’investissement public au Maroc a atteint un niveau record de 300 milliards de dirhams en 2023, ce qui représente une augmentation de 22,4 % par rapport à 2022 et de 53,9 % par rapport à 2019, révèle le Conseil de la concurrence dans un récent rapport.

Des centaines de milliards de dirhams pour transformer le Maroc

Le Maroc accélère la transformation de ses infrastructures dans la perspective de la Coupe d’Afrique des nations 2025 et de la Coupe du monde 2030. Des investissements importants sont mobilisés pour soutenir les projets d’envergure en cours et à venir.

Le Maroc déroule le tapis rouge aux investisseurs MRE

Karim Zidane, le ministre délégué chargé de l’Investissement, a annoncé la décision du gouvernement de créer une cellule dédiée aux Marocains résidant à l’étranger (MRE) qui souhaitent investir dans leur pays d’origine.